Eugène Scribe
La dame blanche
Opéra-comique en trois actes

Eugène Scribe
La dame blanche
Opéra-comique en trois actes

Personnages

[121] Personnages


Gaveston, ancien intendant des comtes d'Avenel


Anna, sa pupille


Georges, jeune officier anglais


Dikson, fermier des comtes d'Avenel


Jenny, sa femme


Marguerite, ancienne domestique des comtes d'Avenel


Gabriel, valet de ferme de Dikson


Mac-Irton, juge de paix du canton


Paysans, etc.

Acte premier

Scène première
Scène première.
Introduction.
Paysans Écossais, Hommes et Femmes; La Marraine, le bouquet au côté.

CHŒUR.
Sonnez, cornemuse et musette!
Les montagnards sont réunis;
Car un baptême est une fête
Pour des parents, pour des amis.
Scène II
Scène II.
Les Précédents; Dikson, Jenny, sortant de la porte à droite.

PREMIER PAYSAN,
allant à lui.
Eh bien, cousin, quelle nouvelle?
DIKSON.
Ah! mes amis, mes bons amis,
Partagez ma douleur mortelle:
On ne peut baptiser mon fils!
[121]
PREMIER PAYSAN.
Et pourquoi donc?
DIKSON, montrant Jenny.
Ma femme et moi
En perdrons la tête, je croi:
Voilà, par un revers soudain,
Que nous nous trouvons sans parrain.
TOUS.
Point de parrain!
DIKSON.
J'en avais un du plus haut grade,
Car c'était monsieur le shérif;
Mais voilà qu'il tombe malade,
Et juste au moment décisif.
TOUS.
Comment remplacer un shérif?
JENNY.
Je veux un parrain d'importance,
Qui porte bonheur à mon fils.
DIKSON.
Mais, je le vois, l'heure s'avance;
N'y pensons plus, mes bons amis!
Scène III
Scène III.
Les Précédents; Georges, paraissant sur le haut de la montagne.
Il est en vêtement très simple, et porte sur son épaule un petit paquet attaché au pommeau de son épée.

TOUS.
Eh! mais quel est cet étranger?
GEORGES, qui a descendu la montagne et qui entre en scène.
Chez vous, mes bons amis, ne puis-je pas loger?

Tirant sa bourse et la lui présentant.

Tenez, car la faim m'aiguillonne.
DIKSON.
Chez les montagnards écossais
L'hospitalité se donne,
Elle ne se vend jamais.
Votre état?
GEORGES.
J'ai servi dès ma plus tendre enfance,
Et je suis officier du roi.
[122]
DIKSON.
Ce titre-là suffit, je pense;
Soyez le bienvenu chez moi.

Tout le monde s'empresse autour de lui; on le débarrasse de ses armes et de son bagage, pendant la ritournelle de l'air suivant.
GEORGES.

Air.

Ah! quel plaisir d'être soldat!
On sert par sa vaillance
Et son prince et l'État;
Et gaîment on s'élance
De l'amour au combat.
Ah! quel plaisir d'être soldat!
Sitôt que la trompette sonne,
Sitôt qu'on entend les tambours,
Il court dans les champs de Bellone,
En riant, exposer ses jours.
Écoutez ces cris de victoire,
De la gaîté c'est le signal:
»Amis, buvons à notre gloire;
Buvons à notre général!«
Ah! quel plaisir d'être soldat! etc.
Quand la paix, prix de son courage,
Le ramène dans son village,
Pour lui quel spectacle nouveau!
Chacun et l'entoure et l'embrasse:
»C'est lui, c'est l'honneur du hameau!«
La beauté sourit avec grâce;
Le vieillard même, quand il passe,
Porte la main à son chapeau.
Et sa mère, est-elle heureuse!

Regardant autour de lui.

Mais j'avais une amoureuse:

Souriant.

Où donc est-elle? j'entends,
Je comprends.

Soupirant et reprenant gaiement.

Ah! quel plaisir d'être soldat!
On sert par sa vaillance
Et son prince et l'État;
Et gaîment on s'élance
De l'amour au combat.
Ah! quel plaisir d'être soldat!
[123]
JENNY, bas, à Dikson.
Quel aimable et gai caractère!
C'est le parrain qu'il nous faudrait.
DIKSON, de même, à Jenny.
Y penses-tu? c'est indiscret.
JENNY.
Ne crains rien, et laisse-moi faire.

S'approchant de Georges.
Couplets.
Premier Couplet.

Du ciel pour nous la bonté favorable
Nous donne un fils, espoir de notre hymen;
Et pour qu'il soit aussi brave qu'aimable,
Nous vous prions d'en être le parrain.
GEORGES.

Deuxième Couplet.

Puissé-je un jour, pour acquitter ma dette.
De votre fils embellir le destin!
Mais en voyant tant d'attraits, je regrette
De ne pouvoir être que son parrain.
DIKSON, avec joie.
Vous acceptez: ah! quel bonheur!

A Jenny.

Cours prévenir notre pasteur.

Aux montagnards.

Veillez au repas, je vous prie?
Car avant la cérémonie
Nous avons toujours le festin.
GEORGES.
Moi, d'avance je m'y convie;
Vous me verrez le verre en main!
DIKSON.
Grand Dieu! quel aimable parrain.
REPRISE DU PREMIER CHŒUR.
Sonnez, cornemuse et musette!
Les montagnards sont réunis:
Car un baptême est une fête
Pour des parents, pour des amis.

Jenny sort par le fond; plusieurs montagnards la suivent, ou rentrent dans l'intérieur de la ferme.

[124]
Scène IV
Scène IV.
Georges, Dikson.

GEORGES.

Voilà donc qui est convenu! je reste ici! je suis de la famille! mais je ne me serais pas attendu ce matin à la nouvelle dignité qui m'arrive.

DIKSON.
Peut-être que cela vous contrarie?
GEORGES.

En aucune façon! Que veux-tu que fasse un officier en congé? autant qu'il soit parrain qu'autre chose; ça utilise ses moments; c'est encore un service indirect qu'il rend à l'État.

DIKSON.

C'est toujours bien de l'honneur que vous faites à un simple fermier; d'autant qu'à la naissance d'un enfant il y a toujours, comme disaient nos pères, de malignes influences qui le menacent ... ici surtout!

GEORGES.
Vraiment!
DIKSON.

Oui, le pays est mauvais. Mais je suis de l'avis de ma femme, vous nous porterez bonheur! A propos de cela, mon officier, vous ne m'avez pas dit votre nom?

GEORGES.

C'est juste: avant de donner un nom à ton fils, il faut que je te dise le mien; on m'appelle Georges.

DIKSON.
Georges!
GEORGES.
Oui, voilà tout.
DIKSON.

Georges: ce n'est là qu'un nom de baptême.

GEORGES, souriant. Eh bien! aujourd'hui c'est ce qu'il te faut, tu n'en as pas besoin d'autre. Georges Brown, si tu veux? Du reste, je serais bien embarrassé d'en dire davantage: excepté quelques souvenirs vagues et confus, ma mémoire ne me retrace rien de mon enfance ni de ma famille. J'ai quelques idées de grands domestiques en habits galonnés qui me portaient dans leurs bras; d'une jolie petite fille avec laquelle j'étais élevé ... d'une [125] vieille femme qui me chantait des chansons écossaises. Mais tout à coup, et j'ignore comment, je me suis vu transporté à bord d'un vaisseau, sous les ordres d'un nommé Duncan, un contre-maître qui se disait mon oncle, et que je n'oublierai jamais, car il m'apprenait rudement le service maritime! Au bout de quelques années d'esclavage et de mauvais traitements, je parvins à m'échapper, et je débarquai sans un schelling dans ma poche.

DIKSON.
Pauvre jeune homme!
GEORGES.

Je n'étais pas à plaindre; j'étais libre, j'étais mon maître. Je me fis soldat du roi Georges. En avant, marche! le sac sur le dos! Depuis ce moment-là je suis le plus heureux des hommes; tout m'a réussi; il semble que la fortune me conduise par la main. D'abord, à ma première affaire, j'avais seize ans: me souvenant encore de mon état de matelot, je jette là mon fusil, je grimpe à une redoute, j'y entre le premier, et mon colonel m'embrasse en présence de tout le régiment. Mon brave colonel! ce fut pour moi un père, un ami! il me prit en affection, s'occupa de mon éducation, de mon avancement. Il y a six mois, dans le Hanovre, je venais d'être nommé sous-lieutenant, lorsque je me trouvai à côté de lui, en face d'une batterie! »Georges! me criait-il, va-t'en!« et il voulait se mettre devant moi. Tu te doutes bien que je me suis élancé au-devant du coup, mais en vain! nous tombâmes tous les deux, et lui pour ne jamais se relever!

DIKSON.
Il est mort!
GEORGES.

Oui, au champ d'honneur! de la mort des braves! Otant son chapeau. Puisse-t-il prier là- haut pour qu'il m'en arrive autant! Quand je revins à moi, je me trouvai dans une chaumière qui m'était inconnue, et je vis tout à coup apparaître une jeune fille, à qui sans doute je devais la vie, et qui chaque jour venait me prodiguer des soins. C'était la physionomie la plus douce et la plus touchante! Il m'était défendu de parler, et je ne pouvais lui témoigner que par des gestes et ma reconnaissance et le désir que j'avais de connaître ma bienfaitrice. »Plus tard, me disait-elle, quand vous irez mieux!« Maisun jour je l'attendais à l'heure accoutumée, elle ne vint plus; et [126] cependant la veille, en me quittant, elle m'avait dit: »A demain!« Aussi, dans mon inquiétude, dans mon impatience, je me hâtai d'abandonner la chaumière; j'en sortis tout à fait guéri, mais amoureux comme un fou; et depuis, malgré mes soins et mes recherches, impossible de découvrir les traces de ma belle inconnue!

DIKSON.
C'était peut-être votre bon ange, quelque démon familier, comme il y en a tant dans le pays.
GEORGES.

Vraiment, je vous reconnais là, vous autres Écossais. Mais, en revanche, j'ai trouvé à Londres une ancienne connaissance, mon ami Duncan, qui est, je crois, mon mauvais génie; il a paru stupéfait en m'apercevant avec mon nouveau grade. J'avais bien envie, malgré notre parenté, de lui rendre tout ce que j'avais reçu de lui; mais il était vieux et souffrant, et n'a pas, je crois, longtemps à vivre; j'ai partagé ma bourse avec lui, et ne lui demande rien, pas même son héritage.

DIKSON.
C'est très-bien; ça vous portera bonheur.
GEORGES.
C'est justement ce qu'il m'a dit en me quittant.
Scène V
Scène V.
Les précédents; Jenny.
Morceau d'Ensemble.

DIKSON.
Mais que veut notre ménagère?
JENNY.
Ah! Monsieur, je ne sais comment vous faire part ...
DIKSON.
Qu'est-ce donc?
JENNY.
Le baptême, hélas! ne peut se faire
Que ce soir et très-tard;
Et Monsieur, qu'on attend sans doute,
Veut partir promptement?
GEORGES.
Je ne vais nulle part:
Rien ne me presse, et je m'arrête eu route
Où je vois des amis.
[127]
JENNY.
Dans nos humbles foyers
Vous resterez donc?
GEORGES.
Volontiers.
JENNY.
Jusqu'à demain?
GEORGES.
Volontiers.
DIKSON.
Et vous souperez?
GEORGES.
Volontiers,
Volontiers, mes bons amis.
JENNY.
Ah! c'est charmant; il est toujours de notre avis.
DIKSON.
Allons! femme, fais-nous servir.
GEORGES.
Les braves gens!
DIKSON.
Touchez-là; quel plaisir!
Il faut rire, il faut boire
A l'hospitalité!
GEORGES.
A l'amour, à la gloire,
Ainsi qu'à la beauté!

Pendant ce chœur, plusieurs convives sont entrés, et l'on a apporté la table.
DIKSON.
Ici, monsieur le militaire,
A la place d'honneur.
GEORGES.
Près de ma gentille commère,
Ah! pour moi quel bonheur!

Ensemble.

Il faut rire, il faut boire
A l'hospitalité, etc.

Ils sont tous assis et mangent.

GEORGES, assis. Dites-moi, mon cher hôte, pour un voyageur, qu'y a-t-il de curieux à voir dans le pays?

[128]
DIKSON.
Il y a d'abord le château d'Avenel; un édifice magnifique! dont on voit d'ici le clocher.
JENNY.

Le nouveau château est fermé, et l'on ne peut pas y entrer; mais il y a l'ancien, dont les ruines et les souterrains sont superbes: aussi, tous les peintres vont le visiter!

GEORGES.
Nous irons demain, n'est-il pas vrai? vous m'y conduirez.
DIKSON.

Vous venez dans un mauvais moment. Ordinairement le château n'est habité que par une vieille concierge attachée aux anciens propriétaires; mais hier l'intendant Gaveston y est arrivé, et l'on dit qu'il ne repartira qu'après la vente.

GEORGES.
Que dites-vous? on vend cette belle propriété?
DIKSON.

Oui, sans doute! elle appartenait aux anciens comtes d'Avenel, des braves gens que tout le monde chérit encore dans le pays; mais ils étaient du parti des Stuarts, et après la bataille de Culloden, le comte d'Avenel, qui avait été proscrit, s'est réfugié avec une partie de sa famille en France, où l'on prétend qu'il est mort.

JENNY.

Or, pendant ce temps, ce M. Gaveston a embrouillé les affaires du comte, dont il était l'intendant, si bien que pour payer les créanciers on va vendre ce beau domaine.

DIKSON.

Bien plus, on dit que Gaveston, qui s'est enrichi, veut lui-même se rendre acquéreur du château, et, par ainsi, devenir comte d'Avenel ... Je vous le demande ... un coquin d'intendant qui se trouverait être notre seigneur ... Non, morbleu, nous ne le souffrirons pas ...

JENNY.

Sois tranquille, il lui arrivera malheur; car hier au soir, Gabriel, notre garçon de ferme, a vu la dame blanche d'Avenel qui se promenait sur les créneaux et sur les ruines.

DIKSON.
An! mon Dieu! en es-tu bien sûre?
[129]
JENNY.
Il l'a vue comme je te vois.
GEORGES.
La dame blanche d'Avenel! qu'est-ce que c'est? je serais enchanté de faire sa connaissance!
DIKSON.
Y pensez-vous?
GEORGES.
Pourquoi pas? si c'est une jolie femme!
DIKSON.
Depuis trois ou quatre cents ans c'est la protectrice de la maison d'Avenel!
JENNY.

Quand il doit arriver à cette famille quelque événement heureux ou malheureux, on est sûr qu'elle apparaîtra. On la voit errer sur le haut des tourelles, en longs vêtements blancs, et tenant à la main une harpe qui rend des sons célestes; et puis, comme dit la ballade ...

GEORGES.
Ah! il y a une ballade?
DIKSON.

Et une fameuse! qu'on chante dans le pays, mais quand on est plusieurs réunis, parce que sans cela ça fait trop peur! ... Ma femme la sait.

GEORGES.

Eh bien! Jenny, chantez-nous-là. Il me semble que nous pouvons l'entendre; Montrant tous les convives. nous sommes en force.


Couplets.
JENNY.

Premier Couplet.

D'ici voyez ce beau domaine,
Dont les créneaux touchent le ciel!
Une invisible châtelaine
Veille en tous temps sur ce castel.
Chevalier félon et méchant
Qui tramez complot malfaisant,
Prenez garde!
La dame blanche vous regarde,
La dame blanche vous entend.

[130] Deuxième Couplet.

Sous ces voùtes, sous ces tourelles,
Pour éviter les feux du jour,
Parfois gentilles pastourelles
Redisent doux propos d'amour.
Vous qui parlez si tendrement,
Jeune fillette, jeune amant,
Prenez garde!
La dame blanche vous regarde,
La dame blanche vous entend.

Troisième Couplet.

En tous lieux protégeant les belles,
Et de son sexe ayant pitié,

Regardant Dikson.

Quand les maris sont infidèles,
Elle en avertit leur moitié.
Volage époux, cœur inconstant,
Qui trahissez votre serment,
Prenez garde!
La dame blanche vous regarde,
La dame blanche vous entend.
GEORGES.
Grand merci, ma belle enfant
Votre conte est charmant.
TOUS, effrayés.
Un conte!
JENNY.
La dame blanche vous regarde!
Elle vous entend!

Gabriel tire Dikson par son habit.

DIKSON, effrayé. Hein! qu'est-ce que c'est? c'est Gabriel, mon valet de ferme.
GABRIEL.
Monsieur, les principaux fermiers des environs sont là dans la salle à côté.
JENNY.
Va vite, car c'est pour la vente de demain!
GEORGES.
La vente du château d'Avenel?
JENNY.
Oui, Monsieur, tous les fermiers, tous les notables du pays se réunissent pour surenchérir.
[131]
GEORGES.
Et quel est leur but en faisant pour leur compte une pareille acquisition?
JENNY.

D'empêcher que ce domaine ne passe dans les mains de Gaveston; de le conserver à la famille d'Avenel dont chacun ici chérit le souvenir; et si jamais quelqu'un de leurs descendants revient dans le pays, on lui dira: Voilà votre bien, voilà vos terres; nous les avons gardées et cultivées pour votre compte, reprenez-les!

GEORGES.

Il se pourrait! ... un pareil dévouement ... Eh bien! sans les connaître, j'estime les comtes d'Avenel, car ceux qui se font aimer ainsi doivent être de braves gens.

DIKSON, aux montagnards. Allez, mes amis, allez délibérer avec eux; je vous rejoins dans l'instant.Ils sortent tous par la porte à gauche.

Scène VI
Scène VI.
Jenny, Georges, Dikson.

JENNY, à Dikson. Pourquoi ne pas les suivre?

DIKSON, montrant Georges. Je voulais auparavant parler à Monsieur sur la vente du domaine, et puis sur des idées qui me sont revenues pendant que tu chantais. Ici, dans ce pays, ils sont tous trop poltrons pour me donner un bon conseil; tandis que vous A Georges. qui êtes militaire et qui avez du cœur ...

GEORGES.
De quoi s'agit-il?
DIKSON.

D'abord, Monsieur, dites-moi si vous croyez à la dame blanche?

GEORGES, riant. Qui, moi? ma foi, j'y aurais des dispositions: il serait si doux de penser qu'on a toujours auprès de soi une jolie femme, une fée secourable qui vient à votre aide au moment du danger; et je donnerais tout au monde pour apercevoir seulement la dame blanche d'Avenel.

[132]
DIKSON, tremblant. Eh bien! je suis plus heureux que vous.
JENNY ET GEORGES.
Tu l'as vue?
DIKSON.

Mieux que cela, je lui ai parlé! il y a déjà bien longtemps; je lui ai fait une promesse qui maintenant ne laisse pas que de m'inquiéter.

JENNY.
Qu'est-ce que ça signifie? et vous ne m'en avez jamais rien dit!
DIKSON.

Je n'en aurais jamais parlé à personne sans les événements de demain; et puis, ce que tu m'as raconté, qu'elle avait reparu dans le pays, tout cela s'est représenté à ma mémoire; et depuis quelques instants, voilà, sans me vanter, une fameuse peur qui me galope.

GEORGES ET JENNY.
Dis-nous vite!
DIKSON.

Il y a treize ans, après la mort de mon père, tous les malheurs semblaient fondre sur moi: mes blés avaient été gelés, mes bestiaux avaient péri, le feu avait pris à ma ferme, sans compter les recors et les hommes de loi qui commençaient à me travailler; le lendemain on devait tout saisir chez moi, jusqu'à mes charrues, et pas un ami qui voulût m'obliger. Désespéré, j'errais le soir dans la campagne, et je me trouvai près des souterrains du vieux château; j'y entrai, et me jetant sur la pierre: »Puisque tout m'abandonne, m'écriai-je, que la dame blanche vienne à mon secours; je me donne à elle corps et bien, si elle veut me prêter deux mille livres d'Écosse.« J'entends tout à coup une voix qui me dit: »J'accepte. Quand l'heure aura sonné, souviens-toi de ta promesse; et dans le moment une bourse tombe à mes pieds!«

GEORGES.
Ce n'est pas possible!
DIKSON.

Je la ramassai en fermant les yeux, persuadé que c'était de la fausse monnaie: c'étaient de belles pièces d'or avec lesquelles j'ai payé mes dettes, rétabli mes affaires; et, depuis ce temps-là, tout a prospéré chez moi; je suis devenu un des [133] plus riches fermiers des environs, et j'ai épousé, l'autre année, Jenny que j'aimais depuis longtemps.

JENNY.

Et moi, si je l'avais su, j'y aurais regardé a deux fois ... Avoir formé un pacte comme celui- là! ... Savez-vous que la dame blanche est un lutin? ... c'est comme qui dirait le ...

DIKSON, tremblant. Du tout, c'est bien différent!

JENNY.

Si, Monsieur, tout cela se tient; et quand je pense que vous vous êtes donné à elle avec tout ce qui vous appartient! ...

DIKSON.
C'est vrai.
JENNY.
Et moi, qui suis votre femme, je suis donc comprise làdedans? et notre enfant?
GEORGES.
Comment, mon petit filleul!
JENNY.
Et si un beau matin elle allait venir nous enlever? ...
DIKSON.

Ah! mon Dieu! Se retournant. Hein! qu'y a-t-il? Apercevant Gabriel. Cet imbécile-là le fait exprès; il arrive toujours quand en a peur.

GABRIEL, qui est entré. Dame! notre maître, c'est que vous avez toujours peur quand on arrive! Les fermiers vous attendent; il faut qu'ils retournent ce soir chez eux, et voici la nuit qui s'avance.

DIKSON.

Je te suis. A Jenny. Vois-tu, ma chère amie, il n'y a rien à craindre; pourquoi veux-tu que la dame blanche t'enlève, toi, une femme? elle m'enlèverait plutôt ... Bas, à Georges. Restez avec ma femme et ne la quittez pas. Il sort.

Scène VII
Scène VII.
Georges. Jenny.
Duo.

GEORGES.
Il s'éloigne, il nous laisse ensemble,
Mais en partant je crois qu'il tremble.
[134]
JENNY.
Hélas! il est toujours ainsi:
J' vois toujours trembler mon mari.
Au moindre bruit dans le village
Il a peur.
GEORGES.
Il a peur?
JENNY.
Dès qu'il entend gronder l'orage,
Il a peur.
GEORGES.
Il a peur?
JENNY.
La nuit même, quand il sommeille,
Il a peur.
GEORGES.
Il a peur?
JENNY.
Et quand parfois il se réveille.
C'est qu'hélas! de quelque voleur
Il a peur.
GEORGES.
Il a peur?
JENNY.
Qu'on m' dise un mot d' galanterie,
Ou bien qu'à danser l'on me prie,
Il a peur.
GEORGES.
Il a peur?
JENNY.
Y conçoit-on rien, je vous prie?
GEORGES.
Ah! je conçois bien sa frayeur:
Lorsque l'on a femme jolie,
De tout le monde l'on a peur;
Mais ...

Ensemble.
JENNY.
Oh! le brave militaire!
Pour mon mari je n'ai plus peur;
Il nous défendra, j'espère:
Non, non, non, non, plus de frayeur!
GEORGES, lui prenant la main.
Auprès d'un bon militaire!
[135]
Non, non, non, non, plus de frayeur!
Rassurez-vous bien, ma chère,
Je serai votre défenseur.
JENNY.
J' bénis le sort qui nous rassemble.
Mais que vois-je? votre main tremble.
GEORGES.
Vraiment, parfois je suis ainsi.
JENNY.
Le voilà comme mon mari.
GEORGES.
Lorsque je suis près d'une belle,
Moi, j'ai peur.
JENNY.
Il a peur?
GEORGES.
Lorsque son œil noir étincelle,
Oh! j'ai peur.
JENNY.
Il a peur?
GEORGES.
Oui, lorsque je vois tant de charmes,
Craignant de leur rendre les armes,
Pour ma raison et pour mon cœur
J'ai grand'peur.
JENNY.
Il a peur?
GEORGES.
Pour dissiper cette folie,
Un seul baiser, je vous en prie.
JENNY.
Monsieur n'a donc plus de frayeur?
GEORGES.
Oh! cela redouble, au contraire,
Et c'est pour me donner du cœur.

Il l'embrasse.
Ensemble.
JENNY.
Oh! le brave militaire!
Pour mon mari je n'ai plus peur;
Il nous défendra, j'espère:
Non, non, non, non, plus de frayeur!
GEORGES.
Auprès d'un bon militaire,
[136] Non, non, non, non, plus de frayeur.
Rassurez-vous bien, ma chère
Je serai votre défenseur.
Scène VIII
Scène VIII.
Les précédents, Dikson.

DIKSON, d'un air effrayé, et tenant à la main un papier. Ma femme, ma femme! A Georges. Ah! vous voilà. Ne me quittez pas, je vous en prie.

JENNY.

Qu'y a-t-il donc? est-ce que les fermiers ...

DIKSON, de même. C'est moi qu'ils ont chargé de leur procuration jusqu'à deux cent mille livres d'Ecosse; mais après cela ils sont partis.

GEORGES.

Eh bien? ...

DIKSON, de même. Je les ai reconduits jusqu'au détour du bois ... à cent pas de la maison; et comme je revenais, j'ai trouvé au milieu de la route un petit nain tout noir, qui m'a présenté ce papier, et qui soudain, je crois, s'est abîmé sous terre ... car je ne sais plus ce qu'il est devenu!

JENNY.
Ah! mon Dieu ...
DIKSON.
Et ce papier, le voilà!
JENNY.

Lis toi-même!

DIKSON, lisant. »Tu m'as juré obéissance; l'heure est venue, j'ai besoin de toi ... Trouve-toi ce soir à la porte du vieux château, et demande l'hospitalité au nom de saint Julien d'Avenel.«

»Signé: La Dame Blanche.«


Trio.
Ensemble.
DIKSON ET JENNY.
Grands dieux! que viens-je d'entendre?
Voici donc le moment fatal
Je n'y puis rien comprendre;
C'est un mystère infernal!
[137]
GEORGES.
D'honneur! je n'y puis rien comprendre
Je m'y perds! ... Mai c'est égal!
L'aventure à de quoi surprendre:
Le trait est original.
DIKSON.
C'est cette nuit, dans l'instant même.
JENNY.
Peu m'importe; tu n'iras pas.
DIKSON
montrant le billet.
Mais songe à son ordre suprême.
JENNY.
J'arrêterai plutôt tes pas.
DIKSON.
Et si je brave sa colère,
Songe à ce que nous deviendrons:
Adieu notre fortune entière,
Adieu l'espoir de nos moissons!
Et chez moi, toutes les semaines,
Des lutins qu'elle aura payés
Viendront avec un bruit de chaînes
La nuit me tirer par les pieds.

Ensemble.
DIKSON ET JENNY.
Ah! grands dieux! que viens-je d'entendre?
Voici donc le moment fatal!
Il faut, je ne puis m'en / il ne peut s'en défendre,
Descendre au séjour infernal.
GEORGES.
D'honneur, je n'y puis rien comprendre;
Oui, je m'y perds; mais c'est égal:
Ce secret ... j'irai le surprendre,
Au fond du séjour infernal.
Mes bons amis, séchez vos larmes:
Si ce rendez-vous aujourd'hui
Est la cause de vos alarmes,
Ne craignez rien,

Montrant Dikson.

J'irai pour lui.
DIKSON ET JENNY.
O ciel! vous exposer ainsi!
GEORGES.
Le péril a pour moi des charmes,
Surtout pour aider un ami.
[138]
DIKSON ET JENNY.
Des lutins craignez la furie.
GEORGES.
Je ne crains rien, je suis soldat.
JENNY.
Quoi! vous voulez ...
GEORGES.
C'est mon envie.
DIKSON.
Risquer toujours ...
GEORGES.
C'est mon état.
Allons? partons, sers-moi d'escorte;
Tu voudrais résister en vain.
DIKSON, bas à Jenny.
Je vais le conduire à la porte,
Et puis je reviendrai soudain.
JENNY.
Et notre baptême?
GEORGES, gaiement.
A demain;
Vous me verrez, j'en suis certain.
DIKSON, à part.
Et puis, si le diable l'emporte,
Nous serons encor sans parrain.

Ensemble.
GEORGES.
Et toi, la plus belle des belles,
Dame blanche, esprit ou lutin,
Sur tes créneaux, sur tes tourelles,
J'accours en galant paladin.
DIKSON ET JENNY,
tremblant.
Je sens une frayeur mortelle ...
Nous voulons l'arrêter en vain;
Il va, dans l'excès de son zèle,
Au-devant d'un trépas certain.

Georges sort, conduit par Dikson; Jenny reste seule, en les suivant des yeux, et en levant les bras au ciel.
[139]

Acte II

Scène première
Scène première.
Marguerite, occupée à filer.
Couplets.

Premier Couplet.

Pauvre dame Marguerite,

Tes derniers jours sont venus,

Et ces fuseaux que j'agite

Bientôt ne tourneront plus.

Que je voie encor mes maîtres

Au château de leurs ancêtres:

Avant de mourir, voilà

Le seul bonheur que j'implore ...

Fuseaux légers, tournez encore,

Tournez encore jusque-là!


Deuxième Couplet.

Et toi, dont la souvenance

Reste en mon cœur maternel,

Toi, dont j'élevai l'enfance,

Pauvre Julien d'Avenel;

Dussé-je en mourir de joie,

Qu'un seul jour je te revoie:

Avant d'expirer, voilà

Tout le bonheur que j'implore ...

Fuseaux légers, tournez encore,

Tournez encore jusque-là!


Se levant.

Allons, allons! laissons-là mon ouvrage et mes souvenirs; Montraut la porte à gauche. car miss Anna va descendre de son appartement ... Pauvre et chère orpheline, élevée par mes anciens maîtres! en la voyant arriver hier avec ce Gaveston, qu'ils lui ont donné pour tuteur, il m'a semblé que mes vœux étaient exaucés, et que mon pauvre Julien allait aussi revenir, car, autrefois, ils étaient toujours ensemblé; qui voyait l'un voyait l'autre; ils s'aimaient tant et ils étaient si gentils! surtout quand je les portais tous les deux dans mes bras, et que la comtesse d'Avenel me criait: Dame Marguerite, prenez[140] garde! Jourde Dieu, si je prenais garde! le fils de mes maîtres, mon pauvre petit Julien! Eh bien! voilà que malgré moi j'y reviens encore! Il en est de ça comme du vieux clocher d'Avenel, au milieu du parc; de quelque côté qu'on se promène, on ce rencontre toujours! S'approchant de la croisée qui est entr'ouverte. Fermons tout dans cet appartement. Ah! mon Dieu, j'ai aperçu une lumière dans ces ruines inhabitées. Oui, j'ai cru distinguer ... Ah! Refermant vivement la fenêtre. serait-ce la dame blanche, la protectrice de ce château? et sa présence m'annonce-t-elle le retour ou la mort de Julien?

Scène II
Scène II.
Marguerite, Miss Anna, couverte d'un manteau écossais, et tenant à la maiu une lanterne éteinte; elle est vêtue d'une robe bleue et coiffée en cheveux.

MARGUERITE.
Qui vient là? miss Anna, pâle et tremblante. Qu'avez-vous, mon enfant?
ANNA, ôtant son manteau, et posant sa lanterne dans le coin de la cheminée. Rien, dame Marguerite.
MARGUERITE.
Moi qui vous croyais dans votre appartement: d'où venez-vous donc?
ANNA.
De traverser ces ruines.
MARGUERITE.
Dieu soit loué! c'est vous que j'ai vue tout à l'heure! Et vous osez seule, la nuit ...
ANNA.

Aussi je tremblais. Mais c'est égal, Gaveston vient de sortir, et je voulais visiter ce superbe bâtiment qui est au milieu du parc. J'ai été jusque-là et je n'ai pu y pénétrer.

MARGUERITE.

Je le crois bien; depuis qu'on a appris la mort du comte, tout est fermé, on y a mis les scellés, et on ne les lèvera que demain après la vente.

ANNA, à part. O ciel! quel contre-temps!

MARGUERITE.

Mais quelle idée de sortir à une pareille heure, au lieu de [141] venir auprès de moi, qui suis si heureuse da vous voir? Car, depuis hier votre arrivée, à peine ai-je pu vous parler: ce Gaveston était toujours là.

ANNA.
Tu as raison; d'autres idées qui m'occupent ... Pardonne-moi, ma bonne Marguerite.
MARGUERITE.

Qu'êtes-vous devenue? que vous est-il arrivé depuis que cette noble famille a quitté ces lieux? depuis le jour où vous suivîtes la comtesse d'Avenel, où son mari alla rejoindre l'armée des montagnards, et où mon petit Julien fut embarqué pour la France, avec ce vilain gouverneur, dont je me défiais?

ANNA.

Hélas! mon compagnon d'enfance, Julien, a disparu, et l'on ignore son destin; son père vient de mourir dans l'exil, et la comtesse d'Avenel, retenue longtemps dans une prison d'État ...

MARGUERITE.
O ciel!
ANNA.

Je l'ai suivie, Marguerite, je n'ai point quitté ma bienfaitrice; pendant huit ans, je lui ai prodigué mes soins, j'ai tâché de mériter le nom de sa fille qu'elle me donnait; mais à sa mort, quelle différence! il fallut suivre ce Gaveston qu'on avait nommé mon tuteur ... Et dans un voyage où je l'accom pagnai, il y a trois mois, sur le continent, il m'avait laissée pour quelques jours, dans une campagne, aux soins d'une de ses parentes ...

MARGUERITE.
Eh bien?
ANNA.
Eh bien! ... Je ne sais pas si je dois te raconter le reste.
MARGUERITE.
En quelle autre que moi aurez-vous plus de confiance?
ANNA.

La guerre venait d'éclater, on se battait aux portes mêmes du parc où nous étions, et un jeune militaire dangereusement blessé ... c'était un de nos soldats, un compatriote, pouvais-je ne pas le secourir? Et puis, te l'avouerai-je, malgré moi je pensais à Julien: Julien devait être de son âge, et je me[142] disais: Peut-être le fils de mes maîtres est-il ainsi malheureux et sans secours!

MARGUERITE.
Quoi! vous pouvez penser ...
ANNA.

Calme-toi, ce n'était pas lui, car je sais son nom; mais le retour de Gaveston nous fit partir sur- le-champ; et depuis, je n'ai plus revu mon jeune officier, qui aura pris ma présence pour un songe, et qui, sans doute, m'a déjà oubliée.

MARGUERITE.

Tandis que vous, je devine, vous y pensez encore: vous l'aimez peut-être, et c'est ce qui me fait du chagrin.

ANNA.
Et pourquoi?
MARGUERITE.

Il me semblait que vous n'auriez jamais aimé que Julien, du moins, c'étaient là mes idées, et vingt fois j'ai rêvé à votre union.

ANNA.

Qu'oses-tu dire? lui, héritier des comtes d'Avenel, et moi, pauvre orpheline, sans biens, sans naissance; c'est ainsi que je reconnaîtrais les bontés de mes bienfaiteurs! Non, Marguerite; Julien, autrefois mon ami, mon frère, est maintenant monseigneur, mon maître; c'est comme tel que nous devons le respecter, le servir, et nous sacrifier, s'il le faut, pour sauver son héritage.

MARGUERITE.

Et par quels moyens, c'est demain que l'on vend son domaine; un autre que lui va acquérir les droits et surtout le titre de comte d'Avenel; et si Julien existe encore, s'il revient jamais, il ne sera plus qu'un étranger dans le château de ses pères.

ANNA.
Qui sait? pourquoi perdre courage? moi, j'ai bon espoir.
MARGUERITE.
Que voulez-vous dire? On entend un sou de cor.
ANNA.

Tu le sauras ... Entends-tu? on ferme la porte du château; Gaveston vient de rentrer. Écoute-moi bien, Marguerite: dans [143] un instant peut-être quelqu'un des environs viendra réclamer l'hospitalité au nom de saint Julien d'Avenel.

MARGUERITE.
Qui vous l'a dit?
ANNA.
Tu le feras entrer et tu tâcheras qu'on lui donne cet appartement.
MARGUERITE.

Oui, Mademoiselle, oui, soyez tranquille; je l'attendrai, s'il le faut, toute la nuit. Pour vous et pour Julien qu'est-ce que je ne ferais pas?

ANNA.
Pars, c'est Gaveston.
MARGUERITE.
Adieu! adieu, mon enfant. Elle sort.
Scène III
Scène III.
Anna, Gaveston.

GAVESTON.
Ah! ah! miss, vous n'êtes point encore retirée dans votre appartement?
ANNA.
Vous le voyez, je causais avec Marguerite.
GAVESTON.

Qui sans doute vous racontait, comme hier, des histoires de revenants et de la dame blanche! se peut-il, miss Anna, que vous ajoutiez foi à de pareilles rêveries?

ANNA.
Moi!
GAVESTON.

Oui; je vous ai vue hier si émue, si attentive au moment où elle nous a raconté l'histoire du fermier Dikson et de ses pièces d'or, qu'en honneur vous aviez l'air de croire à cette aventure miraculeuse.

ANNA, souriant. Miraculeuse? non! car je sais mieux que personne qu'elle est véritable.

GAVESTON.
Allons donc!
[144]

ANNA, vivement. Vingt fois la comtesse d'Avenel m'a raconté ce dernier trait de bonté de la part de son mari, lorsque la nuit même de son départ, poursuivi, errant dans ces ruines, il entendit un pauvre fermier prêt à périr faute d'une somme d'argent; et c'est pour n'être pas reconnu qu'il lui jeta sa bourse au nom de la dame blanche d'Avenel. Ah! si tout sentiment de reconnaissance n'est pas éteint dans le cœur du fermier Dikson ... À part. celui-là doit me servir.

GAVESTON.

Oh! rassurez-vous. Il n'est pas ingrat, c'est un des fidèles croyants de la dame blanche; c'est lui qui cabale avec les fermiers des environs, et qui fait courir le bruit dans le pays qu'il m'arrivera malheur d'oser mettre en vente un château qu'elle protège; mais c'est ce que nous verrons. Je viens de souper chez M. Marc-Irton, le juge de paix, et nous avons pris nos arrangements pour que la vente commençât demain au point du jour.

ANNA, à part. O ciel! Haut. Ainsi donc, vous, jadis l'intendant de ce château, vous allez en devenir le propriétaire; vous allez acheter à vil prix le domaine et le titre de votre bienfaiteur!

GAVESTON.

Ecoutez, mis Anna, vous savez que je n'aime pas les phrases, et que je tiens au positif. Je ne suis que Gaveston l'intendant, c'est vrai; mais quand l'intendant Gaveston aura acheté et payé ce domaine, qui donne le titre de lord et l'entrée au Parlement, tous les gens du pays, si fiers et si dédaigneux, me salueront humblement comme comte d'Avenel, et oublieront bien vite leur ancien maître: la raison, c'est que je suis riche et qu'il ne l'est plus; chacun son tour: d'ailleurs, avant son départ, le comte d'Avenel avait vendu des biens immenses qu'il avait en Angleterre: qu'a-t-il fait de cet argent?

ANNA.
Il l'a employé au service du prétendant, vous le savez bien.
GAVESTON.

J'en doute: à moins que vous n'en ayez trouvé la preuve dans cet écrit que vous a confié la comtesse d'Avenel.

ANNA.
A moi?
[145]
GAVESTON.
Oui; nierez-vous que dans ses derniers moments elle ne vous ait remis un papier mystérieux?
ANNA.
C'est la vérité.
GAVESTON.
Et qu'en avez-vous fait?
ANNA.

Selon ses ordres, après sa mort, je l'ai lu, et comme elle m'avait fait jurer de ne confier ce secret à personne, pas même à la plus intime amitié, j'ai déchiré cette lettre à l'instant.

GAVESTON.
Et moi, que les magistrats ont nommé votre tuteur, puis-je vous demander quel en était le contenu?
ANNA.
Non, Monsieur.
GAVESTON.
Et pourquoi?
ANNA.
C'est que vous ne le sauriez pas.
GAVESTON.

Fort bien, miss Anna; sous votre air doux et timide, vous cachez plus de fermeté et de résolution que je ne l'aurais soupçonné; mais dorénavant je prendrai mes précautions. On entend une cloche au dehors. Eh mais! quel est ce bruit?


Duo et Trio.
ANNA.
C'est la cloche de la tourelle
Qui tout à coup a retenti!

A part, pendant que Gaveston va regarder à la fenêtre.

A notre rendez-vous fidèle,
C'est celui que j'attends ici.
GAVESTON.
Il est minuit! dans ma demeure
Qui peut venir à pareille heure?
ANNA.
Quelque voyageur sans abri.
GAVESTON.
Eh bien! qu'il loge ailleurs qu'ici!
ANNA.
Pour lui je vous demande grâce!
[146] Vous qui voulez prendre la place
Des anciens maîtres de ces lieux,
Imitez-les, faites comme eux;
Si chacun ici les révère,
C'est que leur porte hospitalière
S'ouvrait toujours aux malheureux.

Gaveston s'éloigne sans lui répondre.
Ensemble.

ANNA, à part.
Il hésite, il balance,
Et ne voudra jamais;
Il n'est plus d'espérance,
Adieu tous mes projets.
GAVESTON.
De cette complaisance,
Je me repentirais;
Il faut de la prudence
Pour servir mes projets.
Scène IV
Scène IV.
Les Précédents, Marguerite.

MARGUERITE.
Un beau jeune homme et de bonne tournure,
Pendant l'orage et par la nuit obscure,
Demande asile en ce noble castel,
En invoquant saint Julien d'Avenel.
ANNA, à part.
Je l'avais dit! c'est Dikson, c'est lui-même.
MARGUERITE.
Moi, je l'ai fait entrer dans la salle à côté.
GAVESTON.
Sans m'avoir consulté?
Je punirai cette imprudence extrême,
Et je prétends qu'il sorte à l'instant même.
ANNA.
Y pensez-vous? déjà dans le pays
N'avez-vous pas bien assez d'ennemis?
Ne voulez-vous pas qu'on vous aime?
GAVESTON.
De me haïr il leur est bien permis.
ANNA.
Eh bien! souffrez qu'il entre en ce logis,
[147] Et dès demain vous aurez connaissance
Du billet qu'en mes mains la comtesse a remis.
GAVESTON, vivement.
Vous le jurez?
ANNA.
Je le promets d'avance
GAVESTON.
A vos désirs il faut se conformer.
Puisqu'il faut ici se faire aimer,
Qu'il entre donc.
MARGUERITE.
Dieu! quelle bienfaisance
GAVESTON.
Où le placer?
ANNA ET MARGUERITE.
Dans cet appartement.
GAVESTON, à Anna.
Soit! mais entrez dans le vôtre à l'instant

Ensemble.
ANNA.
A la douce espérance
Je renais désormais;
Céleste Providence,
Seconde mes projets.
GAVESTON.
A cette complaisance,
Je n'ai point de regrets,
Puisque la bienfaisance
Peut servir mes projets.
MARGUERITE.
O toi dont la puissance
Egale les bienfaits,
Céleste Providence,

Montrant Anna.

Seconde ses projets.

Anna sort par l'appartement à droite, et Georges entre par la porte du fond.
Scène V
Scène V.
Gaveston, Georges, Marguerite.

MARGUERITE.
Entrez, entrez, Monsieur, je vous demande pardon de vous avoir fait attendre.
[148]
GEORGES.

Il n'y a pas de mal, ma brave femme, j'étais occupe à admirer cet antique édifice. Le beau château! les belles voûtes! jusqu'à ces ruines que j'ai traversées pour arriver jusqu'ici, c'est admirable! Apercevant Gaveston. Pardon, Monsieur, de ne pas vous avoir salué d'abord; c'est à vous sans doute que je dois l'hospitalité?

GAVESTON.

Oui, Monsieur. A part. J'y pense maintenant! si c'était quelque acquéreur, quelque riche capitaliste qui vînt pour surenchérir? Haut. Qui ai-je l'honneur de recevoir?

GEORGES.

Un officier de Sa Majesté, un sous-lieutenant au quinzième d'infanterie.

GAVESTON, à part. Un sous-lieutenant, je suis tranquille. Haut. Monsieur, à ce qu'il paraît, n'est pas Ecossais?

GEORGES.

Non, vraiment, je ne suis jamais venu en ce pays, et je ne puis vous dire l'effet qu'a produit sur moi cet ancien édifice.

GAVESTON.
Et comment vous êtes-vous trouvé à une pareille heure à la porte de ce vieux château?
GEORGES.
Comment? je n'en sais trop rien: mais j'ai idée que c'est pour vous rendre service.
GAVESTON.
A moi!
GEORGES.

A vous-même. Un autre vous dirait que c'est la nuit et le mauvais temps, mais ce n'est pas vrai; et moi, comme militaire, je dis toujours la vérité.

GAVESTON.
Toujours?
GEORGES.

Oui, Monsieur; même en amour, je suis d'une franchise!.. Ce n'est pas qu'au régiment ils ne prétendent que ça me fera du tort, et que ça nuira à mon avancement; mais ça me regarde. Revenons à vous: je n'entends parler dans le pays que des sortilèges, des apparitions de la dame blanche, et je veux [149] passer la nuit dans ce château pour me trouver en tête-à-tête avec elle.

GAVESTON.
Si ce n'est que cela vous ne risques rien: elle n'a garde de se montrer.
GEORGES.

Vous croyez? c'est ce qui vous trompe, car elle m'a donné rendez-vous.

GAVESTON, riant. Un rendez-vous? À part. Allons, allons c'est quelque original dont les idées ne sont pas bien nettes. Haut. Adieu; mon officier; minuit a sonné depuis longtemps, et je suis obligé de vous quitter, attendu que demain nous serons réveillés avant le point du jour.

GEORGES.
Et pourquoi?
GAVESTON.

Pour tout disposer; car de grand matin nous aurons beaucoup de monde au château, des affaires importantes ... On va vous dresser un lit dans cet appartement.

GEORGES.

A moi! y pensez-vous! ce fauteuil me suffit, je serai mieux là qu'au bivouac. D'ailleurs, les revenants que j'attends pourraient bien être des contrebandiers ou des montagnards de la bande de Rob-Roy, et je veux être sur pied pour les recevoir.

GAVESTON.

Adieu donc, bonne nuit, et surtout bonne chance; mais si vous voyez la dame blanche d'Avenel, dites-lui bien de ma part ... Apercevant Marguerite qui, depuis le commencement de la scène, regarde attentivement Georges. Eh bien! qu'as-tu donc depuis une heure à regarder ainsi Monsieur?

MARGUERITE.
Rien; mais ça m'a l'air d'un brave jeune homme, et je ne sais pourquoi j'ai du plaisir à le voir.
GAVESTON.
Allons, allons, rentrons, il est tard.
MARGUERITE, montrant à Georges la lampe qu'elle tient à sa main. Voulez-vous que je vous laisse ...
GEORGES.

Non, non, les revenants n'aiment pas les lumiêres, ça leur fait peur. A demain, mon cher hôte; soyez sûr que demain je [150] vous donnerai des nouvelles, fussent-elles de l'autre monde. Gaveston et Marguerite sortent par le fond, et l'on entend fermer les portes.

Scène VI
Scène VI.

GEORGES, seul.


Il fait nuit totale. Pendant la ritournelle de l'air suivant, Georges va rallumer le feu qui s'éteint, pose ses deux pistolets sur la table, etc.

Viens, gentille dame;

Ici, je réclame

La foi des serments.

A tes lois fidèle,

Me voici, ma belle:

Parais, je t'attends.

Que ce lieu solitaire

Et que ce doux mystère

Ont de charmes pour moi!

Oui, je sens qu'à ta vue

L'âme doit être émue;

Mais ce n'est pas d'effroi.

Viens, gentille dame, etc.

Déjà la nuit plus sombre

Sur nous répand son ombre:

Qu'elle tarde à venir!

Dans mon impatience,

Le cœur me bat d'avance

D'attente et de plaisir.

Viens, gentille dame, etc.


A la fin de la cavatine on entend un air de harpe, et Anna parait.
Scène VII
Scène VII.
Georges, Anna, sortant par le panneau à droite, qui tourne sur un pivot; elle est habillée en blanc, et la tête couverte d'un voile.

GEORGES.

Non, cen'est point une illusion, c'est elle- même: je distingue dans l'ombre et sa démarche légère et ses vêtements blancs.

ANNA, à part. C'est lui! osera-t-il me suivre? ... Oui; si ce n'est par reconnaissance; ce sera du moins par frayeur pour la dame blanche.

GEORGES.
Elle approche.
[151]
ANNA.
Dikson, Dikson, est-ce toi?
GEORGES.
Non, ce n'est pas lui; mais je viens à sa place.
ANNA.
O ciel! et qui donc êtes-vous?
GEORGES.
Habile magicienne, comment ne sais-tu pas mon nom?
ANNA.
O ciel! quelle est cette voix?
GEORGES.
Faut-il te dire qu'on m'appelle Georges Brown?
ANNA.

Georges dans ces lieux ... N'est-ce point un songe? Faisant un pas vers lui. Ah! si j'osais ...S'arrêtant. Non, je ne dois pas même pour lui ... oublier mon serment.

GEORGES, écoutant. Eh bien! elle se tait ... hein!

ANNA.

Tu as bien fait de ne pas me tromper; car moi qui sais tout, crois-tu que je ne connaisse pas Georges Brown, sous-lieutenant au service d'Angleterre?

GEORGES.
Je ne reviens pas de ma surprise!
ANNA.
Dans le Hanovre, à la bataille d'Hastembek, où tu t'es distingué, tu fus blessé près de ton colonel.
GEORGES.
O ciel!
ANNA.
Une main inconnue te rappela à la vie, te prodigua des soins ...
GEORGES, s'avançant. C'en est trop, et quelque soit ce mystère ...
ANNA.
Arrête, ou je disparais à tes yeux, et tu ne me reverras jamais.
GEORGES.

J'obéis; mais prends pitié de mon trouble: cette divinité protectrice qui prit soin de mes jours, où est-elle? Depuis trois mois je la poursuis en vain; partout il me semble et la voir et [152] l'entendre; dans ce moment encore, je ne sais si c'est une illusion, mais je crois reconnaître sa voix.

ANNA.
Peut-être l'ai-je prise pour te plaire.
GEORGES.
Si tu es elle-même, c'est ce que j'ignore; mais qui que tu sois, donne-moi les moyens de la revoir.
ANNA.
Cela dépend de toi.
GEORGES.
Que faut-il faire? où faut-il te suivre?
ANNA.

Me suivre ... À part. Oh! maintenant je n'ose plus, et je dois changer de projet. Haut. Demain tu recevras mes ordres, et quels qu'ils soient ...

GEORGES.

Je jure de m'y sommettre? Fée, magicienne ou dame blanche; je te suis dévoué. Pour revoir celle que j'aime et pour la posséder, je crois, s'il le fallait, que je me donnerais à toi.

ANNA.
Ce ne serait peut-être pas un mauvais moyen; mais ce n'est pas là ce que je te demande. Ecoute- moi.

Récitatif.

Ce domaine est celui des comtes d'Avenel;
Un avide intendant, au cœur dur et cruel,
Veut les en dépouiller, mais mon pouvoir propice
Protège l'orphelin et confond l'injustice.
Parle! veux-tu demain seconder mon espoir?
GEORGES.
Défendre le malheur est mon premier devoir!

Duo.
ANNA.
Toujours soumis à ma puissance,
Tu promets donc de me servir!
GEORGES.
Je te promets obéissance;
A quel danger faut-il courir?
ANNA.
De tes serments, de ton courage,
M'oserais-tu donner un gage?
GEORGES.
Parle!
[153]
ANNA.
Oserais-tu bien ici
Me donner ta main?
GEORGES, détournant la tète, mais avançant intrépidement.
La voici!

Ensemble.
GEORGES.
Mais que cette main est jolie!
Pour un lutin quelle douceur!
Est-ce l'amour ou la magie
Qui fait ainsi battre mon cœur?
ANNA.
De l'amour la douce magie
Pourrait aussi troubler mon cœur.
Fuyons, laissons-lui son erreur.

Anna va pour sortir; Georges, traversant le théâtre et se mettant devant elle.
GEORGES.
Arrête!
ANNA, tremblante.
O ciel! ma frayeur est extrême!
Que me veux-tu?
GEORGES.
Tantôt tu promis qu'à mes yeux
Apparaîtrait celle que j'aime.
Où la verrai-je?
ANNA.
Dans ces lieux.
GEORGES.
Comment!
ANNA.
Eh bien! c'est elle-même,
C'est elle qui viendra demain
T'apporter mon ordre suprême;
Aussi, quand elle apparaîtra,
Qu'on obéisse!
GEORGES.
A l'instant même.
Mais tu promets qu'elle viendra?
ANNA.
Oui, de ma part elle viendra.
GEORGES.
Je crois au serment qui t'engage,
Mais il m'en faut encore un gage.
[154]
ANNA.
Parle!
GEORGES.
Oserais-tu bien ici
Me donner ta main?
ANNA, un peu tremblante.
Là voici!

Ensemble.
GEORGES.
Ah! que cette main est jolie!
Pour un lutin quelle douceur!
Est-ce l'amour ou la magie
Qui fait ainsi battre mon cœur?
ANNA.
Mais de l'amour, de sa magie,
Craignons le charme séducteur.
Fuyons ... laissons-lui son erreur.

Anna passe derrière lui, rentre par la porte à gauche, et l'on entend le même bruit de harpe qu'à son arrivée. A la fin duo, on trappe a la porté du fond et l'on tire les verroux.
Scène VIII
Scène VIII.
Georges, Gaveston.

GEORGES.
Elle s'éloigne; elle a disparu.
GAVESTON.
Mon jeune officier, voici le point du jour.
GEORGES.
Déjà! ...
GAVESTON.
Je vois que je vous ai réveillé.
GEORGES.
Hélas oui! un joli rêve, si c'en est un ...
GAVESTON.
Eh bien! comment avez-vous passé la nuit?
GEORGES.
Une nuit charmante, quoiqu'un peu agitée; car, en honneur, je n'ai pas eu le temps de dormir.
GAVESTON.
Je conçois, le souvenir de la dame blanche vous a poursuivi.
[155]
GEORGES.
Son souvenir! ... mieux que cela.
GAVESTON.
Que voulez-vous dire?
GEORGES.

Tenez, mon cher hôte, comme vous et beaucoup d'autres esprits forts allez probablement vous moquer de moi, je commence le premier: je vous dirai donc en confidence qu'à dater d'aujourd'hui je me déclare le chevalier de la dame blanche.

GAVESTON.
Est-ce que par hasard vous l'auriez vue?
GEORGES.

Non, je ne l'ai pas vue ... mais j'ai passé une heure avec elle; une conversation charmante, un ton excellent; ce qui prouverait que dans l'autre monde il y a fort bonne société.

GAVESTON.
Ah ça! permettez: êtes-vous bien sûr d'être dans votre bon sens?
GEORGES.
Ma foi, je vous le demanderai; car je n'ose plus m'en rapporter à moi-même.
GAVESTON.
J'espère cependant que vous ne croyez pas à la dame blanche; c'est impossible!
GEORGES.

Vous avez raison, c'est impossible! aussi je suis comme vous, je n'y crois pas, mais j'en suis amoureux.

GAVESTON.
Amoureux de la dame blanche!
GEORGES.

C'est-à-dire d'elle ou de mon inconnue; peut-être de toutes les deux, je ne vous dirai pas au juste. Par exemple, je dois vous en prévenir, vous n'êtes pas dans ses bonnes grâces; elle vous traite fort mal.

GAVESTON.
Moi!
GEORGES.

Elle prétend (mais c'est elle qui parle) que vous êtes un homme injuste, avide, intéressé; que dans la vente qui va [156] avoir lieu ce matin, vous voulez vous rendre acquéreur pour dépouiller votre ancien maître.

GAVESTON.
On pourrait supposer ...
GEORGES.

Rassurez-vous, elle dit que votre espoir sera déçu, et qu'elle empêchera bien l'héritage des comtes d'Avenel de tomber entre vos mains.

GAVESTON.
Ah! la dame blanche vous a dit cela?
GEORGES.
Ces propres paroles, ou à peu près.
GAVESTON.

Eh bien! l'événement prouvera qui d'elle ou de moi a le plus de pouvoir; car, dans une heure, ce riche domaine m'appartiendra. Tenez, tenez, voyez-vous, dans la cour du château, M. Mac-Irton, le juge de paix, qui doit présider à cette vente, et tous les gens du pays qui viennent y assister?

GEORGES.

Ce sont vos affaires, arrangez-vous. Je vais faire un tour de parc en attendant les ordres de madame invisible, car elle m'a promis de me les envoyer.

GAVESTON.
Vraiment?
GEORGES.

Oui, par un message charmant, par ma belle inconnue, qu'il me tarde de voir paraître.

GAVESTON, à part. Allons, allons, je lui supposais d'abord quelque arrière-pensée; mais décidément il a perdu l'esprit. Haut. Eh bien! mon jeune officier, pourquoi ne restez-vous pas ici? vous verrez par vous-même qui aura raison de la dame blanche ou de moi.

GEORGES.
Au fait, c'est un spectacle comme un autre; je n'ai jamais été à une vente publique.
GAVESTON.
Jamais?
GEORGES.
Non, sans doute, et il y avait de bonnes raisons.
GAVESTON.
Asseyez-vous aux premières places.
[157]
Scene IX
Scene IX.
Georges, Gaveston, Dikson, Marguerite, Jenny;
Chœur de fermiers et de Vassaux.

CHŒUR.
Nous quittons nos travaux champêtres;
Nous accourons en ce castel
Savoir quels sont les nouveaux maîtres
Du beau domaine d'Avenel.
MARGUERITE.
Hélas! quelle douleur j'éprouve!
Voici donc le moment fatal.
JENNY, apercevant Georges.
C'est vous, Monsieur, je vous retrouve!
Hé bien! ce mystère infernal?
DIKSON.
Qu'avez-vous vu? parlez, de grâce!
GEORGES.
Vous le saurez. Mais, en honneur,
J'ai bien fait de prendre sa place,
Car il en serait mort de peur!
DIKSON.
Vois-tu, ma femme, quelle horreur!
JENNY.
Mais taisons-nous, faisons silence,
Car voici monsieur Mac-Irton,
Le juge de paix du canton.

Entrent Mac-Irton et tous les gens de justice. Ils vont se placer sur des sièges préparés autour d'une table au milieu du théâtre. Gaveston se tient debout à gauche, non loin de lui. A droite, sur le premier plan, Georges assis sur un fauteuil; Dikson environné de tous les fermiers.
LES FERMIERS,
à Dikson.
Tu vas biente montrer, je pense.
D'AUTRES FERMIERS.
Tu connais quels sont tes devoirs.
DIKSON.
Ne craignez rien, j'ai vos pouvoirs
J' sais jusqu'à quelle concurrence
Il nous est permis d'enchérir.
MAC-IRTON.
Messieurs, la séance commence.
GEORGES.
Comment cela va-t-il finir?
[158]
CHŒUR.
De crainte et d'espérance
Je sens battre mon cœur;
Du combat qui commence
Quel sera le vainqueur?
MAC-IRTON, se levant et lisant un parchemin.
De par le roi, les lois et la cour souveraine,
Faisons savoir qu'on va procéder sur-le-champ
A la vente de ce domaine;
A l'enchère publique ainsi qu'au plus offrant
Et dernier enchérisseur.
MARGUERITE.
Hélas! j'en suis toute tremblante.
MAC-IRTON.
Nous avons un acquéreur
A vingt mille écus!
DIKSON.
Moi, j'en mets ving-cinq!
GAVESTON.
Moi, trente!
DIKSON.
Trente-cinq!
GAVESTON.
Quarante!
DIKSON.
Quarante-cinq!
GAVESTON.
Cinquante!
DIKSON.
Cinquante-cinq!
GAVESTON.
Soixante!
Ils ont l'air interdits.
LES FERMIERS,
à Dikson.
Allons! allons! encor! courage!
DIKSON.
Voulez-vous risquer davantage?
Soixante-cinq!
GAVESTON.
Soixante-dix!
DIKSON.
Quatre-vingt-cinq!
GAVESTON.
Quatre-vingt-dix!
[159] Ils ont beau faire,
Je l'aurai;
Oui, je serai propriétaire,
C'est moi qui l'emporterai.
DIKSON.
Je commence à perdre courage.
LES FERMIERS.
Allons, encor quelque chose de plus.
DIKSON.
Eh bien! quatre-vingt-quinze!
GAVESTON.
Et moi, cent mille écus!
LES FERMIERS.
O ciel! nous ne pouvons enchérir davantage!
MARGUERITE.
C'en est fait, nous sommes perdus!
MAC-IRTON, lentement à l'assembiée.
Cent mille ècus! cent mille écus!
GEORGES.
Je tremble.
GAVESTON, s'approchant de lui.
Eh bien! mon jeune ami, parlez; que vous ensemble?
Malgré la dame blanche et son nom révéré,
Je l'avais dit; c'est moi, moi qui l'emporterai.
GEORGES, à part.
Il a raison, et je crains fort
Que la dame blanche n'ait tort.
MARGUERITE ET LE CHŒUR DES VASSAUX.
Non, plus d'espoir!
DIKSON ET LES FERMIERS.
Plus de courage!
DIKSON.
La bougie est près de finir.
GAVESTON.
Le château va m'appartenir.
GEORGES.
Morbleu! j'enrage, j'enrage!
Qui donc pourrait surenchérir?

Pendant ce temps Anna, qui a repris le même costume qu'à la seconde scène de cet acte, est sortie de sa chambre à droite, et s'est approchée doucement derrière Georges; elle se tient près de
lui, et lui dit à demi voix.
ANNA.
Toi!
[160]
GEORGES, se retournant et l'apercevant.
Que vois-je! ô surprise extrême!
C'est elle! c'est celle que j'aime!
ANNA, de même.
Du silence! tu sais qui m'envoie! obéis.
GEORGES.
Quoi! vous voulez ...
ANNA.
Tu l'as promis!
MAC-IRTON, répétant.
Cent mille écus! cent mille écus!
GEORGES, se levant et passant au milieu du théâtre.
Arrêtez! moi, je mets mille livres de plus.
TOUS.
O ciel!

Ensemble.
GAVESTON.
O ciel! quel est ce mystère
Et ce nouvel acquéreur?
Dans ces lieux que veut-il faire?
Rien n'égale ma fureur.
GEORGES.
A ce singulier mystère,
Je ne conçois rien, d'honneur!

Regardant Anna.

Je vois celle qui m'est chère,
Cela suffit à mon cœur.
ANNA, bas à Georges.
Sache obéir et te taire,
Tu l'as promis sur l'honneur;
C'est le moyen do me plaire
Et de mériter mon cœur.
MARGUERITE ET LE CHŒUR.
Mais quel est donc ce mystère
Et ce nouvel acquéreur?
Que le sort lui soit prospère!
C'est le vœu de notre cœur.
GAVESTON, regardant Georges.
Quel qu'il soit, je rendrai cette ruse inutile.
Puisqu'il le faut, quinze cents francs!
GEORGES.
Deux mille!
[161]
GAVESTON.
Trois!
GEORGES.
Quatre!
GAVESTON.
Cinq!
GEORGES.
Six!
GAVESTON.
Sept!
GEORGES.
Huit!
GAVESTON.
Neuf!
GEORGES.
Dix!
GAVESTON.
Je ne puis contenir ma rage!
Je mets vingt-cinq.
ANNA, bas à Georges.
Va toujours, du courage!
GEORGES.
Trente!
GAVESTON.
Quarante!
ANNA, bas, à Georges.
Encor! encor!
GEORGES.
Cinquante!
GAVESTON.
Soixante.
ANNA, bas, à Georges.
Encor!
GEORGES.
Quatre-vingts!
GAVESTON.
Quatre-vingt-dix!
GEORGES.
Quatre cent mille francs!
ANNA, bas à Georges.
C'est bien, je suis contente.
Va toujours; va toujours.
[162]
GAVESTON.
De fureur je frémis!
Eh bien! quatre-cent cinquante.
GEORGES, allant surenchérir.
Eh bien! moi, s'il le faut ...
GAVESTON, allant à lui.
Arrêtez! laissez-moi
Sur un pareil projet éclairer son jeune âge;
Il ignore ce qu'il engage.

A Mac-Irton.

Monsieur, lisez-lui la loi.
MAC-IRTON, lisant.
»Le jour même, à midi, le prix de cette vente
Sera payé comptant en nos mains, ou sinon,
Et faute de fournir caution suffisante,
Le susdit acquéreur sera mis en prison.«
GEORGES.
En prison!
ANNA, bas à Georges.
Il n'importe.
GEORGES, à part.
Alors des qu'on ordonne,

Haut.

A cinq cent mille francs!
MAC-IRTON.
Personne
Ne dit mot?
MARGUERITE.
Quel bonheur!
GEORGES, bas à Gaveston.
Convenez sans façon
Que la dame blanche a raison.
GAVESTON, avec dépit.
Il le faut, j'abandonne.
MAC-IRTON, à Georges.
Votre nom, votre rang?
GEORGES.
Georges Brown, sous-lieutenant;
Douze cents francs
D'appointements;
Et l'on ne dira pas que je fais des folies,
Car j'achète un château sur mes économies.
[163]
MAC-IRTON, bas à Gaveston.
Vous le voyez, j'y suis bien obligé.

A haute voix.

Puisqu'il le faut donc,

Montrant Georges.

Adjugé.

Ensemble.

DIKSON, MARGUERITE ET FERMIERS.
Ah! pour nous quel jour prospère!
Ce choix fait notre bonheur;
Car nous aurons, je l'espère,
Un brave et digne seigneur.
GEORGES, à Anna.
A ce singulier mystère,
Je ne conçois rien d'honneur!
Je vois celle qui m'est chère,
Cela suffit à mon cœur.
MAC-IRTON ET GAVESTON.
Mais quel est donc ce mystère?
Qu'il redoute ma fureur!
Rien n'égale la colère
Qui s'empare de mon cœur.
ANNA.
Dieu puissant, Dieu tutélaire,
Puissé-je, au gré de mon cœur,
D'un maître que je révère
Sauver les biens et l'honneur!

Acte III

Scène première
Scène première.

ANNA, seule; même costume qu'à la deuxième scène du second acte.


Elle arrive précipitamment et sur la ritournelle, regarde avec joie et surprise l'appartement où elle se trouve.
Récitatif.

Grand Dieu que j'implorai, recevez mon hommage

[164] Vous n'avez pas permis que ce bel héritage

Retombât dans les mains d'indignes ravisseurs.

Et vous, du haut des cieux, qui sont votre partage,

Et vous, mes nobles bienfaiteurs:


Air.

Comme aux beaux jours de mon jeune âge,

Daignez encor guider mes pas;

Venez achever votre ouvrage,

Venez, ne m'abandonnez pas.

En revoyant ce noble asile,

De mon bonheur je me souviens:

Que de fois ce séjour tranquille

A redit le nom de Julien!

Julien! Julien!

L'écho fidèle

Ne l'a pas oublié;

Il me rappelle

Nos jeux, notre amitié.

Comme aux beaux jours de mon jeune âge, etc.

Scène II
Scène II.
Anna, Marguerite.

ANNA.
Ah! Marguerite, je t'attendais ...
MARGUERITE.

J'entre comme vous dans le château dont M. Mac-Irton vient de lever les scellés. Eh bien! Mademoiselle, voilà ces riches appartements que vous aviez tant d'envie de parcourir. C'est ici que je vous ai élevée, ainsi que mon pauvre Julien, jusqu'à l'âge de six ans; mais vous m'assurez au moins que ce n'est pas pour son compte que M. Georges a acheté ce domaine.

ANNA.

Non, c'est pour le rendre à son véritable maître! Qui pouvait surenchérir? ce n'était pas moi, mineure et pupille de Gaveston; par bonheur, Georges est venu à notre secours.

MARGUERITE.

Ce monsieur Georges est donc bien riche? car il lui faut aujourd'hui même, à midi, payer cinq cent mille livres, u la vente est nulle.

[165]
ANNA.
Je te dirai, en confidence, qu'il ne possède rien, mais qu'il compte sur moi.
MARGUERITE.
Sur vous?
ANNA.

Oui. Dis-moi, Marguerite, toi qui as tongtemps habité ces lieux, tu dois te rappeler dans quel endroit est la statue de la dame blanche? car dans tous les appartements que j'ai déjà parcourus, je n'ai pas encore pu la découvrir, et voilà pourquoi je t'attendais.

MARGUERITE.
Elle était placée dans la salle de réception, celle des chevaliers.
ANNA.
Eh! mais, nous y voici!
MARGUERITE.
Alors c'était là, à droite. Apercevant le piédestal. Grand dieu! la statue a disparu!
ANNA.
O ciel! c'est fait de nous, et tous mes projets sont déjoués.
MARGUERITE.
Que dites-vous?
ANNA.

Qu'ici, dans ce château, est toute la fortune de la famille d'Avenel, le prix de ces biens immenses vendus en Angleterre, et qu'on estimait deux ou trois millions.

MARGUERITE.
Grand Dieu!
ANNA.

C'est là le secret qui me fut confié par la comtesse d'Avenel. »Anna, me disait-elle dans sa lettre, si jamais Julien reparaît en Ecosse, apprends-lui que dans le nouveau château d'Avenel, et dans la statue de la dame blanche, il retrouvera un coffret d'ébène qui contient, en billets de banque, la fortune de ses pères.«

MARGUERITE, avec douleur. Et la statue a disparu!

ANNA.

Oui, et comment? car nul n'a pu pénétrer dans ce lieu. [166] Cherche bien, Marguerite; n'aurais-tu pas quelque idée, quel-que souvenir î

MARGUERITE.
Attendez donc, je me rappelle que la nuit du départ du comte d'Avenel ...
ANNA.
Parle vite.
MARGUERITE.

Il était tard, et je sortais du château par un passage secret, connu des gens de la maison, lorsque j'entends des pas lents et mesurés; je me cache derrière un pilier, et, malgré la nuit, qui était des plus sombres, j'aperçois la statue de la dame blanche qui descendait lentement l'escalier.

ANNA.
Tu as cru la voir.
MARGUERITE.

Non, je l'ai vue, et le garde-chasse à qui le lendemain j'ai raconté cette aventure, m'a dit: »C'est juste; elle a quitté le château parce que les seigneurs d'Avenel s'en vont; elle ne reviendra que quand ils seront de retour.«

ANNA.

Ou plutôt, et c'est là ma crainte, quelqu'un que l'obscurité t'empêchait de distinguer l'aura enlevée pour s'emparer des trésors qu'elle renfermait.

MARGUERITE.
Non, Mademoiselle; non, elle s'est abîmée dans la muraille près du passage secret.
ANNA.
Quel passage? pourrais-tu le reconnaître?
MARGUERITE.
A quoi bon? vous aurez beau faire, la statue ne reviendra que quand Julien sera de retour.
ANNA.
N'importe, reconnaîtrais-tu ce passage?
MARGUERITE.

Je n'en répondrais pas: tout ce que je me rappelle, c'est qu'il avait une issue sur cette pièce; mais en tout cas je n'irai jamais.

ANNA.
Moi j'irai; viens, guide-moi, c'est tout ce que je te demande.
[167]
MARGUERITE.

Mais, Mademoiselle, attendez donc, je ne peux pas vous suivre.

ANNA, l'entraînant. On vient, te dis-je, et je ne veux pas qu'on nous aperçoive. Elles sortent par la porte à gauche.

Scène III
Scène III.
Georges, Fermiers, Paysans, Habitants du Domaine.

CHŒUR.
Vive à jamais notre nouveau seigneur!
De ses vassaux qu'il fasse le bonheur!
GEORGES, à part, en entrant.
Allons, gaîment recevons leur hommage:
Je suis seigneur, il faut tenir l'emploi.

Aux paysans.

Les braves gens dont j'acquiers l'héritage,
Mes bons amis, valaient bien mieux que moi.

Regardant autour de lui.

Dieu! qu'est-ce que je voi?
CHŒUR.
Mais qu'a-t-il donc?
GEORGES.
Ces lambris magnifiques,
Ces chevaliers, ces armures gothiques;
C'est fait de moi, je n'y suis plus,
Mais déjà, j'en suis sûr, déjà je les ai vus!

Ensemble.
GEORGES.
D'où peut naître cette folie?
Et d'où vient ce que je ressens?
Dame blanche, est-ce ta magie
Qui vient encor troubler mes sens?
CHŒUR.
Il admire ces lieux charmants:
Combien sa vue est éblouie
De ces riches appartements!
MARCHE.

De jeunes filles viennent offrir à Georges les clés du château, et pendant ce temps le chœur commence le chant suivant.
[168]
CHŒUR.
Chantez, joyeux ménestrel,
Refrain d'amour et de guerre;
Voici venir la bannière
Des chevaliers d'Avenel.
GEORGES, avec émotion.
Quel est donc ce refrain?
CHŒUR.
C'est le chant ordinaire
De la tribu d'Avenel
GEORGES.
O moments pleins de charmes!
Où donc ai-je entendu cet air qui, malgré moi,
De mes yeux fait couler des larmes?
CHŒUR, reprenant l'air.
Chantez, joyeux ménestrel, etc.
GEORGES, les arrêtant.
Attendez ... j'achèverais, je crois.
Tra, la, la, la, la, la, la.

Se trompant.

Non, non, ce n'est pas cela.

Se reprenant.

Tra, la, la, la, la, la ...

Ensemble.
CHŒUR.
Il est sensible à nos accents:
Des vieux airs de notre patrie
Il aime à redire les chants.
GEORGES.
D'où peut naître cette folie?
Et d'où vient ce que je ressens?
Dame blanche, est-ce ta magie
Qui vient encor troubler mes sens?
GEORGES, gaiement.
Dans ce castel, mes amis, venez tous;
Autant qu'à moi ce domaine est à vous.
Que les buffets soient dressés sous la treille.
CHŒUR.
Que les buffets soient dressés sous la treille.
GEORGES.
Que l'on commence et la danse et les jeux.
[169]
CHŒUR.
Que l'on commence et la danse et les jeux.
GEORGES.
Que chaque fille épouse un amoureux.
CHŒUR DE JEUNES FILLES.
Que chaque fille épous' son amoureux.
GEORGES, à part.
Dans un instant il se peut qu'on m'éveille,
Dépêchons-nous de faire des heureux.
TOUS.
Vive à jamais notre nouveau seigneur!
De ses vassaux, il ferale bonheur!

Tous s'éloignent avec respect en voyant Georges qui est retombé dans sa rêverie.

GEORGES, reprenant l'air.
Tra, la, la, la, la, la ...
Où donc ai-je entendu cet air si plein de charmes,
Qui fait couler mes larmes?
Tra, la, la, la, la, la.

Il achève l'air à demi voix, et tous les paysans se retirent par la porte du fond.
Scène IV
Scène IV.

GEORGES, seul. C'est inconcevable! vingt fois dans mon imagination j'ai rêvé un château gothique comme celui-ci, une galerie comme celle-là. Ma foi, n'y pensons plus, car je m'y perds. Ces braves gens! ils ont déjà l'air de m'aimer, et je serais trop heureux de faire leur bonheur. Il n'y a que le chapitre des gratifications qui m'embarrasse: c'est terrible de parler en grand seigneur et de payer en sous- lieutenant. Mais il paraît que la dame blanche ne tient pas aux espèces monnayées, car depuis le temps qu'elle me protége, elle ne s'est jamais distinguée de ce côté-là. Eh! mais, c'est le seigneur Gaveston, qui m'a l'air d'un acquéreur désappointé.

Scène V
Scène V.
Georges, Gaveston.

GEORGES, allant à lui. Eh bien! mon cher hôte, qu'est-ce que je vous disais? vous me voyez enchanté à mon tour de pouvoir vous recevoir chez moi.

[170]
GAVESTON.

Vous vous doutez du sujet qui m'amène; je viens; Monsieur, vous demander l'explication de votre étrange conduite.

GEORGES.

Mon cher ami; demandez-moi tout ce que vous voudrez, hors des explications, parce que de ce côté-là ...

GAVESTON.
Je ne croyais pas qu'un militaire dût avoir recours à la ruse pour cacher ses intentions.
GEORGES.

Halte-là! je n'ai jamais trompé personne; je vous déclare donc que je me suis trouvé, comme beaucoup de gens, propriétaire d'un instant à l'autre, et sans savoir comment; mais je vous atteste qu'hier au soir; quand je suis arrivé chez vous, je n'avais pas plus d'intentions que d'argent, ça, je vous en donne ma, parole; et pour les preuves,Montrant son gousset. elles sont là.

GAVESTON, vivement et avec joie. Qu'entends-je! vous n'avez pas d'argent? Eh bien! alors, comment payerez-vous?

GEORGES.

Moi! cela ne me regarde pas! la dame blanche y pourvoira. Il paraît que dans cette occasion je suis son homme de confiance, son chargé d'affaires, car je ne suis acquéreur que pour son compte.

GAVESTON.
Vous voulez plaisanter?
GEORGES.

Non, Monsieur, et je vois que nous donnons tous les deux dans les excès opposés; moi, je crois tout, et vous, vous ne croyez rien! c'est un mal: le sage doit toujours prendre un juste milieu; je veux bien abandonner un peu de mon opinion, cédez-moi de la vôtre, et convenons tous les deux qu'il y a quelque chose, quelque chose que nous ne comprenons pas: mais pour être heureux, on n'est pas obligé de comprendre.

GAVESTON.
Quoi! Monsieur, ce riche domaine ...
GEORGES.

A vous parler franchement, je n'y tiens pas du tout, et, d'un instant à l'autre, j'attends un coup de baguette qui va faire disparaître le château. Ce qui m'importe, c'est de revoir [171] la dame blanche ou ma belle inconnue, et c'est dans l'espoir de la rencontrer que je vous demanderai la permission de parcourir mes nouveaux domaines.

GAVESTON, l'arrêtant. Un mot encore: si à midi vous ne pouvez pas payer!

GEORGES.

Le château est là, je ne l'emporte pas, j'en serai quitte pour le revendre; il est vrai que si on me l'achète au prix coûtant, ce n'est pas cela qui m'enrichira. Gaveston. Et si en attendant vous ne fournissez pas caution, M. Marc-Irton, le juge de paix, vous a dit qu'il y allait de la prison.

GEORGES.

La prison! eh bien! tant mieux! car en conscience, la dame blanche doit venir me délivrer, et c'est un moyen de la voir; mais tenez, tenez, voici M. Marc-Irton qui a l'air de vouloir vous parler: adieu, je vais visiter mon château, et me hâter de faire le seigneur. Il monte par l'escalier à gauche, et disparaît dans la galerie.

Scène VI
Scène VI.
Gaveston, Mac-Irton.

GAVESTON.

Je n'y conçois rien; il a une franchise et une étourderie qui déjouent tous mes calculs. Ah! c'est vous, monsieur Marc-Irton?

MAC-IRTON, mystérieusement. Oui; êtes-vous seul?

GAVESTON.

Certainement.

MAC-IRTON. J'ai à vous parler; mais fermons d'abord toutes les portes. Il va fermer la porte du fond, et Gaveston va regarder au haut de l'escalier, à gauche, si Georges s'est éloigné. Pendant ce temps, Anna entr'ouvre le panneau qui est sur le premier plan, à gauche.

Scène VII
Scène VII.
Les Précédents, Anna.

ANNA, à part. Voici bien le passage mystérieux qui conduit dans cette salle; [172] mais, hélas! je n'ai encore rien trouvé. Avançant la tète. Que vois-je? Gaveston! Écoutons, et ne nous montrons pas. Elle referme le panneau et disparaît.

GAVESTON, redescendant le théâtre. Eh bien! qu'avez-vous à m'apprendre?

MAC-IRTON. D'importantes nouvelles! Il faut vous hâter, ou vous êtes perdu: le fils de vos anciens maîtres, Julien, comte d'Avenel, a reparu en Angleterre.

GAVESTON.

Qui vous l'a annoncé?

MAC-IRTON. Une lettre de Londres, et des titres authentiques que nous ne pouvons révoquer en doute. Vous savez qu'il y a une douzaine d'années, Julien d'Avenel fut confié à un serviteur de son père, Duncan, un Irlandais que vous connaissez.

GAVESTON.

Oui. Après?

MAC-IRTON. On lui avait remis une somme considérable pour conduire cet enfant en France et l'y faire élever secrètement; mais, loin de suivre ses instructions, Duncan s'était embarqué pour l'Amérique, et s'était approprié cette somme.

GAVESTON.

Eh bien?

MAC-IRTON. Eh bien! ce Duncan, de retour en Angleterre, a signé, il y a quinze jours, dans l'hospice où il est mort, une déclaration devant témoins portant que Julien, comte d'Avenel, son ancien élève, servait maintenant dans un régiment d'infanterie. Gaveston. Eh bien! qu'importe?

MAC-IRTON. Comment, qu'importe? Il sert sous le nom de Georges Brown.

GAVESTON.

O ciel!

MAC-IRTON. Comprenez-vous maintenant? c'est lui qui, ce matin, a surenchéri, et vous devinez dans quelle intention?

[173]
GAVESTON.
Non, vous vous trompez; rien n'est encore désespéré, car il ignore et son nom et sa naissance.
MAC-IRTON. Il se pourrait?
GAVESTON.

Mais il ne peut pas payer. Il n'a rien, aucunes ressources: il me l'a avoue lui-même; et quand je serai propriétaire du château et du titre de comte d'Avenel, peu m'importe alors que Georges Brown soit reconnu pour un descendant de l'ancienne famille: je le lui apprendrai moi-même s'il le faut.

MAC-IRTON. Vous avez raison.

GAVESTON.
L'important est de se presser, venez tout disposer. Ils sortent sur la ritournelle de l'air suivant.
Scène VIII
Scène VIII.

ANNA, entr'ouvrant le panneau à gauche, et paraissant sur le théâtre.


Récitatif.

Hélas! quel est mon sort, et que viens-je d'apprendre?

Celui que j'ose aimer est Julien d'Avenel!

Ce rang et ces trésors que je voulais lui rendre

Vont mettre entre nous deux un obstacle éternel.

Fais, Dieu puissant, qui connaîs ma tendresse,

Qu'il ne puisse jamais recouvrer sa richesse,

Qu'il demeure inconnu, sans bien comme aujourd'hui:

Sa pauvreté du moins me rapproche de lui.

Scène IX
Scène IX.
Anna, Marguerite.
Duo.

MARGUERITE.
Mademoiselle,
Mademoiselle,
J'apporte une bonne nouvelle.
ANNA.
Qu'est-ce donc?
MARGUERITE.
Pour nous quel plaisir!
[174] Julien, Julien va revenir.
ANNA.
O ciel! qui te l'a dit?
MARGUERITE.
Personne:
Et pourtant la nouvelle est bonne,
Ce présage ne peut mentir:
De mes yeux j'ai vu la statue,
La dame blanche est revenue.
ANNA.
Grand Dieu! quel malheur est le mien!
Tu l'as vue?
MARGUERITE.
Ah! j'en suis certaine,
Dans la chapelle souterraine;
Où j'allais prier pour Julien.
ANNA, à part.
Dans cette enceinte respectée
Où, la nuit du départ, le comte, je le voi,
L'avait lui-même transportée ...
Allons, tout est fini pour moi!

Ensemble.
MARGUERITE.
Pour nous, Mademoiselle,
Quelle bonne nouvelle!
J'en mourrai de plaisir,
Julien va revenir!
ANNA.
O souffrance cruelle!
O douleur éternelle!
Oui, dussé-je en mourir,
Allons, il faut partir.
MARGUERITE.
Et puis Julien; la bonté même;
Va sur-le-champ vous marier
A ce jeune et bel officier,
Ce monsieur Georges qui vous aime.
Mais qu'avez-vous? répondez-moi;
Vous pâlissez, oui, je le voi!
ANNA.
A l'instant même, Marguerite,
Prépare tout pour notre fuite.
[175]
MARGUERITE.
Que dites-vous?
ANNA.
Il faut que toutes deux,
Tout à l'heure en secret nous partions de ces lieux.
MARGUERITE.
Y pensez-vous? et pourquoi donc, grands dieux?
ANNA.
Tais-toi, c'est pour Julien!
MARGUERITE.
Vraiment!
C'est pour Julien? ah! j'y cours à l'instant.

Ensemble.
MARGUERITE.
Pour nous, Mademoiselle,
Quelle bonne nouvelle!
J'en mourrai de plaisir,
Julien va revenir.
ANNA.
O souffrance cruelle!
O douleur éternelle!
Oui, dussé-je en mourir,
Allons, il faut partir.

Marguerite sort.
Scène X
Scène X.

ANNA, seule. Oui, redoublons le mystère qui me cache à ses yeux! qu'il soit riche, qu'il soit heureux, mais qu'il ne puisse soupçonner la main qui lui rend son héritage; qu'il ne connaisse jamais la pauvre fille qui l'aimait et qui lui sacrifie son bonheur. Et vous, mes anciens maîtres, vous, mes bienfaiteurs, maintenant nous sommes quittes, je vous ai payé ma dette.

Scène XI
Scène XI.
Anna, Jenny.

JENNY.
Ah! mon Dieu! mon Dieu! qu'est-ce que cela veut dire?
ANNA.
Qu'est-ce donc?
[176]
JENNY.
Voici encore M. Marc-Irton et des hommes de loi, des habits noirs, qui arrivent au château.
ANNA.
Grands dieux! il n'y a pas de temps à perdre, courons à la chapelle. Elle sort par la droite.
JENNY.

Eh bien! elle s'en va sans me répondre; est- ce que c'est honnête? Mais où est donc notre nouveau seigneur? on ne le voit plus. Est-ce que les grandeurs l'auraient changé?

Scène XII
Scène XII.
Jenny, Georges, venant de la gauche et paraissant au fond sur la galerie.

GEORGES.

En honneur, impossible de la rencontrer, je suis toujours à attendre quelque apparition qui n'arrive pas. Descendant par l'escalier à gauche. A chaque femme que j'aperçois, je crois toujours que c'est elle. Eh mais! en voici une. Courant à Jenny qu'il n'aperçoit que par derrière.

JENNY.
Eh bien! Monsieur, qu'est-ce que vous faites donc?
GEORGES.

Non, c'est ma gentille fermière.

JENNY, à part. Ma gentille fermière! je me trompais, il n'est pas changé.

GEORGES, la regardant. Ou plutôt, car il faut se méfier de tout, c'est peut-être une nouvelle forme qu'elle a prise; car elle ne paraît jamais que sous les traits d'une jolie femme: en tout cas, ça m'est égal, je m'en vais bien voir.

JENNY.
Qu'est-ce que vous avez donc à me regarder ainsi?
GEORGES, la regardant tendrement. Un mot seulement; es-tu bien sûre d'être madame Dikson?
JENNY.
Tiens, c'te question!
GEORGES.
Tu hésites, ce n'est pas vrai.
[177]
Scène XIII
Scène XIII.
Les Précédents, Dikson.

DIKSON, qui á entendu lés derniers mots. Si, Monsieur, c'est vrai, c'est ma femme; et ce n'est pas bien à vous de venir élever des doutes sur ce sujet-là après tout le tort que vous m'avez déjà fait!

JENNY.
Du tort, et en quoi donc?
DIKSON.

Ils prétendent tous dans le pays que cette nuit la dame blanche lui est apparue, et qu'elle lui a donné ce château et plusieurs millions: or, c'est à moi que tout ça revenait si hier au soir je n'avais pas cédé ma place.

JENNY.
Là, qu'est-ce que je te disais! ce que c'est que d'être poltron!
DIKSON.
C'est toi, au contraire, qui m'as empêche d'y aller.
JENNY.

Est-ce que tu devais m'écouter? le devoir d'une femme c'est d'avoir peur; mais un homme, c'est différent.

DIKSON.

Nos devoirs sont les mêmes.

GEORGES, passant entre eux. Doucement, mes amis, ne vous fâchez pas, je ne tiens pas au château; et, s'il vous fait grande envie, je vous l'abandonne.

DIKSON, avec joie. Il serait possible!

GEORGES.

Oh! mon Dieu oui ... Montrant toutes les personnes qui arrivent. Et tu peux devant ces messieurs t'en déclarer propriétaire.

Scène XIV
Scène XIV.
Les Précédents, Gaveston, Mac-Irton, Marguerite, Fermiers, Habitants d'Avenel, Gens de Justice.
Final.

MAC-IRTON ET LES GENS DE JUSTICE, à Georges.

Voici midi: la somme est-elle prête?

Il faut payer ou fournir caution.

[178] Au nom du roi, Monsieur, je vous arrête;

Il faut payer ou marcher en prison.

GEORGES, gaiement.

Adressez-vous donc à Dikson.

DIKSON.
Qui, moi, Messieurs? oh! ma foi non.
GEORGES, de même.
Tu ne veux plus prendre ma place?
DIKSON.
Non, vraiment; reprenez, de grâce,
L' château que vous m'avez donné.
GEORGES.
C'est bien.

A Marc-Irton.

Mais quelle impatience!
L'heure n'a pas encor sonné;

A Gaveston.

Vous savez que j'ai confiance.
GAVESTON.
Et quelle est donc votre espérance?
GEORGES.
La dame blanche d'Avenel.

On entend le prélude de la harpe.

Tenez, entendez-vous?
GAVESTON ET LE CHŒUR.
O ciel!

Ils se pressent tous en cercle sur le devant du théâtre, et pendant ce temps Anna, vêtue de blanc et tenant sous son voile un coffret, paraît à droite de la galerie qu'elle traverse lentement. Gaveston, Julien et le chœur, qui sont sur le devant du théâtre, lui tournent le dos et ne l'aperçoivent point encore.
Ensemble.
GEORGES.
O toi que je révère!
O mes seules amours!
Déité tutélaire,
Tu viens à mon secours.
MAC-IRTON, GAVESTON, CHŒUR.
Quel est donc ce mystère
Qui protège ses jours?
Quel pouvoir tutélaire
Lui prête son secours?

Pendant cet ensemble, Anna a traversé la galerie, a descendu l'escalier à [179] gauche, et est venue se placer debout sur le piédestal de la dame blanche qui est au bas de l'escalier à gauche; en ce moment tout le monde se retourne et l'aperçoit.
MARGUERITE ET TOUS LES PAYSANS,
se prosternant.
C'est elle!
ANNA, du haut du piédestal.
En ce castel est le fils de vos maîtres,
Et ce noble guerrier, digne de ses ancêtres,
Ce dernier rejeton des comtes d'Avenel ...
GEORGES.
Quel est-il?
ANNA.
C'est toi-même!
JULIEN.
O ciel!
ANNA.
Julien, de tes vassaux reçois enfin l'hommage:
Ce château t'appartient,

Montrant le coffret caché sous son voile.

Et cet or est à toi.
Ton père en d'autres temps l'a remis à ma foi,
Pour racheter son héritage.

Descendant lentement les marches, et posant le coffret sur le piédestal, elle s'avance au milieu du théâtre, mais à quelque distance de Julien.

Je parais à tes yeux pour la dernière fois!
MARGUERITE, passant à la droite de Georges et le serrant dans ses bras.
Mon cher Julien, je te revois.
ANNA.
Je pars, et qu'aucun téméraire
N'arrête ou ne suive mes pas.

Tous lui ouvrent un passage et s'inclinent sans oser la regarder. Georges, que Marguerite serre dans ses bras, veut s'en dégager poursuivre Anna. Dikson, qui est à gauche, le retient fortement. Pendant ce temps, Gaveston, qui a remonté le théâtre, se trouve au fond en face d'Anna, et la saisit par la main.
GAVESTON.
Non, sous mes pieds dût s'entr'ouvrir la terre,

La ramenant sur le devant du théâtre.

Quique tu sois, tu ne sortiras pas.
LE CHŒUR.
Tremblez! tremblez! redoutez sa colère.
GAVESTON.
Non, je découvrirai ce funeste mystère,
[180] Et l'ennemi secret qui s'attache à mes pas.

Arrachant son voile.

MARGUERITE, GAVESTON ET LE CHŒUR.
Que vois-je? Anna!
ANNA, se jetant aux genoux de Julien.
C'est elle-même!
JULIEN, avec joie et cherchant à la relever.
Je retrouve celle que j'aime,
Celle à qui j'ai donné ma foi.
ANNA.
Orpheline et sans biens, je ne puis être à toi.
JULIEN.
Le ciel a reçu ma promesse;
Je renonce aux trésors, au rang que je té doi,
S'il faut les partager avec d'autres que toi.
CHŒUR.
Elle est digne d'être comtesse:
Elle doit accepter sa main.
ANNA, tendant la main à Julien.
Vous le voulez?
JULIEN.
Ah! quelle ivresse!
MARGUERITE.
Quel bonheur! je retrouve enfin
Ce cher enfant que j'ai vu naître.
JENNY.
Nous retrouvons un bon maître.
DIKSON.
Et mon fils un bon parrain.
CHŒUR.
Chantez, joyeux ménestrel,
Refrains d'amour et de guerre;
Voici revenir la bannière
Des chevaliers d'Avenel.
Fin de la Dame Blanche.

Eugène Scribe
Die weiße Dame
Komische Oper in drei Aufzügen

Personen

      [32] Personen
    • Gaveston, Verwalter der ehemaligen Grafen von Avenel (Baß)

    • Anna, seine Mündel (Sopran)

    • Georg, ein junger englischer Offizier (Tenor)

    • Dikson, Pächter der Grafen von Avenel (Tenor)

    • Jenny, seine Frau (Sopran)

    • Margarethe, eine alte Dienerin der Grafen von Avenel (Sopran)

    • Mac-Irton, Friedensrichter (Baß)

    • Gabriel, Knecht des Pächter Dikson (Baß)

    • Gerichtsbeamte. Gerichtsdiener. Pächter und Pächterinnen. Bauern und Bäuerinnen

[32] Ouvertüre.

1. Akt

1. Szene
Erster Auftritt.
Schottische Bauern und Bäuerinnen mit Blumensträußen geschmückt. Patenführer. Musikanten. Anfänglich stehen auf den Felsvorsprüngen einzelne Männer und geben auf ihren sonst am Gürtel hängenden kleinen Hörnern den Gefährten Zurufe. Männer und Frauen eilen darauf von oben und von allen Seiten herbei, andere folgen; man begrüßt einander, mit den Baretts
winkend, die Hände schüttelnd und kommt in Gruppen allmählich vor.
Nr. 1. Introduktion und Chor.

CHOR DER BERGBEWOHNER.
Erklinget, erklinget, ihr Hörner und Schalmeien!
Die Bergbewohner sind vereint,
Festlich der Taufe ein Kind zu weihen.
Das ist ein Tag voll hoher Wonne,
Für Anverwandte, für Eltern und Freund'!
Erklinget, erklinget, ihr Hörner und Schalmeien!
Die Bergbewohner sind vereint,
Sind all' vereint, sind all' vereint!
Sie tanzen.
Jenny und Dikson kommen festlich geschmückt mit verdrießlicher Miene von rechts aus dem Hause.

[33]
2. Szene
Zweiter Auftritt.
Die Vorigen. Jenny, Dikson zu ihrer Linken.

EIN SCHOTTE
geht Dikson entgegen.
Was, Vetter, giebt's? Eilt es zu sagen!

Der Tanz wird unterbrochen.
DIKSON.
Freunde, ach! kaum kann ich den Verdruß ertragen,
Daß mein Sohn heute nicht getaufet werden kann.
CHOR
sich um Dikson und Jenny sammelnd, erstaunt.
Und weshalb denn? Schnell sag es an!
DIKSON.
Zu einer Taufe –
CHOR
einfallend, bedauernd.
Nur der Pate gebricht?
DIKSON.
Ja, da sitzt's! den Paten hab ich nicht!
Ja, ja, der Pate fehlt!
JENNY.
Welch ein Los trifft uns!
Der Pate fehlt!
CHOR.
Welch ein Los trifft uns!
Alles ist bestellt und der Pate fehlt!
DIKSON.
Den Paten wählt ich von hohem Stande,
Unser Richter sollte es sein;
Doch grad heut recht krank zu werden, heute,
Fällt dem alten Herren ein.
CHOR.
Wie wird der Richter hier ersetzt?

Mißmutig zu einander.

Muntre Tänze, frohe Spiele,
Ach, alles ist zu Ende jetzt!
Welche Trauer füllet alle Herzen an!
JENNY
zu ihren Gefährtinnen.
Der Pate, ja, der muß vornehm sein!
Das bringt meinem Sohn Glück allein.
Muntre Tänze, frohe Spiele,
Ach, alles ist zu Ende jetzt!
Welche Trauer füllet alle Herzen an!
[34] DIKSON zu seinen Gefährten.
Der Pate, ja, der muß vornehm sein!
Das bringt meinem Sohn Glück allein.
Ach, keine Tänze! ach, keine Spiele!
Denkt nicht mehr dran!
Freunde, denkt nicht dran!

Beschwichtigend.

Nein, nein! Denkt nicht daran! Nein, denkt nicht daran!
Glaubt mir, denkt nicht mehr dran!
Die Schotten wenden sich zum Abgang.
Georg Brown in der einfachen Uniform eines Unterlieutenants, ein kleines Päckchen an seinen Degengriff geknüpft, seinen Mantel mit dem Degen selbst auf der Schulter tragend, zwei Pistolen im Gürtel, eine Börse in der Tasche, kommt von links den Berg herab.
3. Szene
Dritter Auftritt.
Jenny und Dikson. Georg Brown. Schottische Bauern und Bäuerinnen.

DIKSON
der Georg zuerst erblickt; erstaunt.
Seht ihr diesen Fremden nahn?
CHOR
neugierig.
Seht ihr diesen Fremden nahn?
DIKSON.
Seht einen Fremden sich hier nahn!
CHOR.
Seht ihr diesen Fremden nahn?
JENNY, DIKSON, CHOR sich gegenseitig befragend.
Wer ist wohl der junge Mann?
GEORG
ist inzwischen nach vorn gekommen und nimmt zwischen Jenny und Dikson die Mitte.
Wollt ihr, o Freunde, sprecht,
Mir Herberg' wohl verleihn?

Er zieht seine Börse und hält sie ihnen entgegen.

Seht hier – dies Geld! – Nehmt es,
Mich quält der Hunger sehr!
DIKSON
das Geld zurückweisend.
Was soll's?
GEORG.
Nehmet doch!
[35]
DIKSON.
Was soll's?
GEORG
dringlicher.
Nehmet doch!
DIKSON
mit Edelmut.
Schottlands Bergbewohner nehmen hier
Jeden Fremdling gerne auf;
Doch Gastfreundschaft geben wir
Nie für schnödes Gold zum Kauf!
Nennet uns Euren Stand!
GEORG.
Früh dient' ich dem Vaterlande,

Stolz.

Und bin jetzt des Königs Offizier.
ALLE ANDERN
mit Zeichen des Erstaunens.
Des Königs Offizier! des Königs Offizier!
DIKSON.
Der Titel g'nügt, er macht Euch Ehre,
Seid doppelt nun willkommen mir.
GEORG.
O Freunde, nehmt den besten Dank
Für eure Güte im voraus an,
Für eure Güte an!
Dikson nimmt Georg den Mantel, den Degen und das Bündel ab, trägt die Gegenstände in das Haus
zur Rechten, kommt sogleich zurück und tritt Jenny zur Linken.
Nr. 2. Arie mit Chor.
GEORG.
Ach, welche Lust, Soldat zu sein!
Man dient mit tapf'rem Mute
Dem Fürsten, dem Staate allein,
Und verläßt mit leichtem Blute
Die Geliebte, eilt in der Helden Reihn;
Ach, ach, welche Lust, Soldat zu sein! –
Er eilt beim Schalle der Trompeten,
Beim Wirbel der Trommel ins Feld!
Des Vaterlands Ehre zu retten,
Opfert freudig sein Leben der Held.
Höret ihr, wie dort ertönt
Tapfrer Brüder Kriegsgesang?
Jubelnd ehren sie unsre Sieger,
[36] Mit Ruhm gekrönt, beim Becherklang!
So trinkt aufs Wohl unserer Krieger all,
Hoch leb' ihr Mut und unser General!
Hoch ehret ihren Mut und unsern General!
Ach, ach, welche Lust, Soldat zu sein!
Man dient mit tapf'rem Mute
Dem Fürsten, dem Staate allein,
Und verläßt mit leichtem Blute
Die Geliebte, eilt in der Helden Reihn;
Ach, ach, welche Lust, Soldat zu sein!
Seiner harrt nun bald der Lohn.
Friede führt zum Glücke,
Führt zur Heimat freundlich ihn zurücke.
Welch Schauspiel erwartet ihn nun!
Hier ein Vater, dort ein Freund,
Die voll Wonn', ihn umarmend, am Herzen ruhn.
Erfreut ruft jeder: Er ist's, ja, er ist's, er ist hier!
Ihn begrüßend, herzlich küssend,
Rufen sie: seht des Dorfs schönste Zier!
Ja, selbst der Greis, der ihn erblicket,

Er legt die Hand an den Hut.

Ehrend den Mut, zieht schnell den Hut.
Ja, Soldat zu sein, ist in jedem Land stets der herrlichste Stand.
Seiner harrt nun bald der Lohn.
Friede führt zum Glücke,
Führt zur Heimat freundlich ihn zurücke.
Welch Schauspiel erwartet ihn nun!
Hier ein Vater, dort ein Freund,
Die voll Wonn', ihn umarmend, am Herzen ruhn.
Erfreut ruft jeder: Er ist's, ja, er ist's, er ist hier!
Und die Mutter eilt voll Entzücken,
In die Arme den Sohn zu drücken!

Er ahmt die Mutter in Ton und Gebärden nach.

»Ist es wahr, was ich seh?
[37] Ja, er ist's! er ist da!

Er thut, als ob er küsse.

Du bist da? Ja, du bist's!
Ja, du bist's, teurer Sohn!« –
ALLE ANDERN Freude und Teilnahme bezeigend.
Ach, ja! so ist es wahrlich, ja! –
GEORG
fast gesprochen.
Doch es suchen meine Blicke
Umsonst mein Liebchen,
Das ich einst ließ hier zurücke.
Wo mag sie weilen? –

Nach einer kleinen Pause, in der er sie vergebens zu suchen scheint; gesprochen.

Ei, ei!
Ich versteh! – Ich versteh! – Ich versteh! –

Wehmütig.

Ach, welche Lust, Soldat zu sein!

Sich die Gedanken aus dem Kopf schlagend.

Ach, welche Lust, Soldat zu sein!
ALLE ANDERN.
Ach, welch ein schöner Stand,
Dem Staate sich zu weihn!
Ach, welche Lust, Soldat zu sein!
Nr. 3. Recitativ und Duett mit Chor.
JENNY
für sich.
Welch ein herrlich Gemüte!
Welch ein freundlich Gesicht!

Beiseite zu Dikson.

Wir bitten zu Gevatter ihn.
DIKSON
erschrocken, leise.
Wo denkst du hin? Das schickt sich nicht!
JENNY
leise.
Laß mich gewähren!
DIKSON
leise.
Wo denkst du hin?
JENNY
leise.
Laß mich gewähren!
DIKSON
leise.
Wo denkst du hin?
Fürwahr, fürwahr, das schickt sich nicht! –
JENNY
schiebt ihn zurück, tritt an ihm vorüber, Georg näher und verneigt sich tief vor Letzterem.
Mit Dank erkennend des Himmels Güte,
[38] Der uns durch einen teuren Sohn erfreut,
Und soll einst Mut und sanft Gemüte
Das Geschick ihm verleihen,
So schenken Sie dem Wunsch Gedeihn,
Und werden Sie des Kindes Pate heut.
GEORG.
Pate ich?
JENNY.
O schenken Sie dem Wunsch Gedeihn,
Und werden Sie des Kindes Pate heut!
GEORG.
Wie? Ich soll des Kindes Pate sein?
ALLE ANDERN
dringend.
Williget ein, ihm Pate heut zu sein!
GEORG
zu Jenny.
O könnt ich einst, um meine Schuld zu lösen,
Dem holden Sohn ein heit'res Los verleihn!

Jenny wohlgefällig betrachtend.

Doch so viel Reiz muß wohl Reu einflößen,
Ja, Reu einflößen – des Kindes Pate nur zu sein,
Nur des Kindes Pate zu sein!
DIKSON
tritt hinter beiden weg, Georg zur Linken.
Wie gut er ist!
JENNY UND CHOR.
Ach, welch Gemüte!
GEORG.
Des Kindes Pate nur zu sein;
Ja, Pate ihm, Pate ihm nur zu sein!
Ich will'ge ein, ihm Pate heut zu sein!
ALLE ANDERN.
Williget ein, ihm Pate heut zu sein!
DIKSON
erfreut.
Ihr willigt ein?
GEORG
tritt an Jenny vorüber nach rechts vorn.
Recht gerne!
DIKSON
gesteigert.
Ihr willigt ein?
JENNY
entzückt.
Welch ein Glück!
DIKSON UND CHOR
mit Gebärden der Freude.
Welch ein Glück!
DIKSON
geschäftig zu Jenny.
Nun schnell, eile denn zum Priester hin!

Zu den ihm zunächststehenden Freunden und Frauen.

Und ihr besorget die Mahlzeit, ich bitte!

[39] Zu Georg.

Denn bei uns, so will's die Sitte,
Ißt und trinkt man stets zuvor.
GEORG.
Herrlich, herrlich ist diese Sitte
Und im voraus lad' ich mich ein! –
Mit Lust füll ich den Becher dann,
Und stimm' ein heitres Lied, ein heitres Liedchen an!
Mit Lust füll' ich den Becher dann,
Und stimm' ein heitres Lied, ein heitres Liedchen an!
ALLE ANDERN.
Mit Lust füllt er den Becher dann
Und stimmt ein heitres Lied, ein heitres Liedchen an!
JENNY.
Ach, welch ein lieber Herr!
DIKSON.
Ach, welch ein lieber Herr!
Ach, welch ein freundlicher Herr!
CHOR.
Ach, welch ein freundlicher Herr!
GEORG.
Ach, ich wünsche nichts mehr!

Er geht von Jenny begleitet, nach rechts in das Haus, um das Kind zu begrüßen.
DIKSON.
Freunde, nun stimmet an!
Erklingt! erklingt! erklingt!
DIKSON UND CHOR.
Erklinget, erklinget, ihr Hörner und Schalmeien!
Die Bergbewohner sind vereint,
Festlich der Taufe ein Kind zu weihen.
Das ist ein Tag voll hoher Wonne,
Für Anverwandte, für Eltern und Freund'!
Erklinget, erklinget, ihr Hörner und Schalmeien!
Die Bergbewohner sind vereint,
Sind all vereint, sind all vereint!
Georg und Jenny kommen von rechts aus dem Hause zurück.
Jenny eilt mit einigen Gefährtinnen nach rechts hinter dem Hause ab, um den Priester zu holen.
Die Bauern und Bäuerinnen zerstreuen sich nach allen Seiten hin; einige gehen nach rechts ins Haus, andere verschwinden langsam nach rechts und links.
Eine kleine Gruppe verweilt im Hintergrunde.

[40]
4. Szene
Vierter Auftritt.
Georg, Dikson zu seiner Linken. Eine kleine Gruppe Bauern im Hintergrunde.

GEORG
spricht.

Nun wohl, so bleibe ich denn hier, im Kreise dieser guten Leute, als ein Mitglied der Familie! Wahrhaftig, diesen Morgen hätt' ich nicht gedacht, daß mir heute noch ein solches Ehrenamt zu teil werden sollte.

DIKSON.

Ihr beehrt durch Eure Güte einen armen Landmann umsomehr, da, wie unsere Väter sagen, ein neugebornes Kind stets von der Einwirkung böser Wesen bedroht ist – und besonders hier in Schottland.

GEORG.
Wirklich?
DIKSON.
Ja, es ist ein böses Land! Doch nun von dem Kinde zu reden – Ihr thut es doch nicht ungern?
GEORG.

O sehr gern. Was kann ein Offizier auf Urlaub Besseres thun! Man muß seine Zeit nützlich anwenden. Und leiste ich nicht, indem ich Gevatter stehe, zugleich dem Staate einen wesentlichen Dienst?

DIKSON.

Ihr erweist einem armen Pächter eine große Ehre. Aber mein Herr, Ihr habt mir Euren Namen noch nicht gesagt.

GEORG.
Richtig. Ehe ich dem Kinde meinen Namen geben kann, muß ich ihn doch vorher nennen. Ich heiße Georg.
DIKSON.
Georg? Das ist doch wohl nur Euer Taufname?
GEORG.

Für heute braucht ihr ja keinen andern. Indessen – wenn euch daran liegt: Georg Brown. Im übrigen weiß ich euch nicht mehr zu sagen. Außer einigen dunkeln Erinnerungen habe ich sonst keine Kenntnis mehr von meiner Familie. Ich besinne mich wohl noch auf einige Bediente, die mich auf ihren Armen trugen und an deren glänzenden Livreen ich mich ergötzte, auf ein junges Mädchen, mit dem ich erzogen wurde, auf eine alte Frau, die mir immer schottische Romanzen sang und schauerliche Märchen [41] zu erzählen wußte. Doch mit einemmale, ich weiß nicht wie und warum, wurde ich auf ein Schiff gebracht und den Befehlen eines Mannes Namens Dunkan übergeben, der Hochbootsmann auf dem Schiffe war und sich meinen Oheim nannte. Er behandelte mich sehr rauh und lehrte mich den Seedienst. Nach einigen Jahren übler Behandlung gelang es mir, zu entkommen und ich entfloh, nicht einen Schilling in der Tasche.

DIKSON.
Armer junger Mann!
GEORG.

O ich war nicht zu beklagen. Ich war ja frei und mein eigener Herr! Ich wurde Soldat des Königs. Seit jenem Augenblick bin ich der glücklichste Mensch auf Erden. Es sind jetzt sechs Monate her – ich war eben zum Unterlieutenant ernannt worden – stand ich an der Seite meines Obersten vor einer Batterie. »Georg,« rief er mir zu, »geh zurück,« indem er sich vor mich stellte. Ihr könnt wohl denken, daß ich diesem Befehl nicht Folge leistete und mich im Gegenteil dem Schusse entgegen warf. Vergebens! Wir fielen beide – er, um nie wieder zu erwachen.

DIKSON.
So starb er?
GEORG.

Auf dem Felde der Ehre! Er lüftet den Hut. Er starb den Tod des Helden! Den Blick nach oben gerichtet. Möge er dort für mich ein gleiches Los erbitten. Als ich wieder zu mir kam, befand ich mich in einer mir unbekannten Hütte, an meiner Seite ein junges hübsches Mädchen, das mich mit unendlicher Sorgfalt pflegte und dem ich ohne Zweifel die Erhaltung meines Lebens verdankte. Sie hatte mir verboten zu sprechen, ich konnte daher nur durch Gebärden dem holden Wesen meine Dankbarkeit zu erkennen geben – und das Verlangen, zu wissen, wer meine Wohlthäterin sei – doch sie vertröstete mich auf meine Genesung. Eines Tages erwartete ich sie vergebens zur gewohnten Stunde, sie kam nicht wieder. Unruhig und betrübt verließ ich schnell die Hütte, denn von meinen Wunden war nur eine – hier Er zeigt nach dem Herzen. ungeheilt geblieben: es war die Liebe zu meiner schönen Pflegerin. Ach und seitdem suche ich vergebens der holden Unbekannten auf die Spur zu kommen.

[42]
DIKSON.

Das war gewiß Euer Schutzengel, ein guter menschenfreundlicher Geist, deren es hier im Hochlande so viele giebt!

GEORG.

Daran erkennt man sogleich den Schotten wieder. Indes leicht möglich! Statt der Geliebten traf ich in London meinen alten Freund und Lehrer Dunkan wieder. Er war sehr erstaunt, mich in meinem jetzigen Stande zu sehen und ich hatte große Lust, trotz unserer Verwandtschaft ihn für die frühere Ironisch. gute Behandlung Gleiches mit Gleichem zu vergelten, doch er war alt und schwach und wird nicht lange mehr leben. Ich teilte meine nicht eben große Habe mit ihm und verlangte von ihm nichts, nicht einmal seine Erbschaft.

DIKSON.
Das war gewiß großmütig; aber das wird Euch auch Glück bringen.
GEORG.
Das sagte er mir beim Abschiede auch.
Jenny kehrt mit ihren Gefährtinnen von rechts hinter dem Hause zurück.
Die Letzteren gehen nach rechts ins Haus, kommen aber später auf Jennys Wink mit Speisen und
Getränken wieder heraus, wobei von den Männern zugleich Tische, Bänke und Stühle herbeigetragen werden.
5. Szene
Fünfter Auftritt.
Die Vorigen. Jenny. Auf Winke der Männer im Hintergrunde kommen die Andern von allen Seiten herbei.
Nr. 4. Terzett und Chor.

DIKSON
geht Jenny entgegen.
Doch mein Weibchen seh' ich eilig kommen.
JENNY
die Mitte nehmend, verlegen zu Georg.
Ach, mein Herr! Sie verzeihen,
Kaum wag' ich's, doch ist die Schuld nicht mein!
GEORG UND DIKSON.
Nun, was giebt's?
JENNY.
Ach, die Taufe, wie ich vernommen,
Kann erst spät –
GEORG UND DIKSON.
Kann erst spät ?
JENNY.
Am Abend sein.
[43] Und gewiß wollt Ihr hier nicht weilen.
Ihr wollt fort?
GEORG
heiter.
Gern bleib' ich hier am Ort.
Weshalb auch eilen? Weshalb auch eilen?
Da, wo mir Freude lacht,
Weil' ich gern – will nicht fort!
JENNY UND DIKSON.
Hier in dürft'ger Hütte –
DIKSON
erfreut.
Weilet Ihr?
JENNY
ebenso.
Verweilet Ihr?
GEORG.
Gern bleib' ich hier!
DIKSON
gesteigert.
Bis morgen früh?
JENNY
ebenso.
Bis morgen früh?
GEORG.
Ich lüge nie!
DIKSON
wie oben.
Mit uns eßt Ihr?
JENNY
ebenso.
Mit uns eßt Ihr?
GEORG.
Gern eß ich hier!
DIKSON.
Ja, mit uns?
GEORG.
Ja, recht gern!
JENNY UND DIKSON.
Mit uns eßt Ihr?
GEORG.
Ja, recht gern!
JENNY UND DIKSON.
Ach, nie sah ich solchen art'gen Herrn,
Ja, alles, alles thut er gern.
GEORG.
Bei wackern Leuten bleib ich gern.
DIKSON
zu Jenny.
Was nur Keller und Küch' vermag,
Bring', lieb' Weibchen, mich hungert sehr.
Jenny ordnet an, daß von rechts aus dem Hause ein gedeckter Tisch mit Speisen, Flaschen und Gläsern versehen, herbeigebracht und von drei Stühlen umgeben, rechts vorn aufgestellt wird; ebenso im Hintergrunde eine lange Tafel.
DIKSON.
Eure Hand, lieber Herr!

Er reicht Georg die Hand.

Für uns, welch festlicher Tag!
Tanz.
DIKSON
zu seinen Gefährten.
Freunde, trinkt! Fröhlich besingt
Die Gastfreundschaft heut!
[44]
GEORG
zu Jenny.
Minnelob, Schönheit und Ehre besing' ich heut.
JENNY
zu Georg.
Fröhlich trinkt, stimmt ein Lied der Gastfreundschaft an!
GEORG
zu Jenny.
Seh' ich Euch, Schönheit nur besing' ich dann.

Er wendet sich mit Jenny zum Tisch rechts.
CHOR.
Freunde, trinkt! Froh besingt
Die Gastfreundschaft heut!
Die Bauern mit ihren Frauen nehmen an der Mitteltafel, am Steinsitz links vorn und auf Felsvorsprüngen Platz, lachen, scherzen, essen, trinken und tanzen.
DIKSON
zeigt nach dem Mittelplatz am Tisch rechts.
Hier uns'rem liebenswürd'gen Krieger
Sei der Ehrenplatz geweiht.

Er tritt dem Tisch zur Rechten.
GEORG
tritt hinter den Tisch auf den angewiesenen Platz und zeigt zu seiner Linken.
Die Gevatt'rin sitzt mir zur Seite,
Wie ihr Anblick mich erfreut!
Dikson, Georg und Jenny nehmen Platz, essen und trinken.

DIKSON, JENNY, CHOR.
Freunde, trinkt! Froh besingt
Die Gastfreundschaft heut!
Minnelob, Schönheit, Ehr' besinge ich heut!
GEORG.
Minnelob, Schönheit, Ehr' besinge ich heut.
Freunde, trinkt! Froh besingt
Nur Schönheit, Ehre heut!
Alle ergreifen die Becher.
Die Frauen schenken ein.
GEORG
spricht.

Und nun sagt mir, lieben Freunde, was giebt es hier in der Gegend für Merkwürdigkeiten für einen Fremden?

DIKSON.

Fürs erste das Schloß Avenel, ein prachtvolles Gebäude, Er zeigt nach links hinten. dessen Türme man von hier aus erblicken kann.

JENNY.

Das neue prächtige Schloß ist schon seit längerer Zeit gesperrt und niemand darf hinein. Aber die Ruinen [45] und Gewölbe des alten Schlosses sind sehr schön; alle fremden Maler gehen auch sogleich hin, es zu besehen.

GEORG.
Dahin führt ihr mich morgen auch, nicht wahr?
DIKSON.

Recht gern. Aber Ihr kommt gerade zu einer ungelegenen Zeit. Das Schloß wird gewöhnlich von einer alten Haushälterin bewohnt, doch gestern ist der Verwalter Gaveston hier angekommen und man sagt, daß er erst nach dem Verkaufe des Schlosses wieder abreisen werde.

GEORG.
Wie? Das schöne Schloß soll verkauft werden?
DIKSON.

So ist's! An den Meistbietenden! Es gehörte ehemals den Grafen von Avenel, braven biedern Herren, die bei allen Bewohnern der Umgegend noch immer im freundlichen Andenken stehen. Aber sie waren Anhänger der Stuarts und der verbannte geächtete Graf flüchtete nach der Schlacht bei Culloden mit einem Teil seiner Familie nach Frankreich, wo er gestorben sein soll.

JENNY.

Seitdem hat dieser Herr Gaveston, der den Geschäften des Grafen vorstehen sollte, dieselben so zerrüttet, daß zur Befriedigung der Gläubiger morgen diese schöne Herrschaft meistbietend verkauft werden muß.

DIKSON.

Ja noch mehr. Man sagt, daß der jetzige Verwalter Gaveston sich dabei so bereichert hat, daß er bei der morgenden Versteigerung das Gut an sich bringen will, um dadurch Graf von Avenel zu werden. Die Bauern zum Widerspruch aufreizend. Ist es nicht arg, daß so ein Gauner von Haushofmeister unser Herr werden soll? Alle Wetter, nein, das leiden wir nicht!

DIE BAUERN
erregt.
Nein, das leiden wir nicht!
JENNY
zu Dikson.

Sei ruhig! Ich glaube, es steht ihm ein Unglück mit dem Kauf des Schlosses bevor, denn unser Knecht Gabriel will gestern Abend auf den Zinnen des Schlosses die weiße Frau von Avenel gesehen haben.

DIKSON
zusammenschreckend.
Ach, du lieber Himmel! Ist das gewiß?
JENNY.
Freilich. Er sah sie so deutlich, wie ich dich jetzt vor mir sehe!
GEORG.

Die weiße Frau von Avenel? Wer ist diese Dame? Ist sie jung und schön, dann soll es mich freuen, ihre Bekanntschaft zu machen.

[46]
DIKSON.
Wo denkt Ihr hin!? Wie kann sie denn schön sein?
GEORG.
Warum – wenn es ein junges hübsches Weibchen ist?
DIKSON.
Seit drei- bis vierhundert Jahren ist sie die Beschützerin des Hauses Avenel.
GEORG.

Seit drei- bis vierhundert Jahren? Nein, da ist sie mir zu alt! Er steht auf und wendet sich nach links.

Die Andern erheben sich ebenfalls; die Tafel im Hintergrunde wird unauffällig nach rechts hinein entfernt, nachdem die Bauern davorgetreten sind
und sie dadurch verdeckt haben; man unterhält sich in Gruppen weiter zurück.
JENNY
zwischen Dikson und Georg.

Wenn diesem Hause ein Glück oder Unglück bevorsteht, so kann man sicher sein, daß sie erscheint. Sie schreitet langsam auf den Ruinen umher, in einem langen weißen Gewande, mit der Harfe im Arm, der sie himmlische Töne entlockt. Und wie ein Lied von ihr sagt –

GEORG
Jenny zur Linken.
Man hat auch ein Lied von ihr?
DIKSON.

Und ein recht schauerliches, das man in der ganzen Umgegend singt; aber nur, wenn mehrere beisammen sind, denn allein macht es zuviel Furcht. Meine Fran kann es auch.

GEORG
zu Jenny.

So singt es uns, liebes Kind. Mich dünkt, wir können es schon wagen. Unsere Anzahl ist ja stark genug.

JENNY.
Sehr gern.
Die Bauern und Bäuerinnen treten näher.
Der kleine Tisch rechts und die drei Stühle werden unauffällig nach rechts entfernt.
Nr. 5. Ballade mit Chor.
JENNY.
Still!
DIKSON, JENNY UND CHOR.
Still! – Höret zu!
JENNY.
Seht jenes Schloß mit seinen Zinnen,
Das dort so stolz bis zum Himmel ragt!
Unsichtbar haust' ein Fräulein drinnen,
Das Tag und Nacht die Burg bewacht.
Ritter, die ihr falsch und grausam
[47] Schmiedet manchen Frevler-Plan,
Laßt vom Bösen euch nicht bethören,
Gebt wohl acht! gebt wohl acht!
Die weiße Dame kann euch hören,
Die weiße Dame sieht euch an.
DIKSON.
Die weiße Dame kann uns hören,
Die weiße Dame sieht uns an!
CHOR DER MÄNNER.
Die weiße Dame sieht uns an!
DIKSON, JENNY, FRAUEN.
Gebt wohl acht! gebt wohl acht!
Die weiße Dame kann Euch hören!
Gebt wohl acht! gebt wohl acht!
Die weiße Dame sieht Euch an!
JENNY.
Jene Kreuzgewölbe laden
Die müden Hirten oft zur Ruh.
Manch Pärchen flüstert dort im Schatten
Sich leis' ein Wort von Liebe zu.
Seid, junge Mädchen, stets auf der Hut!
Hört nicht das süße Kosen an.
Laßt euch Liebe nicht bethören,
Gebt wohl acht! gebt wohl acht!
Die weiße Dame kann euch hören.
Die weiße Dame sieht euch an.
DIKSON.
Die weiße Dame kann uns hören,
Die weiße Dame sieht uns an.
CHOR DER MÄNNER.
Die weiße Dame sieht uns an!
DIKSON, JENNY UND FRAUEN.
Gebt wohl acht! gebt wohl acht!
Die weiße Dame kann Euch hören!
Gebt wohl acht! gebt wohl acht!
Die weiße Dame sieht Euch an!
JENNY.
Jede Unbill der Frau'n zu rächen,
Find't man die Dame stets bereit;
Wenn Männer Schwur und Treue brechen,
Sagt sie der Frau es jederzeit:
Treulose Gatten, kehrt zurück!
[48] Nur euren Pflichten folgt fortan,
Laßt nicht Leichtsinn euch bethören,
Gebt wohl acht! gebt wohl acht!
Die weiße Dame kann euch hören,
Die weiße Dame sieht euch an!
DIKSON
zu den Frauen.
Die weiße Dame kann uns hören!
FRAUEN.
Ist es wahr?
DIKSON
mit Bedeutung.
Glaubet mir, ja, sie sieht uns an!
CHOR DER MÄNNER.
Die weiße Dame sieht uns an!
DIKSON UND JENNY.
Gebt wohl acht! gebt wohl acht!
Die weiße Dame kann uns hören!
Gebt wohl acht! gebt wohl acht!
DIKSON, JENNY UND FRAUEN.
Die weiße Dame sieht uns an!
GEORG
zu Jenny.
Meinen Dank, liebes Kind,
Ich muß gestehn, ja, ich muß es gestehn,
Ja, dies Märchen ist schön!
DIKSON, JENNY, CHOR.
Ein Märchen?
JENNY
Georg mit dem Finger drohend.
Die weiße Dame sieht Euch an!
GEORG.
Die weiße Dame sieht mich an?

Mit Humor.

Mich?
JENNY
ernsthaft.
Ja, sie sieht uns an.
GEORG.
Sieht uns an?
JENNY.
Ja, sie kann uns hören!
GEORG.
Die weiße Dame?
DIKSON UND JENNY.
Hört uns an!
GEORG.
Hört uns an?
Hahahaha!
DIKSON UND JENNY.
Hört uns an!
DIKSON, JENNY, CHOR.
Nur stille!
Alle haben sich während der Ballade furchtsam immer näher zusammengedrängt.
Gabriel eine Mißgestalt, schleicht während der letzten Worte von links herbei und hinter den Anwesenden weg nach rechts an Dikson heran.

[49]
6. Szene
Sechster Auftritt.
Die Vorigen. Gabriel.

GABRIEL
schlägt Dikson unvermutet und derb auf die Schulter; sprechend.
Herr!
DIKSON erschreckt aufschreiend.
Ha! Fast zugleich.
ALLE
ebenso.
Ha!
GABRIEL
selbst darüber heftig erschreckend.
Ha!
DIKSON.
Was giebt's? Er wendet sich furchtsam um. Du bist's, Gabriel? Ärgerlich. Was willst du denn?
GABRIEL
stotternd.
Herr, die Pächter sind im Wirtshaus versammelt und erwarten Euch!
JENNY.
Gewiß wegen der morgenden Versteigerung. Geh, lieber Mann!
GEORG.
Wegen des Verkaufs der Herrschaft Avenel?
JENNY.
Ja. Die Pächter der Umgegend wollen sie an sich bringen.
GEORG.
Und welchen Grund haben sie, auf eigene Rechnung einen solchen Kauf abzuschließen?
JENNY.

Damit es dem verhaßten Gaveston nicht in die Hände falle und so der Familie Avenel erhalten werde und um es dem Grafen ungeschmälert als sein Eigentum zurückzustellen, wenn er einst unvermutet zurückkehren sollte.

GEORG.

Eine solche Anhänglichkeit, ohne den Grafen zu kennen, verdient die höchste Anerkennung. Wer so allgemein geliebt wird, muß gut und edel sein!

DIKSON
zu seinen Genossen.
Geht, Freunde, um mit ihnen zu beratschlagen. Ich folge euch gleich nach.
Die Bauern verabschieden sich und entfernen sich nach links hinten.
Die Bäuerinnen gehen teilweise nach rechts ins Haus und folgen nach links.
Gabriel verliert sich in der Menge nach links.
Es wird langsam dunkel.
7. Szene
Siebenter Auftritt.
Dikson rechts. Jenny Mitte. Georg links.

JENNY.
Warum gehst du denn nicht gleich mit?
DIKSON.

Ich wollte vorher noch mit dem Herrn da von [50] der Sache sprechen. Und dann ist mir bei deinem Liede allerlei eingefallen. Sie sind hier alle viel zu furchtsam, um einen guten Rat geben zu können. Zu Georg, indem er die Mitte nimmt. Aber Ihr – Ihr seid Soldat! Ihr habt Mut! Ihr müßt ja welchen haben – Ihr werdet dafür ja auch bezahlt!

Von hier ab ist der ganze Auftritt, besonders von Diksons Seite, sehr geheimnisvoll zu spielen und zu sprechen.
GEORG.
Wovon ist denn die Rede?
DIKSON.
Zuerst sagt mir aufrichtig – glaubt Ihr an die weiße Dame?
GEORG.

Warum nicht! Es muß ein süßer Gedanke sein, immer eine hübsche Frau bei sich zu haben, eine wohlthätige Fee, die im Augenblicke der Gefahr uns zu Hilfe eilt. Ich gäbe viel darum, sie einmal zu sehen.

DIKSON
zitternd, mit einem tiefen Seufzer.
Ich war so glücklich!
GEORG frappiert.
Ihr habt sie also gesehen? Zusammen.
JENNY
erstaunt.
Du hast die weiße Dame gesehen?
DIKSON.

Noch mehr – ich habe auch mit ihr gesprochen und ihr dabei ein Versprechen gegeben, das mich jetzt sehr beunruhigt.

JENNY.
Und das verschwiegst du mir?
GEORG.
Erklärt Euch deutlicher!
DIKSON.

Ohne den morgenden Verkauf hätte ich in meinem Leben nicht wieder davon gesprochen; nun sie mir aber noch obendrein erschienen ist, fährt mir die Angst in alle Glieder.

JENNY.
Erzähle!
DIKSON.

Vor mehreren Jahren, kurz nach dem Tode meines Vaters, schien alles Unglück über mich hereinzubrechen. Meine Felder waren verhagelt, das Feuer hatte meine Scheune verzehrt, all mein Vieh war gefallen – nur ich allein war davon übrig geblieben. Verzweiflungsvoll irrte ich eines Abends in der Gegend umher und befand mich plötzlich am Eingang der Ruine des alten Schlosses. Ich trat hinein und rief, mich auf einen Stein niederwerfend, aus: »Da mich alles verläßt, so komme du mir, weiße [51] Dame, zu Hilfe! Ich verschreibe mich dir mit Leib und Seele, wenn du mir nur auf der Stelle zweitausend schottische Pfund verschaffst.« Nachahmend. Eine feine zarte melodische Geisterstimme antwortete mir: Im tiefsten Baß. »Wohlan, es sei! Erinnere dich deines Versprechens, wenn die Zeit gekommen sein wird!« Mit natürlicher Stimme. Und zu meinen Füßen fiel ein schwerer Beutel mit Geld nieder. Ich drückte die Augen fest zu und hob ihn auf. Es waren schöne blanke Goldstücke, mit denen ich meine Schulden bezahlte und mich wieder neu einrichtete. Seitdem begleitete das Glück alle meine Unternehmungen, ich wurde der reichste Pächter der Umgegend und heiratete bald darauf meine Jenny, die ich schon lange zuvor lieb hatte.

JENNY.

Wenn ich das gewußt hätte, würde ich mich wohl gehütet haben, dich zu nehmen. Einen solchen Vertrag zu schließen! Und wenn ich bedenke, daß du dich ihr mit allem, was dir gehört, verschrieben hast –

DIKSON.
So ist es!
JENNY.
Und ich, deine Frau, auch dabei bin – und unser Kind –
GEORG.
Wie? Mein kleiner Pate?
Gabriel schleicht zaghaft von links heran.
8. Szene
Achter Auftritt.
Die Vorigen. Gabriel.

JENNY.
Und wenn sie nun eines Nachts kommt und ihre lange weiße Hand nach dir ausstreckt –
Gabriel tritt zwischen Dikson und Georg und legt seine Hand schwer auf Diksons Schulter.
DIKSON erschreckt aufschreiend.
Ha! Fast zugleich.
JENNY
ebenso.
Ha!
GABRIEL
selbst darüber heftig erschreckend.
Ha!
DIKSON
sich umsehend.

Du bist's wieder – Gabriel.Heftig. Ich glaube, der Dummkopf kommt absichtlich, um mich zu erschrecken, wenn ich mich fürchte!

GABRIEL
weinerlich.
Ihr fürchtet Euch aber auch immer, wenn ich komme.
DIKSON
heftig.
Was willst du denn schon wieder?
[52]
GABRIEL
noch weinerlicher.

Herr, die Pächter erwarten Euch – Sie müssen heute noch nach Hause zurück – und es fängt schon an – Abend zu werden –

DIKSON.
Ich komme gleich!
Gabriel entfernt sich scheu und ängstlich nach links.
9. Szene
Neunter Auftritt.
Die Vorigen ohne Gabriel.

DIKSON
zu Jenny.

Sei ruhig, mein Herzchen. Weshalb sollte die weiße Dame denn dich holen wollen? Da würde sie doch eher mich nehmen – einen Mann! Ich bitte Euch, Herr Lieutenant, bleibt hier bei meiner Frau – flößt ihr ein wenig Mut ein, sie fürchtet sich sonst gar zu sehr. Für sich, sich entfernend. Ach, wie ist ein Ehemann doch glücklich, wenn er seine Frau unter dem Schutze eines Lieutenants weiß! Er eilt nach links ab.

10. Szene
Zehnter Auftritt.
Jenny. Georg zu ihrer Linken.
Nr. 6. Duett.

GEORG.
Wie, er gehet, läßt uns hier allein!?
Doch trügt mich nicht ein böser Schein,
So sah ich eben
Ihn ängstlich beben.
JENNY.
Ja, wahrlich, wahrlich, ich bin übel dran;
Stets zittern seh' ich meinen guten Mann;
Der kleinste Lärm kann ihn erschüttern,
Ihm wird bang!
GEORG.
Ihm wird bang?
JENNY.
Ach, wie so bang!
Hört er von Sturm und von Gewittern,
Wird ihm bang!
GEORG.
Ihm wird bang?
JENNY.
Ach, wie so bang!
[53] Selbst im Schlafe, in stiller Nacht
Wird ihm bang!
GEORG.
Ihm wird bang?
JENNY.
Und wenn bisweilen er erwacht –
GEORG.
Und wenn bisweilen er erwachet?
JENNY.
Sieht in jeder Ecke er nur Räuber,
Hört sie auf dem Gang.
Ihm wird bang!
Kein freundlich Wort darf ich verlieren,
Und will ein anderer zum Tanz mich führen,
Wird ihm bang!
GEORG.
Ihm wird bang?
JENNY.
Ach, wie so bang!
GEORG.
Ei, ei? Ihm wird bang?
JENNY.
Zum Sterben bang!
Saget, habt Ihr je so was gesehen?
GEORG.
Ja, die Angst zu erhöh'n,
Hat man ein Weibchen schön, wie Ihr,
Vor jedem Mann wird einem bang! Doch –

Er will sie umfassen und küssen.

Jenny eilt an ihm vorüber nach links.
GEORG.
Ihr seid bei einem Krieger, der schützen
Und tapfer Euch verteid'gen kann.
JENNY.
Ach, der wackre Krieger!
Nichts fürcht' ich mehr für meinen Mann.
Ich bin bei einem Krieger,
Der tapfer uns verteid'gen kann. –

Sie faßt seine Hand.

Dank dem Geschicke, das uns vereinet.
Doch was seh' ich? Eure Hand, ei, ei, sie zittert,
Wie es mir scheinet!
GEORG.
Ja, manchmal, manchmal bin ich übel dran.
JENNY.
Ach, eben so geht's meinem guten Mann.
GEORG.
Oft in der Nähe schöner Frauen
Wird mir bang!
[54]
JENNY.
Ihm wird bang?
GEORG.
Ach, wie so bang!
Will ich ins Feueraug' ihr schauen,
Wird mir bang!
JENNY.
Ihm wird bang!
GEORG.
Ach, wie so bang!
Mir wird, bewundr' ich ihre Züge, schon bang!
JENNY.
Ihm wird bang!
GEORG.
Stets fürchte ich, daß ich erliege!
JENNY.
Stets fürchtet er, daß er erliege!
GEORG.
Für meinen Kopf und für mein Herz
Wird mir bang.
JENNY.
Ihm wird bang!
GEORG.
Ja, sehr bang!
Wollt aller Angst Ihr mich entheben,
Dürft Ihr ein Küßchen nur mir geben.
JENNY.
Nein, mein Herr, für mich selbst wäre mir bang!
GEORG.
Ein Küßchen nur!
JENNY.
Nein, nein, mir wäre bang!
GEORG.
Ach, schnell ein Küßchen nur, zög'ret nicht lang.
JENNY.
Ei, ei, ist dem Herrn nicht mehr bang?
GEORG.
Ja wohl, doch bin ich auf der Hut,
Die Angst verdoppelt meinen Mut! –

Er umarmt und küßt sie.
JENNY eilt an ihm vorüber nach rechts.
Ach, der wack're Krieger!
Nichts fürcht' ich mehr für meinen Mann.
Ich bin bei einem Krieger!
Der tapfer uns verteid'gen kann.
GEORG.
Ihr seid bei einem Krieger, der schützen
Und tapfer Euch verteid'gen kann.

Es ist noch nicht völlig dunkel.

Dikson kommt eilig von links, ein Papier in der Hand.

[55]
11. Szene
Elfter Auftritt.
Die Vorigen. Dikson.

DIKSON
erregt und zitternd die Mitte nehmend, sprechend.
Gottlob, da seid ihr ja. Ich bitte euch um alles in der Welt verlaßt mich nicht!
JENNY
erschrocken.
Was giebt es denn? Sollten etwa die Pächter –
DIKSON.

Sie haben mich beauftragt, bis zu einer gewissen Summe zu gehen, dann gingen sie wieder. Ich begleitete sie bis an die Ecke des Waldes, etwa zweihundert Schritte von hier. Auf dem Rückwege steht plötzlich ein kleiner, dicker, schmaler, magerer, riesengroßer Zwerg vor mir, der mir dies Papier übergab und dann plötzlich in die Erde hineinfuhr, denn ich konnte nicht sehen, wo er geblieben war.

JENNY.
Ach, du meine Güte!
DIKSON
zu Jenny.
Da ist das Papier – lies! Er reicht es ihr.
JENNY
abwehrend.
Lies es nur selbst!
DIKSON.
Hol die Laterne! Es ist schon zu dunkel!
Jenny eilt nach rechts in das Haus ab.
GEORG
inzwischen für sich.

Sonderbar! Der Mann ist ganz verwirrt und vermag es nicht, sich zu fassen! Was mag das Papier enthalten?

Jenny kehrt mit einer brennenden Laterne zurück, die sie hochhält, damit Dickson lesen kann.
DIKSON
mit zitternder Stimme lesend.

»Du hast mir Gehorsam zugeschworen, die Stunde ist gekommen, ich bedarf deiner!« Zu Jenny. Hörst du, sie bedarf meiner!

JENNY.
Sie bedarf deiner?
GEORG
für sich.
Seiner? O arme Frau?
DIKSON
weiter lesend.

»Begieb dich heute Abend an die Pforte des alten Schlosses und fordre Einlaß im Namen Julius von Avenel. Die weiße Dame!«

JENNY
stellt die Laterne rechts vorn auf den Boden, entsetzt die Hände zusammenschlagend.
Die weiße Dame!?
DIKSON
in die Knie sinkend.
Witwe!
[56] Nr. 7. Finale Terzett.
Ein Gewitter ist im Anzuge; leiser Donner.
JENNY UND DIKSON für sich.
O Gott, o Gott! was muß ich Arme / Armer hören?
Ach, ihm drohet, ihm droht Gefahr!
Ach, vor Angst sträubt sich mein Haar!
Welch Geheimnis, welch Geheimnis!
Ein böser Geist ist's wohl gar!
GEORG
für sich.
Fürwahr, fürwahr, dies muß die Neugier mehren,
Ja, die Sache ist sonderbar!
Welch Geheimnis, welch Geheimnis!
Ja, die Sache ist sonderbar!
JENNY UND DIKSON
für sich.
Welch Geheimnis! weh mir!
Ein böser Geist ist's wohl gar!
GEORG für sich.
Ja, die Sache ist sonderbar!
JENNY
für sich.
Ach, es droht ihm Gefahr!
Ja, ihm droht Gefahr!
DIKSON
für sich.
Ach, es sträubt sich mein Haar!
Ja, mir droht Gefahr!
GEORG
für sich.
Ich kann es nicht verstehen,
Doch möcht' ich sie wohl sehen,
Die dies Briefchen hat verfaßt!
DIKSON für sich.
Ich kann es nicht verstehen,
Vor Angst möcht ich vergehen,
Welch Zittern mich erfaßt!
GEORG
für sich.
Er will es nicht gestehen,
Daß Angst und Furcht ihn faßt,
Doch sein Gesicht erblaßt!
JENNY für sich.
Ich kann es nicht verstehen,
Ich will es nur gestehen,
Daß Angst und Furcht mich faßt!
DIKSON
für sich.
Vor Angst möcht ich vergehen,
Welch Zittern mich erfaßt!
[57] Ich kann es nicht verstehen,
Welch Zittern mich erfaßt!
GEORG
für sich.
Er will es nicht gestehen,
Er bebt, ja, und erblaßt!
Ha, seht, wie sein Gesicht erblaßt!
DIKSON
zu Jenny.
Diese Nacht bleibt mir zu wählen!
JENNY.
Nein, nein, du gehest nicht!
DIKSON
auf das Blatt zeigend.
Muß ich nicht gehorchen den Befehlen?
JENNY.
Nein, nein, zu bleiben ist hier Pflicht!
DIKSON.
Soll ihrem Zorn ich widerstreben?
JENNY.
Du gehest nicht, nein!
DIKSON.
Welch Los wird dann das unsre sein!
JENNY.
Du gehest nicht, nein! zu bleiben ist hier Pflicht!
DIKSON.
Sie trübt durch Kummer unser Leben,
Zerstört die Ernte und den Wein!
GEORG
für sich.
Welch sonderbar Geheimnis!
DIKSON.
Und bei Nacht, glaubet mir, erscheinen alle Geister,
Die ihr treulich dienen; ja, ja, bei Nacht,
Mit Ketten schwer beladen,
Nahen sie mit Geräusch meinem Bett,
Ziehen mich bald am Ohr, bald am Fuß,
Zwicken mich in die Waden!
JENNY.
Ach, du gehest nicht!
Zu bleiben ist hier Pflicht!
Nein, nein, nein, nein, du gehest nicht!

Für sich.

Er will es nicht gestehen,
Ach, ihm drohet Gefahr.
Diese Nacht bringt ihm Gefahr!
DIKSON.
Nein, nein, die Schritte hemme nicht!

Für sich.

Vor Angst möcht ich vergehen.
Ach, es sträubt sich mein Haar,
Diese Nacht bringet mir Gefahr!
GEORG
für sich.
Doch was ist das?
Wer giebt mir hier wohl Licht?
[58] Ha, fürwahr! nein, ich versteh es nicht!
Nein, ich kann nicht verstehen,
Ja, das ist sonderbar!
Weshalb fürchten sie Gefahr?
Ich kann es nicht verstehen,
Doch möcht' ich sie wohl sehen,
Die dies Briefchen hat verfaßt!
DIKSON.
Ja, ja, bei Nacht, glaubt mir, erscheinen
Die Geister alle, die ihr dienen!
Bei Nacht, mit Ketten schwer beladen;
Ziehen mich bald am Ohr, bald am Fuß,
Zwicken mich in die Waden!
JENNY für sich.
Ich kann es nicht verstehen,
Doch will ich nur gestehen,
Daß Angst und Furcht mich faßt! –
DIKSON
für sich.
Vor Angst möcht' ich vergehen,
Welch Zittern mich erfaßt! –
GEORG
für sich.
Er will es nicht gestehen,
Daß Angst und Furcht ihn faßt!
JENNY.
Zu dir, Schutzpatronin, vor allem
Soll heut mein Gebet erschallen.
O blicke gnädig nieder,
O sieh meine Angst und Qualen,
Zeige heut milden Sinn.
Ach, sicher droht ihm Gefahr!
Ja, ihm droht, ja, ihm droht Gefahr!
DIKSON.
O laß, Schutzpatronin, doch vor allem
Den Blick auf mich Armen heut fallen.
O blicke gnädig nieder,
Ach, sieh meine Angst und Qualen,
Gieb mich dem Geiste nicht hin.
Ach, welche Angst, schon sträubt sich mein Haar!
Sicher drohet mir Gefahr!
Ach, vor Angst sträubt sich das Haar!
[59] GEORG.
O laß deiner Augen Strahlen
Voll Huld auf den Flehenden fallen,
Du, der Geister Herrscherin!
Gnädig blick her auf der Armen Qualen,
Zeige heut milden Sinn.
Ja, ja, die Sache ist sonderbar!
Ja, der Fall ist sehr sonderbar!
Er tritt in die Mitte zwischen Jenny und Dikson.

Auf, Freunde, hört, trocknet die Thränen,
Länger sollt ihr trostlos nicht sein.
Mit dem Schicksal euch zu versöhnen,
Stell ich mich heut statt seiner ein.
DIKSON UND JENNY
mit freudigem Schreck.
O Gott! das Leben wagtet Ihr?
GEORG.
Wer sieht je die Gefahr mich scheuen,
Kann Hilfe ich dem Freunde verleihn?

Nach und nach verfinstert sich der Himmel immer mehr; es wird Halbnacht.
DIKSON.
Fürchtet Ihr nicht den Zorn der Geister?
GEORG.
Ich fürchte nichts, ich bin Soldat.

Mehrmaliges Blitzen und Donnern.
DIKSON.
Sie töten Euch.
GEORG.
Ich bleibe Meister.
DIKSON.
Das Leben gilt's.
GEORG.
Frisch auf zur That!

Zu Dikson.

Nun kommt, mich zu geleiten;
Ja, ich will's, nichts hält mich zurück!
DIKSON
mit Entschlossenheit.
Wohlan, wohlan! ich will Euch begleiten
Bis zum Thor, bis zum Thor!

Beiseite.

Dann kehr' ich um im Augenblick!

Er eilt nach rechts ins Haus.
JENNY.
Wo bleibt nun die Taufe? Ach, unsre Taufe?
GEORG.
Morgen früh werde sie ohne Säumen vollzogen dann.
DIKSON
kommt mit Mantel, Degen und Bündel Georgs zurück und tritt Jenny zur Rechten.
[60] Ei, ei, wenn der Böse Euch holte, würde nichts aus der Taufe;
Denn uns fehlte ja der Gevattermann.
DIKSON.
Deine Huld, Schutzpatron, laß mich verdienen,
Komm, komm, von Geistern uns zu befrei'n.
O lasse nicht die Zeit verrinnen;
Ja, dir will ich im Gebet mich weihn,
Wirst du nur mir Schutz verleihn!
JENNY.
Deine Huld, weiße Dame, zu verdienen,
Magst du Geist oder Kobold nun sein;
In jenem Schloß, auf jenen Zinnen
Woll' diesem Held doch Schutz verleihn.
GEORG.
Deine Huld, weiße Dame, zu verdienen,
Magst du Geist oder Kobold nun sein;
In jenem Schloß, auf jenen Zinnen
Wirst, Holde, dem Jünglinge heut' Schutz verleihn.

Blitz, Donner, Regen mit Hagelschauer.
GEORG.
Nun kommt!
JENNY.
Ach, höret Ihr?
DIKSON.
Was hör' ich?
GEORG.
Nun kommt!
JENNY.
Ach, höret Ihr?
DIKSON.
Was hör' ich?
JENNY.
Donner rollt, Hagel wütet!
DIKSON.
Die Blitze durchkreuzen die Luft,
Ja, der Himmel selbst grollt,
Ach, die Hölle tobt schon genug.
JENNY.
Gegen uns ist entfesselt alles Unheil der Welt, wie ich nun seh'!
GEORG.
Der Hölle Macht soll mich nicht schrecken, ich gab mein Wort!
DIKSON UND JENNY erschrecken.
Alles Unheil drohet uns, wie ich nun seh'!
GEORG.
Ich gab mein Wort, ich geh' an jenen Ort!

Fortwährend Blitz, schwacher Donner.
[61] DIKSON.
Deine Huld, Schutzpatron, laß mich verdienen,
Komm, von Geistern uns zu befrei'n.
O lasse nicht die Zeit verrinnen;
Ja, dir will ich im Gebet mich weihn.
JENNY.
Deine Huld, weiße Dame, zu verdienen,
Magst du Geist oder Kobold nun sein;
In jenem Schloß, auf jenen Zinnen
Woll' diesem Held doch Schutz verleihn.
GEORG.
Deine Huld, schönste Dame, zu verdienen,
Magst du Geist oder Kobold nun sein;
In jenem Schloß, auf jenen Zinnen
Wirst, Holde, dem Jünglinge heut' Schutz verleihn.

Blitz und Donner.
DIKSON UND JENNY.
Ach, höret doch, der Donner rollt!
GEORG.
Folgt mir, vergebens widerstrebt Ihr! Auf, folget mir! nun folgt!
DIKSON UND JENNY.
Näher kommt uns das Wetter!

Es wird noch dunkler.
GEORG.
Auf, folget, folgt mir!

Blitz und Donner werden stärker.
DIKSON.
Zu dir, Schutzpatron, doch vor allem!
O lasse nicht die Zeit verrinnen!
Ja, dir will ich im Gebet mich weihn,
Wirst du nur mir Schutz verleihn!
O sieh meine Angst und Qualen!
Zu dir soll mein Flehen, Schutzpatron, heut erschallen,
Zeige heut milden Sinn,
O gieb mich nicht dem Geiste hin!
JENNY.
Zu dir, Schutzpatronin vor allem!
In jenem Schloß, auf jenen Zinnen
Woll' diesem Held doch Schutz verleihn.
O sieh meine Angst und Qualen!
Zu dir soll mein Flehen, Schutzpatronin erschallen,
Zeige heut' uns milden Sinn!
[62]
GEORG.
Zu dir, ach, erhöre mein Flehen!
In jenem Schloß, auf jenen Zinnen
Wirst, Holde, dem Jünglinge heut' Schutz verleihn!
O sieh auf der Armen Qualen!
In jenem Schlosse, in jenen Helden seh' ich dich,
Nimm mich heut zum Ritter hin!

Heftiger Blitz und Donnerschlag.

Dikson läßt vor Schreck Georgs Sachen fallen und hebt sie, Jenny und Georg den Rücken zuwendend, wieder auf.
Georg benützt diesen Moment, um Jenny einen Kuß zu rauben.
Blitz und Donner.
Georg tritt an Jenny vorüber zu Dikson, ihn zum Gehen ermunternd.
Dikson hilft Georg mit Mantel und Degen bekleiden, nimmt dann die Laterne rechts vorn auf und geht den Bergpfad nach links oben voran.
Georg umarmt Jenny nochmals zärtlich.
Dikson wendet sich und leuchtet zurück.
Einschlag unter stärkstem Blitz und Donner.
Georg eilt Dikson nach.
Jenny wendet sich ängstlich nachschauend nach dem Hause rechts.
Nr. 8. Zwischenaktsmusik.
[63]

2. Akt

1. Szene
Erster Auftritt.
Margarethe allein, sitzt rechts am Spinnrocken und spinnt.
Nr. 9. Romanze.

MARGARETHE.
Spinne, arme Margarethe,
Bald naht deiner Tage Ziel;
Und das Rädchen, das ich drehte,
Stehet dann für immer still.

Sie hört auf zu spinnen.

Laß mich sehen die Gebieter
In dem Schloß der Ahnen wieder;
Nur dieses, o Gott, erflehe ich von dir,
Eh' ich sterbe.

Sie beginnt wieder zu spinnen.

Nur so lang drehe dich
Mein Rädchen, schnell und leicht;
Nur so lang drehe dich,
Dann ist mein Ziel erreicht.
Auf, dreh' dich schnell und leicht,
Dann ist mein Ziel erreicht!
[64] Nur bei deinem Angedenken
Wird das Mutterauge hell,
Deine Kindheit durft' ich lenken,
Armer Julius Avenel.

Sie hört auf zu spinnen.

Einmal nur, mich zu beglücken,
Möchte ich aus Herz dich drücken!
Nur dieses, o Gott, erflehe ich von dir,
Eh' ich sterbe.

Sie beginnt wieder zu spinnen.

Nur so lang drehe dich
Mein Rädchen, schnell und leicht;
Nur so lang drehe dich,
Dann ist mein Ziel erreicht.
Auf, dreh' dich schnell und leicht,
Dann ist mein Ziel erreicht.

Sie steht auf, stellt das Spinnrad nach rechts hinten beiseite und spricht.

Genug für heute der Arbeit und der traurigen Erinnerungen. Miß Anna wird gewiß bald aus ihren Zimmern herunterkommen. Die arme liebe Waise, von der ehemaligen Gebieterin dieses Schlosses erzogen! Als ich sie gestern mit Gaveston, den sie ihr zum Vormund gaben, ankommen sah, war es mir, als seien alle meine Wünsche erhört und der Erfüllung nahe, als würde auch mein guter Julius zurückkommen, denn ehemals waren sie immer beisammen. Ach, und sie waren immer so artig, besonders wenn ich sie beide auf den Armen hielt und die Gräfin mir zurief: »Gebt ja wohl acht auf die Kinder, Margarethe!« Nun, ich will meinen, daß ich acht gab! Mein teurer Julius, Sohn meiner unvergeßlichen Herrschaft! Da haben wir's! Da bin ich schon wieder bei diesen Gedanken. Es geht mir damit, wie mit dem Turm der alten Ruine inmitten des Parks: wohin man den Blick auch wendet, man sieht ihn überall. Doch ich will das Fenster schließen, die Abendluft zieht kühl herein. Sie erhebt sich, wendet sich nach links vorn und sieht durch das halboffene Fenster. Aber was ist das? Erschrocken. Ich sehe Licht in den unbewohnten Räumen? Jaja, ich unterscheide es deutlich! Wär es vielleicht die »weiße Frau«, [65] die Beschützerin dieses Schlosses? Zeigt mir ihr Erscheinen die Rückkehr oder den Tod meines teuren Julius an?

Anna in einem schottischen Mantel gehüllt, eine verlöschte Laterne tragend, kommt durch den Haupteingang.
2. Szene
Zweiter Auftritt.
Anna, Margarethe zu ihrer Linken.

MARGARETHE
wendet sich vom Fenster ab und dem Haupteingang zu.
Wer kommt da?
Anna tritt ihr einige Schritte entgegen.
MARGARETHE
erstaunt.
Miß Anna – bleich und zitternd! Was fehlt Euch, liebe Miß?
ANNA
legt den Mantel ab, übergiebt ihn Margarethe und stellt die Laterne auf den Kamin rechts.
Nichts, gute Margarethe.
MARGARETHE.
Ich glaubte Euch in Eurem Zimmer. Wo kommt Ihr her?
ANNA.
Aus den alten Ruinen.
MARGARETHE.

Gott sei gelobt, so wart Ihr es, die ich soeben sah. Und Ihr getraut Euch ganz allein – in der Nacht?

ANNA.

Wahrhaftig, ich zittre auch noch. Doch Gaveston hatte sich entfernt und ich wollte jenes prächtige Gebäude in der Mitte des Parkes besichtigen. Ich kam glücklich dort an, leider konnte ich nicht hinein.

MARGARETHE.

Das glaube ich. Sobald man die Nachricht von dem Tode des Grafen erhielt, wurde alles verschlossen und gerichtlich versiegelt. Erst morgen, nach dem Verkauf des Gutes, werden die Siegel gelöst.

ANNA
beiseite.
O welch ein unglückseliger Zufall!
MARGARETHE.

Aber was fiel Euch ein, zu dieser Stunde in den Park zu gehen? Warum kommt Ihr nicht lieber zu mir? Ich bin so erfreut, so glücklich, Euch wieder zu sehen! Und seit Eurer Ankunft habe ich in Gavestons Nähe kaum ein Wort mit Euch reden können.

ANNA.

Du hast recht. Andere Gedanken, die meine ganze Seele beschäftigten, verhinderten daß – vergieb mir, liebe gute Margarethe!

[66]
MARGARETHE.

Doch erzählt: wie ist es Euch ergangen, seit die edle Familie Avenel dies Schloß verließ? Was ist aus Euch geworden, nachdem Ihr der Gräfin gefolgt, als ihr Gemahl zur Armee abging und mein guter kleiner Julius mit dem häßlichen Manne nach Frankreich eingeschifft wurde.

ANNA.

Ach, der Gefährte meiner Kindheit, er ist verschwunden, man hörte nichts mehr von ihm. Sein Vater starb in der Verbannung, seine Mutter war lange Zeit hindurch in einem Staatsgefängnisse eingeschlossen.

MARGARETHE.
O Himmel!
ANNA.

Ich verließ meine Wohlthäterin nicht; acht Jahre war ich durch thätige Sorgfalt bemüht, den Namen ihrer Tochter, wie sie mich nannte, zu verdienen. Doch nun, nach ihrem Tode, welch ein Unterschied. Dieser Gaveston, den man mir zum Vormund gab – Vor drei Monaten begleitete ich ihn auf einer Reise aufs feste Land; dort ließ er mich auf einem Landsitze bei einer seiner Anverwandten und da –

MARGARETHE.
Nun?
ANNA.
Ich weiß nicht, ob ich dir das übrige vertrauen soll.
MARGARETHE.
Wer verdient wohl Euer Zutrauen mehr als ich?
ANNA.

Der Krieg war ausgebrochen, man schlug sich dicht vor den Pforten unseres Parks. So geschah es, daß ich eines Tages nicht weit von unserm Wohnsitz einen jungen verwundeten Offizier, einen der unsrigen, einen Landsmann fand. Konnte ich ihn ohne Hilfe lassen? Und dann – soll ich es dir gestehen, dachte ich bei seinem Anblick lebhaft an Julius.

MARGARETHE.
Wie, wenn dieser junge Mann – ?
ANNA.

Beruhige dich, er war es nicht, denn ich weiß seinen Namen. Aber Gavestons Rückkehr veranlaßte, daß wir schleunigst abreisen mußten und seitdem sah ich den jungen Mann nicht wieder, der vermutlich meine Erscheinung für einen Traum gehalten und mich schon längst vergessen haben wird.

MARGARETHE.

O ich errate – während Ihr recht oft an ihn denkt, ihn vielleicht gar liebt. Ach, das macht mir vielen Kummer.

[67]
ANNA.
Warum?
MARGARETHE.

Ich hoffte, Ihr würdet nie einen andern als Julius lieben – und hundertmal habe ich an Eure Verbindung mit ihm gedacht.

ANNA.

Welch ein Gedanke! Wie, der Erbe der Grafen von Avenel und ich, eine arme Waise ohne Geburt und Vermögen! Sollte ich so die Güte meiner Wohlthäterin vergelten? Nein, Margarethe! Julius, ehemals mein Freund, mein Bruder, wäre nun mein Herr und mein Gebieter; als solchen ziemt es uns, ihn zu ehren, ihm treu zu dienen und wenn es sein muß, alles aufzuopfern, ihm sein Erbe zu erhalten.

MARGARETHE.

Wie wäre das möglich! Wird nicht morgen sein Gut verkauft? Ein anderer wird sich die Rechte und den Titel der Grafen von Avenel anmaßen und kehrt Julius auch zurück, so wird er nur ein Fremdling in dem Hause seiner Väter sein.

ANNA.
Wer weiß! Warum den Mut verlieren? Noch hoffe ich!
MARGARETHE.
Wie könnt Ihr das?
Man vernimmt einen entfernten Hornruf.
ANNA.

Du sollst alles erfahren. Doch hörst du – Gaveston ist zurückgekehrt, man verschließt die Thore. Sie zieht Margarethe etwas beiseite und sagt ihr vertraulich und schnell. Vernimm also geschwind. In wenig Augenblicken wird ein junger Mann aus der Nachbarschaft erscheinen und im Namen Julius von Avenel Einlaß begehren. Du wirst ihn hierher führen und dafür sorgen, daß man ihm dieses Zimmer für diese Nacht überläßt.

MARGARETHE.

Es soll geschehen, verlaßt Euch ganz auf mich! Und sollte ich die ganze Nacht über auf ihn warten müssen. Ach, was würde ich nicht für Euch und Julius thun!

ANNA.
Geh nun, ich höre Gaveston. Sie wendet sich mit einigen Schritten nach links.
MARGARETHE.

Gute Nacht, liebe Miß! Sie entfernt sich mit Annas Mantel durch den Haupteingang, nachdem sie sich vor dem eintretenden Gaveston verneigt hat.

Gaveston kommt durch den Haupteingang.

[68]
3. Szene
Dritter Auftritt.
Gaveston. Anna zu seiner Linken.

GAVESTON
sieht Margarethe mißtrauisch nach.
Wie, Miß? Ihr seid noch nicht in Eurem Schlafgemach?
ANNA.
Wie Ihr seht. Ich unterhielt mich noch mit Margarethe.
GAVESTON.

Die Euch ohne Zweifel wie gestern wieder allerlei Albernheiten und Märchen von der weißen Frau erzählt hat. Ist es möglich, Miß, daß Ihr solchen Thorheiten Glauben beimessen könnt.

ANNA.
Ich?
GAVESTON.

Ja, Ihr! Ich bemerkte es gestern wohl, wie aufmerksam und bewegt Ihr wart bei der Erzählung von dem Pächter Dikson und dessen Goldstücken und daß Ihr in allem Ernst an diese wunderbare Begebenheit zu glauben scheint.

ANNA
lächelnd.
Wunderbar? O nein! Niemand weiß besser als ich, daß sie wahr ist.
GAVESTON.
Ihr scherzt.
ANNA.

Oft erzählte mir die Gräfin, daß ihr Gemahl von seinen Feinden verfolgt, in der letzten Nacht vor seiner Abreise in den Ruinen umherirrte, wo er die lauten Klagen eines unglücklichen Pächters vernahm. Um nicht erkannt zu werden, warf der Graf ihm seine Geldbörse im Namen der weißen Frau zu und wenn nicht jeder Funken von Dankbarkeit im Herzen Diksons erloschen ist –Für sich. auf welche ich meine ganze Hoffnung zur Verwirklichung meines Planes setze –

GAVESTON.

Seid außer Sorgen. Dikson ist ein treuer Anhänger der weißen Frau. In Verbindung mit sämtlichen alten Weibern der Umgegend verbreitet er das Gerücht, es werde mir Unglück bringen, dies Schloß öffentlich feilbieten zu lassen. Doch wir wollen sehen. Ich komme soeben von dem Friedensrichter Mac-Irton; wir haben alle Anstalten getroffen, daß morgen mit dem Frühesten der Verkauf des Gutes vor sich gehen kann.

ANNA
beiseite.

O Himmel! Laut. So werdet Ihr denn, [69] ehemals Haushofmeister dieses Schlosses, nun unumschränkter Besitzer desselben.

GAVESTON.

Hört mich an, Miß Anna. Spart Euch die empfindsamen Reden, sie rühren mich nicht. Haltet Euch an das Wesentliche. Noch bin ich Gaveston, der Verwalter, das ist wahr. Aber wenn der Verwalter das Gut gekauft und durch diesen Kauf den Titel eines Lords und einen Sitz im Parlament erworben haben wird, so werden alle, die jetzt noch höhnisch auf mich herabsehen, mich als Grafen von Avenel anerkennen und sich tief vor mir, ihrem Herrn, in den Staub beugen. Doch nun zu anderen Dingen. Ihr wißt, daß der Graf vor seiner Abreise seine ansehnlichen Güter in England verkauft hat. Was hat er mit dem vielen Gelde angefangen?

ANNA.
Er hat es, wie Ihr wißt, im Dienste des Kronprätendenten zugesetzt.
GAVESTON.

Daran zweifle ich sehr. Lauernd. Oder es müßte etwa sein, daß Ihr darüber in der Urkunde, die Euch die Gräfin übergeben, einige Auskunft gefunden hättet.

ANNA.
Eine Urkunde? Mir?
GAVESTON.
Ja doch. Leugnet es nicht. In ihrer Todesstunde übergab sie Euch ein geheimnisvolles Schreiben.
ANNA.
So ist es allerdings!
GAVESTON
in höchster Spannung.
Was habt Ihr damit begonnen?
ANNA.
Ihrem Befehle gemäß habe ich es gelesen und dann sogleich vernichtet.
GAVESTON.

Und ich, Euer Vormund, darf nicht um dieses Geheimnis wissen – ich darf Euch nicht um den Inhalt fragen?

ANNA
bestimmt.
Nein.
GAVESTON.
Und warum nicht?
ANNA.
Weil ich es Euch doch niemals enthüllen werde.
GAVESTON.

Sehr wohl, Miß Anna. Ihr verbergt unter Eurem sanften Wesen mehr Festigkeit und Stärke, als man Euch zutrauen sollte. Doch von nun an werde ich meine Maßregeln zu treffen wissen.

Man hört von außerhalb die Hausglocke ziehen.
[70]
GAVESTON.
Was bedeutet der Lärm? Er geht an Anna vorüber nach links zum Fenster.
Nr. 10. Terzett.
ANNA.
Horch, man läutet noch an der Pforte,
Vom Turme hallt der Glocke Ton. –

Für sich, während Gaveston aus dem Fenster sieht.

Er blieb getreu dem Ehrenworte,
Wär' er nur hier im Schlosse schon!
GAVESTON
tritt wieder vor, zu Anna.
Um Mitternacht, wer darf es wagen,
An meiner Wohnung anzufragen?
ANNA.
Ach, ein armer Pilger kann's sein.
GAVESTON
spottend.
Ach, ein armer Pilger könnts sein?
Schnell fort mit ihm, ich lasse niemand ein.
ANNA.
Laßt Euer Mitleid mich erflehen.
GAVESTON.
Nein! nein! nein! nein! nein!
Niemals wird es geschehn.
ANNA.
Ihr sitzt an der Edlen Stelle,
Denen dies Schloß einst angehört;
Ahmt ihnen nach! Wenn man hier
Allgemein die Hohen verehret,
Ist es, weil sie der Armut
Eintritt niemals verwehret.
Ja, glaubet mir, es ist, weil sie
Der Armut Eintritt niemals verwehret!
Ja, glaubet mir!
GAVESTON.
Thät' ich, was Ihr begehret,
Es würde sicher mich gereu'n.
Nein! nein! nein! nein! nein! nein!

Für sich.

Ich muß mit Klugheit handeln,
Vorsicht ist hier Gewinn.
ANNA.
Ahmt ihnen nach! ahmt ihnen nach!
Es wird gewiß Euch nicht gereu'n.

Für sich.

Ach umsonst, er beharrt,
[71] Nichts erweicht seinen Sinn,
Jede Hoffnung ist verschwunden,
Jede Hoffnung ist dahin!
Ach, dahin ist die Hoffnung,
Nichts beugt den starren Sinn!

Zu Gaveston.

Ach, wenn man hier die Hohen ehret,
Glaubet mir, es ist, weil sie
Der Armut Eintritt niemals verwehret.
Ja, glaubet mir, es ist, weil sie
Der Armut Eintritt niemals verwehret.
Ja glaubet mir, ahmt ihnen nach
Ihr Beispiel laßt Euch Vorbild sein!

Beiseite.

Ach umsonst, er beharrt!
Nichts erweicht seinen Sinn!

Zu Gaveston.

Ihr Beispiel laßt Euch Vorbild sein!
GAVESTON.
Nein! nein! nein! nein! nein!
Nein, nein! ich würde es bereu'n!
Nein! nein! nein! nein! es kann nicht sein!
Margarethe kommt eilig durch den Haupteingang.
4. Szene
Vierter Auftritt.
Die Vorigen. Margarethe nimmt die Mitte.

MARGARETHE.
Ein junger schöner Mann, und von adligen Sitten
Kam bei dem Sturme hier, um Einlaß zu bitten!
»O nehmt mich auf in dem Kastell«
So flehte er, »im Namen Julius Avenel!«
ANNA
für sich.
Ha, er ist's! Es ist Dikson!
MARGARETHE.
Und schnell ließ ich ihn ein:
Im Saale harrt er schon.
GAVESTON.
Ohne meinen Befehl wagtet Ihr solch Beginnen!
Gleich muß er fort, schafft ihn von hinnen.
ANNA
nimmt die Mitte und zieht ihn beiseite.
Denkt, was Ihr thut, o seid doch klug!
[72] In diesem Land habt Ihr Feinde nicht schon genug?
Ich bitte, laßt den Fremdling ein.

Geheimnisvoll.

So soll auch jenes Blatt, das mir die Gräfin übergab,
Morgen schon kein Geheimnis für Euch mehr sein.
GAVESTON
überrascht.
Ihr schwört es mir.
ANNA.
Ja, ich darf es versprechen.
GAVESTON.
Wohlan, der Wunsch, der Wunsch –
ANNA
für sich.
Endlich atm' ich wieder!
GAVESTON.
Sei Euch gewährt.
Mit Freuden will ich Euch gefällig sein.

Zu Margarethe.

Drum laßt ihn ein!
MARGARETHE beiseite, nach rechts gewendet.
O welche frohe Hoffnung!
ANNA
für sich.
O süße Hoffnung!
GAVESTON
die Mitte nehmend.
Doch welch' Gemach räumt man ihm ein?
MARGARETHE UND ANNA.
Hier dieses soll es sein!
GAVESTON
befriedigt.
Gut! –
Doch ihr andern begebet
Sogleich euch zur Ruhe dann.
MARGARETHE sehr leise, beiseite.
Frohe Hoffnung belebet ihre Brust,
Bald gelinget ihr Plan;
Sanft bricht die Morgenröte
Durch Nacht und Dunkel an.
Ihr Streben laß gelingen,
Den Sieg heut sie erringen,
Und leite aus Ziel den Plan.
ANNA
ebenso.
Süße Hoffnung belebet meine Brust,
Bald gelinget mein Plan;
Sanft bricht die Morgenröte
Durch Nacht und Dunkel an.
Mein Streben laß gelingen,
[73] Den Sieg heut' mich erringen,
Und leite aus Ziel den Plan.
GAVESTON
erfreut für sich.
Frohe Hoffnung belebt mich, endlich doch
Fügt sie sich meinem Plan;
Frohe Hoffnung belebt mich!
Bald erreich' ich das Glück auf sich'rer fester Bahn!
Ja, mein Streben laß gelingen,
Den Sieg heut mich erringen,
Und leite aus Ziel schnell den Plan.
Anna entfernt sich unauffällig nach links durch die geheime Thür.
Margarethe eilt durch den Haupteingang hinaus, um Georg eintreten zu lassen.
Gaveston sieht gespannt Georg entgegen.
Margarethe kommt mit Georg durch den Haupteingang.
5. Szene
Fünfter Auftritt.
Margarethe rechts. Georg Mitte, Gaveston zu seiner Linken.

MARGARETHE
spricht.
Nur hier herein, mein Herr! Verzeiht, daß ich Euch so lange warten ließ.
GEORG.

Ei, das hat gar nichts zu bedeuten, gute Frau. Ich habe mir indessen dieses alte prachtvolle Gebäude genau besehen – soweit es sich bei Nacht thun ließ. Dieses Schloß ist ja ein wahres Meisterstück der Baukunst. Er bemerkt Gaveston. Ah, verzeiht, mein Herr! Ihr seid es ohne Zweifel, dem ich diese gastfreie Aufnahme verdanke?

GAVESTON.

So ist es, mein Herr! Beiseite. Doch mir fällt ein – wenn dies ein Fremder wäre, der mich bei der morgenden Versteigerung zu überbieten gekommen ist?

Margarethe fixiert fortwährend Georg, als ob er ihr bekannt vorkäme und sie ihn schon früher gesehen haben müsse.
GAVESTON.
Und wen hab ich die Ehre, bei mir aufzunehmen?
GEORG.
Einen Offizier des Königs, Unterlieutenant im fünfzehnten Infanterieregiment.
GAVESTON
für sich.
Ein Unterlieutenant? Da kann ich ruhig sein! Laut. Wie es scheint, seid Ihr kein Schotte?
[74]
GEORG.

Nein, ich bin zum erstenmale in diesem Laude. Doch fühle ich mich von allem, was ich sehe und höre, wunderbar angezogen.

GAVESTON.
Und welcher Zufall führte Euch zu solch ungewöhnlicher Stunde in die Nähe dieses Schlosses?
GEORG.

Das weiß ich selbst nicht recht, doch glaube ich beinahe, es geschah, um Euch einen Dienst zu leisten.

GAVESTON.
Mir?
GEORG.

Ja, Euch. Ein anderer würde Euch sagen, die Nacht, das schlimme Wetter habe ihn hierhergeführt – ich als Soldat sage immer die Wahrheit.

GAVESTON.
Immer?
GEORG.

Ja, mein Herr! Selbst in der Liebe bin ich von einer seltenen Aufrichtigkeit. Beim Regiment behaupten zwar alle, es hindere meine Beförderung. Doch das ist meine Sache. Reden wir von Euren Angelegenheiten. Ich hörte in der Gegend von nichts anderem, als von Geistern, vom Erscheinen einer weißen Frau sprechen und bin gekommen, eine Nacht auf diesem Schlosse zuzubringen, um ihre Bekanntschaft zu machen.

GAVESTON.

Ich zweifle sehr, daß Ihr sie zu sehen bekommt, denn soviel ich weiß, hat sie sich vor Beherzten noch nie blicken lassen.

GEORG.
Da mögt Ihr Euch doch wohl irren, denn sie selbst hat mich hierher bestellt.
GAVESTON.

Ei, was Ihr mir sagt. Beiseite. Das ist ein Original, in dessen Kopf es etwas verworren auszusehen scheint. Laut. So lebt denn wohl, Herr Offizier, Mitternacht ist bald vorüber. Man soll Euch ein Lager in diesem Zimmer bereiten.

Margarethe nimmt vom Tisch rechts die Lampe und fixiert fortwährend Georg mit großer Aufmerksamkeit.
GEORG.

Wo denkt Ihr hin! Ein Lehnstuhl thut dieselben Dienste. Ich schlafe da immer noch besser als auf freiem Felde. Übrigens könnten Eure Geister leicht Bergschotten aus der Bande Rob-Roys sein und es ist geratener, wenn ich sie stehenden Fußes erwarte.

GAVESTON.

Nun, wie Ihr wollt! So gehabt Euch wohl! Gute Nacht! Und wenn die weiße Frau Euch zu besuchen [75] kommt, so sagt Ihr von mir – Nun, Margarethe, was starrt Ihr den Herrn so an?

MARGARETHE.

Weil er ganz das Aussehen eines wackeren jungen Mannes hat – und weil seine Züge Erinnerungen in mir erwecken – Erinnerungen, die –

GAVESTON.
Schon gut. Legt Euch mit Euern Erinnerungen zu Bett. Geht! Es ist spät! Zu Georg. Gute Nacht!
MARGARETHE.
Nun ja, ich gehe schon! Zu Georg. Soll ich Euch das Licht dalassen?
GEORG.

Nicht doch! Geister scheuen ja das Licht.Zu Gaveston. Gute Nacht, mein Herr! Morgen sollt Ihr von mir Neuigkeiten erfahren, kämen sie auch aus der andern Welt!

GAVESTON UND MARGARETHE
letztere die Lampe mit sich nehmend, entfernen sich durch den Haupteingang.
Gute Nacht!
Georg begleitet beide bis zur Thür.
Es wird völlig dunkel.
Man hört Gaveston nach Vorschrift der Partitur von außen die Thür verriegeln und verschließen.
6. Szene
Sechster Auftritt.
Georg allein.
Nr. 11. Ravatine.

GEORG
untersucht das Gemach, sieht das Feuer im Kamin erlöschen, setzt sich, nimmt den Blasebalg und bläst das Feuer an; dann legt er den Blasebalg wieder zum Kamin, zieht zwei Pistolen aus der Tasche und legt sie auf den Tisch rechts, alles nach Vorschrift der Partitur.
Alles still – alles still – nun komm –
Die weiße Dame – wann sie will! – –
Komm, o holde Dame,
Sag' an, wie ist dein Name?
Ich bau' auf deinen Schwur! –
Treu deinen Willen werd' ich erfüllen;
Verlangend harr' ich dein!
[76] Ach erschein! ach erschein!
Komm, o holde Dame,
Komm, ach erscheine!
Komm, o holde Dame
Komm, ach, verlangend harr ich dein!
Komm, ach, erschein!
Ja, dieses Ortes Stille,
Die rätselhafte Hülle
Haben Reize selbst für mich.
Ja, ich fühle, wie mein Herz
Deinem Anblick schlägt entgegen;
Doch niemals kannst du Furcht,
Nein – nein, niemals Furcht erregen!
Nein – nein – nein, nein, nein, nein, nein, nein!
Komm, o holde Dame,
Sag an, wie ist dein Name?
Ja, ich trau deinem Schwur! –
Treu deinen Willen werd' ich erfüllen;
Verlangend harr' ich dein!
Ach, erschein! ach, erschein! –
Schon deckt die Nacht uns mit dunklem Schleier,
Natur schon ruhet still in hehrer Feier;
Mich erfüllet süßes Regen,
O komm, wie lange willst du zögern,
Mein Herz schlägt dir entgegen.
Schon deckt die Nacht uns mit dunklem Schleier,
Natur schon ruhet still in hehrer Feier;
Mich erfüllt ein süßes Regen,
Mein Herz schlägt dir entgegen;
Ein süßes Regen füllt das Herz.
Holde, erscheine! Ja, dir entgegen
Schlägt das Herz, Holde, erschein'!
Mich erfüllt ein sanftes Regen,
Komm doch, Holde, zögre nicht!
Ja, mein Herz schlägt dir entgegen,
[77]
O komm, o zögre nicht!
Ach, erschein! ach, erschein!
Ja, mit Lust harre ich dein! – –

Gesprochen.

Was hör ich? –

Er horcht aufmerksam.

Komm, o holde Dame! komm, o holde Dame!
Komm, o holde Dame! mit Lust harr' ich dein! –
Anna kommt, ganz weiß gekleidet und mit einem weißen langen Schleier verhüllt, bei den Harfentönen von links durch die geheime Thür (Drehbild); sie schließt die Thür schnell hinter sich.
7. Szene
Siebenter Auftritt.
Georg, Anna zu seiner Linken.

GEORG
gefaßt, die Erscheinung anschauend, für sich, spricht.

Nein, es ist keine Täuschung. Sie ist es! Ich unterscheide trotz der Dunkelheit der Nacht ihren leichten Gang und ihre weiße Kleidung.

ANNA
für sich.

Er ist es! Ob er mir aber folgen wird? O gewiß! Wenn auch nicht aus Dankbarkeit für die weiße Frau, so doch gewiß aus Furcht vor ihr. Sie tritt näher.

GEORG.
Sie naht!
ANNA
halblaut.
Dikson! Dikson! – Bist du es?
GEORG.
Nein, er ist es nicht! Ich bin es und komme statt seiner.
ANNA
für sich mit leisem Ausruf.
O Himmel! Laut im vorigen Ton. Und wer seid Ihr?
GEORG.
Wie, allwissende Zauberin, du weißt nicht, wer ich bin?
ANNA
für sich.
Gott, welche Stimme?
GEORG.
Muß ich dir erst sagen, daß ich mich Georg Brown nenne?
ANNA
beiseite.

Georg an diesem Ort? Ist es kein Traum? Ach, wenn ich –Sie geht ihm einen Schritt entgegen. Nein, ich darf selbst gegen ihn meines Schwurs nicht vergessen! Laut. Du thatest wohl daran, mir nichts verbergen zu wollen, denn ich, die Alles weiß, kenne dich sehr wohl. Du dientest in der englischen Armee und wurdest an der Seite[78] deines Obersten verwundet. Eine dir unbekannte Hand rief dich ins Leben zurück und pflegte dich mit Sorgfalt.

GEORG.
Das ist zuviel! Wer bist du, geheimnisvolles Wesen? Er geht auf sie zu.
ANNA
streckt abwehrend die Hand aus.
Zurück – oder ich entschwinde deinen Blicken und du siehst mich niemals wieder!
GEORG
zieht sich zurück.

Ich gehorche. Doch bemitleide die Verwirrung, in der ich mich befinde. Sprich, wo ist die schützende Gottheit, der ich das Leben danke? Seit drei Monaten suche ich sie vergebens; überall wähne ich sie zu hören, zu sehen – selbst jetzt glaube ich ihre Stimme zu erkennen.

ANNA.
Könnte ich sie nicht angenommen haben, um dich zu gewinnen?
GEORG.

Wenn du es nicht selbst bist, so beschwöre ich dich, gieb mir die Mittel an die Hand, sie wiederzusehen!

ANNA.
Das wird von dir abhängen!
GEORG.
Was soll ich thun?
ANNA.

Mir gehorchen! Beiseite. Nein, ich darf es nicht wagen, ich muß meinen Plan ändern! Laut. Morgen wirst du meine Befehle empfangen – und welche es auch sein mögen –

GEORG.
Ich schwöre, sie zu vollziehen! Ich gehorche!
ANNA.
So höre mich an!
Nr. 12. Duett.
Es donnert leise ab und zu.
ANNA.
Dieses Gut gehört den Grafen Avenel mit Recht.
Der es bisher verwaltet, ist falsch, grausam und schlecht;
Er – will es ihnen rauben. –
Mir ward durch Gott die Macht,
Der Waise Schutz zu leih'n;
Laster sei schnell bestraft!
O sprich, willigst du ein,
Hier Beistand mir zu sein?
Täusch' die Hoffende nicht.
[79]
GEORG.
Dem Unglück Rächer sein,
Ist meine heiligste Pflicht.
ANNA.
Stets mein Gebot treu zu erfüllen,
Ford're ich von dir!
GEORG.
Wie, ich?
ANNA.
Das schwöre mir!
GEORG.
Soll schwören dir?
ANNA.
Das schwöre mir!
GEORG.
Den Schwur –
ANNA.
Ford'r ich von dir, ja mein Gebot,
Stets zu erfüllen, schwöre,
Das schwöre, schwöre mir!
GEORG.
Ja, ich gelobe, stets deinen Willen
Mit frohem Herzen gern zu erfüllen,
Wenn auch Gefahr mir drohet hier,
Ich scheue nichts, das schwör' ich dir.
ANNA.
Du schwörest mir –
GEORG.
Ja, ja!
ANNA.
Daß meinen Willen –
GEORG.
Ja, dein Gebot stets zu erfüllen,
Das schwöre, das schwör' ich dir!
ANNA.
Von deinem Schwur, von deinem Mute
Giebst du mir wohl ein sichres Pfand?
GEORG.
Rede!
ANNA.
So wag' es kühn, reiche mir nun deine Hand,
Ja, wag' es kühn, reiche mir die Hand!
GEORG.
Die Hand? Nimm sie, da! –

Er reicht ihr beherzt die Hand, wendet aber das Gesicht von ihr ab.
Für sich.

Diese Hand, diese Hand, so weich, ach, so zart,
Sie erfüllt mich mit Lust und mit Schmerz!
Ach, welch' ein süßer Traum,
Nein, mein Glück findet hier nicht Raum.
Diese Hand, diese Hand, so weich, ach, so zart,
Sie erfüllt mich mit Lust und mit Schmerz!
[80] ANNA für sich.
Ach, ich fühls, vor der Liebe Zauber,
Bewahrt keine Macht ein zärtliches Herz!
Ach, mein Glück verberg' ich kaum,
Nein, ich stör' nicht den süßen Traum.
Ja, ich fühls, vor der Liebe Zauber
Bewahrt keine Macht ein zärtliches Herz!
Schnell fort!
GEORG.
Ach, bleibe!
ANNA.
O Gott, welche Angst mich durchbebet!
Was forderst du?
GEORG.
Hast du nicht gelobt, daß mir bald
Die Heißgeliebte erscheinen werde?
Wo find' ich sie?
ANNA.
An diesem Ort.
GEORG.
Doch wie?
ANNA.
Merk' auf! Meine Befehle soll morgen sie dir bringen;
Doch meine Gunst dir zu erringen,
Sei bereit, sobald sie dir erscheint, mir zu gehorchen.
GEORG.
Ich werd' gehorchen.
Doch du gelobst, daß sie erscheint?
ANNA.
Ja, ich gelob', daß sie erscheint.
GEORG.
Ich trau' dem Schwur, der dich bindet;
Doch giebst du mir wohl noch ein Pfand?
Ja, du giebst mir noch ein Pfand,
Jeder Zweifel dann verschwindet.
ANNA.
So sprich!
GEORG.
Reiche mir die Hand!
ANNA.
Die Hand?
GEORG.
Die Hand!
ANNA.
Die Hand? – Nimm sie, da!

Sie reicht ihm die Hand.
GEORG für sich.
Diese Hand, so weich, ach, so zart,
Sie erfüllt mich mit Lust und mit Schmerz!
Ach, welch' ein süßer Traum,
[81] Nein, mein Glück findet hier nicht Raum.
Diese Hand, so weich, ach, so zart,
Sie erfüllt mich mit Lust und mit Schmerz!
Das wär' ein Geist? Ach, ich glaub' es kaum!
Ach, welch ein Traum! mein Glück find't hier nicht Raum!
Ach, welch ein Traum! o welch ein süßer Traum!
ANNA
für sich.
Ach, ich fühl's, vor der Liebe Zauber
Bewahrt keine Macht ein gefühlvolles Herz!
Ach, mein Glück verberg ich kaum,
Nein, ich stör nicht den süßen Traum.
Ja, ich fühl's, vor der Liebe Zauber
Bewahrt keine Macht ein gefühlvolles Herz!
Ach, welch ein süßer schöner Traum, welch ein Traum!
Ach, mein Glück verberge ich kaum,
Nichts stör den süßen Traum!
GEORG.
Fliehe nicht!
ANNA.
Schnell fort!
GEORG.
Fliehe nicht!
ANNA.
Schnell fort!
GEORG.
Fliehe nicht!
Für sich.

Ach, welch ein süßer Traum!
Ach, mein Glück findet hier nicht Raum!
ANNA
für sich.
Welch ein süßer Traum!
Mein Glück verberg' ich kaum!
Ach, welch ein süßer Traum!
Anna entfernt sich leise durch die geheime Thür (Drehbild) ohne daß Georg es bemerkt.
GEORG
spricht.
Sie entfernt sich, sie ist verschwunden und ich wagt es nicht, ihr zu folgen.
Es wird allmählich Tag.
Man hört an den Haupteingang klopfen, ihn aufriegeln und aufschließen.
Gaveston tritt durch denselben ein.

[82]
8. Szene
Achter Auftritt.
Gaveston, Georg zu seiner Linken.

GAVESTON
spricht im Eintreten.
Mein Herr, der Tag bricht an!
GEORG.
Schon?
GAVESTON.
Ich hab' Euch wohl aus einem süßen Traum geweckt?
GEORG.
O ja – aber es war mehr als ein Traum.
GAVESTON.
Nun, wie habt Ihr diese Nacht zugebracht?
GEORG.

Recht gut, nur ein wenig unruhig, denn die Wahrheit zu gestehen, ich hatte gar keine Zeit zum Schlafen.

GAVESTON.
Natürlich! Die Gedanken an die weiße Frau haben Euch nicht ruhen lassen.
GEORG.
Gedanken? Mehr als das!
GAVESTON.
Ihr hättet sie wohl gar gesehen?
GEORG.

Gesehen? Nein, das eben nicht! Aber mich die ganze Nacht mit ihr unterhalten und bin von ihrer holden Stimme jetzt noch ganz entzückt!

GAVESTON.
Was wollt Ihr damit sagen?
GEORG.
Indessen, mein werter Herr, muß ich Euch sagen, daß Ihr nicht sonderlich bei ihr in Gunst steht.
GAVESTON.
So!
GEORG.

Ja. Sie behauptet – verzeiht mir, es sind ihre eigenen Worte – Ihr wäret ein geiziger, ungerechter, habsüchtiger Mann. Ihr wolltet diese Herrschaft an Euch bringen und Eure ehemaligen Herren so berauben.

GAVESTON
schnell einfallend.
Wer darf es wagen, so etwas zu vermuten?
GEORG
achselzuckend.

Es sind ihre eigenen Worte! Sie sagte weiter, daß Eure Hoffnung zu Schanden werden solle, daß sie das Erbe der Grafen von Avenel niemals in Eure Hände kommen lassen würde.

GAVESTON
mit heimlichem Ingrimm.
Und das alles sagte Euch die weiße Dame?
GEORG.
Ja, ungefähr mit denselben Worten.
GAVESTON
indem er an Georg vorüber nach links tritt.

Nun wohlan, der Erfolg wird ja lehren, wer von uns beiden am meisten vermag. Er sieht durch das Fenster links. Da tritt der [83] Friedensrichter Mac- Irton in den Hof, mit allen aus der Umgegend, welche der Versteigerung beiwohnen wollen. Wenn Ihr wollt, so könnt Ihr Euch gleich selbst überzeugen. Habt Ihr einer Versteigerung schon beigewohnt?

GEORG.
Nein.
GAVESTON.
Warum?
GEORG
mit der Gebärde des Geldzählens.
Aus sehr triftigen Gründen.
GAVESTON
für sich.
Ah, ich verstehe! ein Unterlieutenant! Laut. Nun, so bleibt und nehmt einen der ersten Plätze ein.
Der Haupteingang wird geöffnet.
Schottische Pächter, Pächterinnen, Bauern und Bäuerinnen treten durch denselben ein.
Vier Diener folgen, schließen die Thür, setzen den grünbedeckten Tisch von links hinten nach der Mitte hin vor, öffnen den Haupteingang wieder und halten dann die fünf Stühle bereit.
Gaveston geht durch den Haupteingang ab und Mac-Irton entgegen.
Margarethe kommt nach einer kleinen Weile durch den Haupteingang und tritt auf die rechte Ecke vor.
9. Szene
Neunter Auftritt.
Margarethe auf der rechten Ecke. Georg auf der linken Ecke. Vier Diener die Stühle bereit haltend. Schottische Pächter, Pächterinnen, Bauern und Bäuerinnen.
Nr. 13. Finale.

CHOR DER PÄCHTER, BAUERN UND IHRER FRAUEN.
Froh verlassen wir Feld und Wiesen,
Wir sammeln uns in dem Kastell,
Um den zu sehn, den das Schicksal wird erkiesen
Wen das Geschick heut' zum Herren wird erkiesen
Des schönen Gutes Avenel!
MARGARETHE
für sich.
Weh mir, weh mir! ach, dieses Herz, es bricht!
Ja, ich fühl's, diesen Schmerz, ich ertrag' ihn nicht!
Dikson und Jenny kommen durch den Haupteingang und treten vor, Georg zur Rechten und Linken.

[84]
10. Szene
Zehnter Auftritt.
Die Vorigen. Dikson und Jenny links vorn um Georg, ihn begrüßend.

JENNY zu Georg.
Wie, Euch, mein Herr, sind' ich hier wieder?
DIKSON
zu Georg.
Wie, Euch seh' ich hier wieder?
GEORG
zu Jenny.
Wie, Euch seh' ich hier wieder?
JENNY.
Wie ist's?

Geheimnisvoll.

Welch Geheimnis ruht hier?
DIKSON
ebenso.
Wie ist's? Welch Geheimnis ruht hier?
JENNY.
Was sahet Ihr?
DIKSON.
Was sahet Ihr?
GEORG.
Bald sag' ich's euch!
JENNY.
So sprecht, ich bitte!
DIKSON.
So sprecht, ich bitte!
GEORG.
Bald sag' ich's euch!
GEORG.
Auf Ehre, glaubt, es war recht gut,
Daß ich ging statt seiner hierher,
Denn nicht wär' er am Leben mehr –
JENNY.
Was sagt Ihr?
GEORG
lachend.
Vor Schrecken wär' er längst tot!
DIKSON.
Glaubet Ihr?
GEORG.
Vor Schrecken wär' er längst tot!
DIKSON.
Sieh, Jenny nun, was mir gedroht!
GEORG.
Vor Schrecken wär' er längst tot!

Der Haupteingang wird geöffnet.

DIKSON, JENNY.
Doch seid nun still! –
Laßt uns alle stille sein!
DIKSON.
Seht, dort tritt Herr Mac-Irton,
Der Friedensrichter schon ein! –
Jenny und Dikson gehen nach rechts hinüber und treten Margarethe zur Linken.
Zwei Gerichtsdiener mit langen weißen Stäben treten durch den Haupteingang auf und nehmen rechts und links an der Thür Aufstellung.
[85] Mac-Irton, der Gerichtsschreiber, zwei Beisitzer, Gaveston folgen durch den Haupteingang.
11. Szene
Elfter Auftritt.
Die Vorigen. Zwei Gerichtsdiener. Mac-Irton. Gaveston. Der Gerichtsschreiber. Zwei Beisitzer.
Die Gerichtspersonen begeben sich hinter den Mitteltisch.
Die vier Diener stellen sofort die fünf Stühle an den Mitteltisch und ziehen sich dann nach hinten zurück.
Die Gerichtspersonen und Gaveston nehmen am Mitteltisch Platz.
Georg setzt sich links vorn.
Die zwei Gerichtsdiener schließen den Haupteingang, verlassen den Platz an der Thür und nehmen hinter Mac-Irton Aufstellung.

DIKSON
zu den Pächtern.
Seid nun stille! – Seid nun stille!
MARGARETHE, JENNY UND FRAUEN unter sich.
Ich zitt're! ich bebe!
DIE PÄCHTER
leise zu Dikson.
Deine Pflicht wirst du treu erfüllen,
Als ein kluger Mann zeigen dich.
[86]
DIKSON
leise zu den Pächtern.
Vertraut auf mich, vertraut auf mich!
Getreu befolg' ich euren Willen,
Eure Vollmacht ehre ich.
MAC-IRTON erhebt sich.
Ihr Herrn, die Sitzung beginnet.
Alle Sitzenden stehen auf.
ALLE.
Was nimmt das für ein Ende hier!? –
Mac-Irton nimmt die Kopfbedeckung ab.
Alle folgen seinem Beispiel.

MAC-IRTON nimmt die Pergamentrolle vom Tisch und liest.
Auf den Befehl des Königs und des
Obergerichts – thun wir euch kund –

Er setzt die Kopfbedeckung wieder auf.

Alle folgen seinem Beispiel.

MAC-IRTON.
Daß heut' dieses Gut nach Gesetz
Und Gewissen, Recht und nach Pflicht
Öffentlich wird verkauft,
Und dem zu eigen bleibt,
Der zuletzt am meisten bot.
Einer bietet dafür zehntausend Thaler!
Gerichtsschreiber zündet in diesem Augenblick das auf dem Tisch stehende Licht an.
Mac-Irton legt die Pergamentrolle auf den Tisch und nimmt wieder wie vorher Platz.
Gaveston, Beisitzer, Schreiber, Georg setzen sich ebenfalls wieder.
ALLE
ausrufend.
Zehntausend nur!?

Erstaunt.

Abscheulich!
Unerhört! Unglaublich! Ist's denkbar!

Sie gruppieren sich mit möglichster Lebendigkeit um den Tisch.
DIE PÄCHTER
zu Dikson.
Wohlan, jetzt erfüll' deine Pflicht.
DIKSON.
Ich – fünfzehntausend!
GAVESTON.
Zwanzig!
DIKSON.
Fünfundzwanzig!
GAVESTON.
Dreißig.
DIKSON.
Fünfunddreißig! –
GAVESTON.
Ich vierzig!
[87]
MAC-IRTON das Gebot ausrufend.
Vierzigtausend Thaler! –
DIKSON.
Wohlan! – Fünfundvierzig!
GAVESTON.
Nun denn! Ich fünfzig!
DIKSON.
Fünfundfünfzig!
GAVESTON
steht auf.
Ich gebe sechzig!
MAC-IRTON wie oben.
Sechzigtausend Thaler!
GAVESTON
für sich, die Pächter beobachtend.
Seht, wie sie unschlüssig sind.
DIE PÄCHTER
leise zu Dikson.
Wohlan, nur Mut, du mußt höher streben!
DIKSON
leise.
Wie, Ihr wollt mehr noch als dieses geben?
DIE PÄCHTER.
Jawohl, nur Mut, du mußt höher streben!
DIKSON.
Nun gut, fünfundsechzig!
GAVESTON.
Siebzig geb ich!
DIKSON.
Achtzig geb' ich!
GAVESTON.
Neunzig geb' ich.
ALLE
außer Gaveston und Irton.
Gott! welch' Geschick;
GAVESTON
geheimnisvoll für sich.
Wie sie sich sträuben, doch das Schloß

Sehr bestimmt.

bleibet mein,
Bald werd' ich Eigentümer sein,
Mir gehört es nun ganz allein! –
Wie verlegen sie nun sind!
ALLE außer Gaveston und Irton.
Alle Hoffnung seh' ich nun verschwinden.
MARGARETHE, JENNY.
Ach, ich hoff' nicht mehr!
DIE PÄCHTER
zu Dikson.
Wohlan, wohlan! so bietet doch noch mehr!
DIKSON.
Wie, ihr gebt mehr?
DIE PÄCHTER.
Wohlan!
DIKSON.
Ihr gebt noch mehr?
DIE PÄCHTER.
Wohlan, so bietet mehr! so bietet mehr!
DIE FRAUEN.
Welch Geschick! welch Geschick!
MARGARETHE, JENNY.
Welch Geschick! welch Geschick!
[88]
DIKSON.
Wohlan! Fünfundneunzig!
GAVESTON.
Und ich – hunderttausend Thaler!
ALLE.
Gott! Nun ist's aus! Verloren sind wir!
DIE PÄCHTER.
Nun können wir wahrlich nicht überbieten!
Nun ist's aus, verloren sind wir!

Sie treten zurück.

MAC-IRTON das Gebot ausrufend.
Hunderttausend Thaler!
Wie, niemand bietet mehr?
MARGARETHE, JENNY, DIKSON, GEORG.
Das Schicksal beugt mich sehr!
GAVESTON
lauernd.
Wie, niemand bietet mehr?
DIE PÄCHTER.
Wie, niemand bietet mehr?
GAVESTON
zu Georg.
Wohlan, mein junger Freund,
Ihr seht, die weiße Dame
Gleicht allen andern Frau'n.
Wer wird den glatten Worten auch
Der schönen Mädchen trau'n!
Ihr seht, das Schloß wird noch heute mein.
GEORG
für sich.
Ja, er hat recht, ich war ein Thor,
Auf der Dame Worte zu bau'n.
MARGARETHE, JENNY, DIKSON, DIE PÄCHTER.
Nun ist's aus, wir sind verloren!
GAVESTON.
Seht, zu End' ist nun bald das Licht,
Ja, das Schloß, es entgeht mir nicht.
Anna kommt umgekleidet und ungesehen von links aus der geheimen Thür und stellt sich unbemerkt hinter Georgs Stuhl.
12. Szene
Zwölfter Auftritt.
Die Vorigen. Anna.

GEORG.
Verwünscht, ich zürne dem Schicksal.
Wer wagt es wohl, zu bieten mehr?
ANNA
leise.
Du?
GEORG
aufstehend und sich unauffällig zu ihr wendend; leise.
Was seh' ich! Welche Himmelslust!
Ja, sie ist's, wohnt ihr Bild nicht in dieser Brust?
[89] Ist's kein Traum?
ANNA leise.
Wer sendet mich zu dir?
GEORG
leise.
Ich sollte hier?
ANNA
ebenso.
Auf, gehorch'!
MAC-IRTON ausrufend.
So bietet niemand mehr? –
So bietet niemand mehr! –
GEORG kraftvoll.
Haltet ein! –

Er tritt zum Tische vor.

Tausend Thaler noch biet' ich mehr.
ALLE
außer Georg.
Gott! – –

Allgemeine Überraschung.
Die Pächter und ihr Anhang zeigen sich bei Georgs Gebot hocherfreut.
Gaveston und Mac-Irton fassen Georg scharf ins Auge.
GAVESTON.
Mir ahnt, hier liegt ein Geheimnis verborgen,
Wer mag wohl jener sein, der als Käufer sich zeigt?
Was will er hier im Ort? Es macht mir Sorgen.
Ha, meinem Zorn vermag ich kaum zu gebieten,
Doch Vorsicht erheischet, daß mit Klugheit ich ihm berge meine Wut!
Mac-Irton steht auf und tritt vor den Tisch.
Die Gerichtspersonen erheben sich.
Alle treten etwas vor.
MARGARETHE UND JENNY für sich.
Wer kann mir wohl erklären, was hier verborgen liegt?
Der das Gut heut' will kaufen, man kennt ihn hier nicht.
Wer kann mir erklären, was verborgen hier liegt?
Blicke du, guter Gott, gnädig hernieder,
Schenke du dem Fremdling Glück, schenk' ihm Glück!
DIKSON.
Wer kann mir wohl erklären, was verborgen hier liegt?
Der das Gut heut' will kaufen, man kennt ihn hier nicht.
Wer kann mir erklären, was verborgen hier liegt!
Blicke du, guter Gott, gnädig hernieder!
[90] Ha, welch' ein froher Augenblick, welch' Glück!
Ach, welch' froher Augenblick!
GAVESTON
für sich.
Wer kann mir wohl erklären, ach, wer giebt mir hier wohl Licht?
Nein, nein, auf Ehre, den fremden Käufer begreife ich nicht.
O Gott, wer sagt mir, was noch hier liegt verborgen?
Wahrlich, nein! wahrlich, nein! ich begreife es nicht!
Hier im Schloß ließ als Herr er sich wohl nieder.
Ha, meinem Zorn vermag ich kaum zu gebieten,
Doch Vorsicht erheischet, daß mit Klugheit ich ihm berge meine Wut!
MAC-IRTON für sich.
Wer kann mir wohl erklären, ach, wer giebt mir hier wohl Licht!
Wer kann dies uns erklären, was uns verborgen hier liegt?
Hier im Schloß ließ als Herr er sich wohl nieder.

Auf Gaveston.

Ha, seinem Zorn vermag er kaum zu gebieten,
Doch Vorsicht erheischet hier, seine Wut klug zu bergen,
Bergen seine Wut, ja seine Wut!
GEORG
für sich.
O güt'ger Gott, sei du hier meiner Liebe Beschützer!
Ach, meinen Wunsch gewähre, laß mich einst werden ihres Herzens Besitzer!
O Himmelsglück! sie ist hier, sie seh' ich hier wieder,
Nichts fehlet mehr zu meinem Glück, zu meinem Glück.
Ach, sie seh' ich, sie seh' ich wieder,
Nichts fehlet mehr zu meinem Glück!
ANNA
für sich.
O güt'ger Gott, sei du hier des Rechts Beschützer,
O rette heut' Gut und Ehre dieses Schlosses rechtmäßigem Besitzer.

Zu Georg.

Gehorche mir! Stets zu schweigen gelobtest du;
[91] Mir gefällt nur der allein, der mir erscheint brav und bieder,
Sein harret schöner Lohn und Glück.
Mir gefällt allein, der sich zeigt stets brav und bieder,
Ja, sein harrt, ja, seiner harrt das Glück!
CHOR
unter sich.
Wer giebt hier nur Licht? Wer kann dies uns erklären?
Wer kann's erklären, was uns verborgen hier liegt?
Würde er unser Herr, für das Land welch' ein Glück!
Welch' ein Glück! Welch' froher Augenblick!
Mac-Irton nimmt seinen Sitz wieder ein.
Die Gerichtspersonen ebenso.
Die Pächter und Bauern tragen von rechts und von hinten die Bänke herbei und stellen sich darauf.
Lebhaftes Gruppenbild.
Georg am Lehnstuhl links.
Anna von den Andern unbemerkt hinter demselben.
Gaveston an der rechten Seite des Tisches stehend.
Die Pächter und ihr Anhang während der weitergehenden Steigerung in großer Aufregung und Spannung.
GAVESTON.
Wohlan! so muß es sein!
DIE PÄCHTER UND IHR ANHANG.
Ich zitt're!
GAVESTON.
Ich gebe mehr, tausend Thaler!
GEORG
mit Kraft.
Zweitausend!
GAVESTON.
Drei!
GEORG.
Vier!
GAVESTON.
Fünf!
GEORG.
Sechs!
ANNA
leise zu Georg.
Biete mehr, nur Mut! biet' mehr, nur Mut! biet' mehr!
GAVESTON.
Sieben!
GEORG.
Acht!
GAVESTON.
Neun!
GEORG.
Zehn!
ANNA
leise zu Georg.
Biete mehr, nur Mut! biet' mehr und mehr, nur mutig!
[92]
GAVESTON.
Kaum zähm' ich, kaum zähm' ich die Wut!
DIE PÄCHTER UND IHR ANHANG.
O seht, er zähmet kaum die Wut!
GAVESTON.
Kaum zähm' ich, kaum zähm' ich die Wut!

Wütend.

Nun fünfundzwanzig!
ANNA
leise.
Biete mehr, nur Mut, biet' mehr, nur mutig!
GEORG.
Dreißig!
GAVESTON.
Vierzig!
ANNA
leise.
Biete mehr, nur Mut! biet' mehr, nur mutig!
GEORG.
Fünfzig!
GAVESTON.
Sechzig!
ANNA
leise.
Nur mehr und mehr, nur mehr und mehr!
GEORG.
Achtzig denn!
GAVESTON.
Neunzig denn!
ANNA
leise.
Nur mehr und mehr, nur mehr und mehr!
GEORG.
Viermalhunderttausend Thaler!
GAVESTON.
Ha, verdammt!
ANNA.
Recht gut, recht gut, ich bin zufrieden, fasse Mut!
DIE PÄCHTER UND IHR ANHANG unter sich.
O seht, er zähmet kaum die Wut!
Ja, kaum zähmet er die Wut!
GAVESTON
für sich.
Kaum bezähm' ich die Wut!
Kaum bezähm' ich meine Wut!
MARGARETHE, JENNY UND ANNA für sich.
Kaum bezähmt er seine Wut!
GAVESTON.
Viermalhundertundfünfzig!
GEORG
übermütig.
Nun wohl – wenn es muß sein!
GAVESTON.
Haltet ein! –
Raten will ich diesem jungen Mann,
Der, von Leichtsinn bethöret,
Hier so tollkühn heut' handeln kann!

Zu Mac-Irton.

Mein Herr, leset das Gesetz! –
MAC-IRTON steht auf und liest aus einem dicken Buche.
Wer am Tag des Verkaufs nicht um die zwölfte Stunde
[93] Bezahlet blank und bar uns das schuldige Geld,
Oder uns einen tüchtigen Bürgen hier stellt –
GAVESTON
zu Georg.
Habt Ihr gehört?
MAC-IRTON.
Der wird schnell ohne Gnad' in den Kerker gebracht.
GEORG.
In den Kerker?
ANNA
leise.
Sei ruhig!
GEORG
munter und leise zu ihr.
Nun, ich gehorch', wenn's Freude, Freude Euch nur macht.

Laut.

Fünfmalhunderttausend Thaler!
MARGARETHE, JENNY, GAVESTON, MAC- IRTON, PÄCHTER UND IHR ANHANG erstaunt.
Fünfmalhunderttausend!
ANNA
leise zu Georg.
Recht gut, recht gut, ich bin zufrieden!
MAC-IRTON ausrufend.
Fünfmalhunderttausend Thaler!
Fünfmalhunderttausend Thaler!
GAVESTON vernichtet für sich.
Nun ist's aus!
MAC-IRTON.
So bietet niemand mehr?
GEORG
spöttelnd zu Gaveston.
Was sagt Ihr nun, mein Freund,
Ihr seht, die weiße Dame ist nicht wie alle Frau'n,
Und ihrem Ehrenwort darf man vertrau'n.
Ja, Frauenwort darf man vertrau'n,
Darf man vertrau'n!
GAVESTON.
Ich rase! Ich rase!
MAC-IRTON zu Georg.
Euer Name
GEORG
mit Kraft.
Georg Brown.
MAC-IRTON.
Euer Stand?
GEORG.
Bin Unterlieutenant, mit dreihundert Thaler Gage!
MAC-IRTON.
Ist das wahr?
GEORG.
Und sagen soll man nicht, daß ich Verschwender bin!

Lustig.

Ich laß mir's nach und nach von meiner Gag' abziehen!

Das Licht ist dem Verlöschen nahe.
ALLE
das Licht beobachtend.
Ha, das Licht ist nun bald zu End'!
[94]
MAC-IRTON leise zu Gaveston.
Ihr seht, ich muß hier nun thun meine Pflicht!

Das Licht verlischt mit dem Paukenschlag.

MAC-IRTON mit Kraft.
Zugeschlagen!

Er ergreift den vor ihm liegenden Hammer und schlägt gleichzeitig auf den Tisch.
Große und freudige Bewegung unter den Pächtern
und ihrem Anhang.
ALLE.
Gott, welch' ein Glück für uns! (mich!) welch' ein Glück!
GAVESTON UND MAC-IRTON.
Ha, welch' ein finstrer Augenblick!
Mac-Irton tritt mit den Gerichtspersonen vom Tisch fort, nach rechts vor.
Die vier Diener bringen den Tisch und die fünf Stühle an ihre früheren Stellen zurück.
Margarethe, Jenny, Dikson eilen nach links zu Georg hinüber.
Alle treten vor.
GAVESTON
für sich.
Kaum zähm' ich die Wut!
Ja, kaum bezähm' ich meine Wut!
MAC-IRTON UND GAVESTON.
Ha, kaum zähmt er seine (ich meine) Wut!
Ihn soll ich hier sehen als unsern Herrn.
Ha, Fluch dem Mißgeschick!
Doch alles ist mir hier deutlich noch nicht!
Manches liegt hier noch verborgen!
Ach, wer giebt mir hier wohl Licht?
Wer ist er? Und woher?
[95]
Kaum bezähmt er seine / ich meine Wut!
Ha, er fürchte seine / meine Wut!
MARGARETHE, JENNY, DIKSON.
Ach, welch' Glück das Los uns heut' gewähret!
Ja, es schenkt uns einen gütigen Herrn;
Ja, wir sehn in ihm den Herrn!
Welch' ein Glück! Welch' ein Glück!
Wie dank' ich heut' dem Geschick.
Doch alles ist mir hier deutlich noch nicht,
Was hier verborgen! Ach, wer giebt mir hier wohl Licht?
Doch gleichviel, ein frohes Los wird uns heut';
Verkündet uns Glück, dieser Tag verkündet uns Glück!
Kaum bezähmt er die Wut, ja die Wut!
Ach, seht doch seine Wut, die ergreifet ganz sein Herz!
Doch lach' ich seiner Wut! Doch lach' ich seiner Wut!
GEORG.
Ach, ich seh' sie hier, die ich verehre.
Mir lacht das Glück, ich weile hier gern.
Ja, Ihr seht in mir den künft'gen Herrn!

Er sieht Anna an.

Welch' ein Glück! Welch' ein Glück!
Wie dank' ich heut' dem Geschick!
Doch alles ist mir hier deutlich noch nicht,
Was hier verborgen! Ach, wer giebt mir hier wohl Licht!
Doch gleichviel, ein frohes Los wird uns heut';
Verkündet uns Glück, dieser Tag verkündet uns Glück!
Doch seht, er zähmt kaum die Wut!
Ach, seht doch seine Wut, die ergreifet ganz sein Herz!
Doch lach' ich seiner Wut! Doch lach' ich seiner Wut!
ANNA.
O mein Gott, meine Bitte erhöre,
Rette Gut und Ehre dem Herrn,
Ja, das Glück ist nicht mehr fern,
Leuchtend naht mir der Hoffnung schöner Stern!
Welch' ein Glück! welch' ein Glück!
Wie dank' ich heut' dem Geschick!

[96] Zu Georg.

Folge, traue mir!
Du hast's gelobt, Wonne fühlt dieses Herz. –
O mein Gott, mich erhöre! –
Hör unser Flehn, ach, rett' Ehr' und Gut!
Ach, seht doch seine Wut, die ergreifet ganz sein Herz!
Doch lach' ich seiner Wut, doch lach' ich seiner Wut!
CHOR.
Wir sehn in ihm den künft'gen Herrn!
Welch' ein Glück! welch' ein Glück!
Wie dank ich heut' dem Geschick!
Manches wohl ist, was hier verborgen,
Ja, ach, wer giebt mir hier wohl Licht!
Doch gleichviel, ein frohes Los ward uns heut';
Verkündet uns Glück, verkündet uns Glück!
Doch seht, o seht: er zähmt kaum die Wut!
Ach, seht doch seine Wut, die ergreifet ganz sein Herz!
JENNY.
Wie gütig und wie liebenswert ist unser gnäd'ger Herr!
MAC-IRTON, GAVESTON.
Kaum kann er / ich noch sich / mich bezähmen!
Wer ist er? Und woher? Nur Rache füllt dieses Herz!
Ha, er fürchte seine / meine Rache!
Kaum kann er / ich noch sich / mich bezähmen!
MARGARETHE.
Kaum kann er noch sich bezähmen!
Hoch soll leben unser Herr!
Ja, uns schenket heut' das Los
Einen gütigen Herrn!

Auf Gaveston hin.

Kaum kann er noch sich bezähmen!
JENNY UND DIKSON.
Kaum kann er noch sich bezähmen!
Ich lache seiner Wut, ich lache seiner Wut!
Hoch soll leben unser Herr!
Ja, uns schenket heut' das Los
Einen gütigen Herrn!

Auf Gaveston hin.

Kaum kann er noch sich bezähmen!
GEORG.
Kaum kann er noch sich bezähmen!
Ich lache seiner Wut, ich lache seiner Wut!
[97] Wonne fühlt heut' dieses Herz!
Ja, ich seh' sie, mir scheint noch heut'
Der Hoffnung schöner Stern.
Ja, nichts gleichet meinem Glücke!
ANNA.
Kaum kann er noch sich bezähmen!
Ich lache seiner Wut, ich lache seiner Wut!
Wonne fühlt heut' dieses Herz!
Ja, uns schenket heut' das Los
Einen gütigen Herrn!

Auf Gaveston hin.

Kaum kann er noch sich bezähmen!
CHOR.
Kaum kann er noch sich bezähmen!
DIE JUNGEN MÄDCHEN
begrüßen Georg.
Hoch soll leben unser Herr!
CHOR.
Ja, uns schenket heut' das Los
Einen gütigen Herr!

Auf Gaveston hin.

Kaum kann er noch sich bezähmen!
MAC-IRTON, GAVESTON.
Kaum noch bezähmt er seine / bezähm' ich meine Wut!
MAC-IRTON.
Ja, kaum bezähmt er die Wut!
Ja, er fluchet dem Geschick!
GAVESTON.
Ja, kaum bezähm' ich die Wut!
Ja, ich fluche dem Geschick!
GEORG.
Ich seh' die Teure heute wieder!
Welch ein Glück, für mich welch ein Glück!
Ach, welch ein Glück.
MARGARETHE, JENNY, DIKSON, ANNA, CHOR.
Uns schenket heut' das Los den gütigsten Herrn!
Für uns welch ein Glück! für uns welch ein Glück!
Die Pächter umringen Georg, jubelnd die Hüte schwenkend.
Zwei Pächter heben Georg auf die Schulter und tragen ihn dem Ausgang zu.
Mac-Irton und Gaveston stehen ergrimmt rechts vorn.
Margarethe tritt zu Anna.
Anna sieht beglückt Georg nach.
Alle Übrigen wenden sich in lebhafter Bewegung dem Ausgang zu.
[98]

3. Akt

1. Szene
Erster Auftritt.
Anna allein Anna kommt in demselben Anzug, wie im zweiten Auftritt des zweiten Aufzugs eilig von rechts, freudig überrascht von dem Saal, in welchem sie sich befindet; dann richtet sie dankend ihre Blicke gen Himmel.
Nr. 14. Arie.

ANNA.
Wohl mir!
Mit Freudigkeit betritt mein Fuß
Den Ort der Kindheit wieder,
Himmelslust sinkt auf mich hernieder!
Und ihr, die längst erreicht das schöne Ziel,
Ihr blickt herab von dort, wo Engel thronen!
Ihr Edlen duldet nicht, daß die Bosheit zu lohnen,
Euer Erbe in die Hand der Räuber fällt! –
Wie in meinen frühen Tagen,
O wollt mir Schutz verleihn;
Wie in meinen frühen Tagen
Mir Helfer und Berater sein!
[99] Den edlen Wohnsitz seh' ich wieder,
Wo Seligkeit ich fand!
Ach, gedenk ich, wie ich hier
So oft den Namen Julius genannt,
Deinen Namen, mein Julius genannt!
Das Echo weckt sanfte Gefühle,
Es vergaß ihn nicht!
Ja, Zeuge war es der Spiele,
Die hier uns in Eintracht erfreut!
Ja, ich seh' den Wohnsitz wieder,
Wo Seligkeit ich fand!
Ach, wie in meinen frühen Tagen,
O wollt mir Schutz verleihn;
Wie in meinen frühen Tagen,
O wollt mir Helfer und Berater sein!
Ich seh' den Wohnsitz wieder,
Wo Seligkeit ich fand!
O Himmelslust sinkt auf mich nieder,
Gedenk' ich dein, ach, Julius!
Das Echo weckt sanfte Gefühle,
Das treue Echo, es vergaß ihn nicht;
Es war ein Zeuge oft unserer Spiele,
Die uns in Eintracht erfreut!
Ja, ein Zeuge unsrer Eintracht, ja unsrer Seligkeit!

Sie wendet sich nach hinten.

Margarethe kommt von links.
2. Szene
Zweiter Auftritt.
Anna, Margarethe zu ihrer Linken.

ANNA
spricht.
Ach, Margarethe, ich erwarte dich mit Ungeduld!
MARGARETHE.

Ich komme, neugierig wie du, liebes Kind, mir einmal wieder dies schöne neue Gebäude zu besehen, von dessen Thüren der Friedensrichter die Siegel soeben genommen [100] hat. Dies sind die prächtigen Gemächer, die Ihr so gern sehen wolltet, hier hab ich Euch mit meinem armen Julius erzogen. Aber ich darf mich doch darauf verlassen, daß Herr Georg diese Besitzung nicht für seine Rechnung gekauft hat?

ANNA.

Nein, nur um sie ihrem rechtmäßigen Besitzer zurück zu stellen. Da ich unter der Vormundschaft Gavestons stehe, durfte ich ja nicht mitbieten und war daher sehr glücklich, als Herr Georg Brown uns zu Hilfe kam.

MARGARETHE.

Er muß sehr reich sein, dieser Herr Lieutenant, denn wenn er heute Mittag die 500000 Thaler nicht bezahlt, so ist der Kauf null und nichtig.

ANNA.

Im Vertrauen kann ich dir sagen, daß er nichts besitzt und daß er in dieser Hinsicht bloß auf meine Hilfe rechnet.

MARGARETHE.
Auf Eure Hilfe?
ANNA.

So ist's. Doch sage mir, Margarethe, an welcher Stelle befindet sich die Statue der weißen Frau? In allen Zimmern, durch die ich bis jetzt kam, sah ich sie nicht und deshalb wartete ich auf dich.

MARGARETHE.

Sie stand in diesem Saale und zwar auf der linken Seite der Treppe rechts –Sie blickt nach rechts hinten nach dem leeren Postament. Himmel! sie ist verschwunden!

ANNA.

O Gott, so ist auch meine letzte Hoffnung dahin! So ist alles verloren! Dann scheitert mein ganzes Vorhaben!

MARGARETHE.
Was sagt Ihr? Welches?
ANNA.

Im Innern dieser Bildsäule befand sich das ganze Vermögen der Grafen von Avenel, der Ertrag jener Güter, die in England verkauft und auf mehrere Millionen geschätzt wurden.

MARGARETHE.
Barmherziger Himmel! Dann sind wir verloren!
ANNA.

Das ist das Geheimnis, welches mir die selige Gräfin anvertraute. »Wenn jemals,« sagte sie in jener Niederschrift, Julius wieder nach Schottland zurückkehren sollte, so unterrichte ihn, daß im Schlosse Avenel, im Innern der Statue der weißen Frau ein elfenbeinernes Kästchen verborgen ist, welches in Banknoten das Vermögen seiner Väter enthält.«

[101]
MARGARETHE.
Und die Bildsäule ist verschwunden!
ANNA.

Doch wie konnte dies geschehen, da keinem Menschen der Zutritt in dies Gebäude gestattet war? Margarethe, besinne dich wohl! Hast du keine Vermutung, die uns auf die Spur leiten könnte?

MARGARETHE
nachsinnend.
Doch – doch – wartet nur! Da erinnere ich mich, daß die Nacht vor der Abreise des Grafen –
ANNA.
O sprich – geschwind!
MARGARETHE.

Ich noch ganz spät über die Galerie ging, leise Tritte hörte, die weiße Frau von ihrem Fußgestell steigen und in der Mauer neben dem verborgenen Gang verschwinden sah.

ANNA.
Es war ein Spiel deiner Einbildung.
MARGARETHE.

Nein, ich sah sie wirklich und der alte Jäger, dem ich es am andern Morgen erzählte, sagte mir: »das ist natürlich, sie verläßt das Schloß, weil die Grafen von Avenel es verlassen und wird nicht eher wieder kommen, bis diese in dasselbe zurückkehren.«

ANNA.

Ach, ich fürchte nur, daß die Dunkelheit dich nicht erkennen ließ, wie die Statue von einem Menschen in Bewegung gesetzt wurde, der sich der Schätze bemächtigen wollte, welche sie in sich schloß.

MARGARETHE.
Nein, sie ist neben dem geheimen Gang in den Boden versunken!
ANNA.
Und diesen Gang – könntest du ihn wohl wiederfinden?
MARGARETHE.
Was könnte das helfen? Die Bildsäule kehrt doch nicht eher zurück, bis Julius kommt!
ANNA.
Immerhin! Sage mir nur, wo der geheime Gang sich befindet?
MARGARETHE.

Mit Gewißheit kann ich es Euch nicht versprechen. Alles, dessen ich mich erinnere, ist, daß man durch ihn in diesen Saal kommen kann. Aber um keinen Preis der Welt ging ich dahin!

ANNA.

So werde ich es thun! Sie zieht sie mit sich fort. Komm, zeige mir den Weg! führe mich, das ist alles, was ich von dir verlange!

MARGARETHE.
Aber Miß, wartet doch! ich kann Euch ja kaum folgen!
[102]
ANNA.

Ich höre kommen. Laß uns eilen, denn niemand darf uns hier finden! Sie eilt mit Margarethe nach rechts ab.

Die Mittelthür öffnet sich.
Pächter und Bauern mit ihren Frauen ziehen durch die Mitte ein; es folgt ihnen:
Der Zug.
Sechs Paar schottische Bursche mit Fahnen und Mädchen.
Vier Diener des Schlosses.
Zwei Gerichtsdiener mit langen weißen Stäben.
Drei junge Mädchen mit Polstern, worauf eine Grafenkrone, eine Pergamentrolle und drei große Schlüssel.
Sechs schottische Harfner Minstrels.
Man hört schon von außen die Schotten auf ihren Hörnern blasen und dadurch ihre Ankunft verkünden.
3. Szene
Dritter Auftritt.
Pächter und Bauern mit ihren Frauen. Schottische Bursche und Mädchen. Vier Diener. Zwei Gerichtsdiener. Drei junge Mädchen. Sechs Harfner.
Nr. 15. Chor.

CHOR.
Es lebe hoch, hoch unser neuer Herr!
Es lebe hoch! es lebe hoch! es lebe hoch,
Hoch unser neuer Herr!
Es lebe hoch, hoch unser neuer Herr!
Die Bergbewohner (Uns) zu beglücken,
Führt ihn das Schicksal her.
Ja, gründen wird er unser Glück,
Gründen wird er das Glück!
Es lebe hoch, hoch unser neuer Herr!
Hoch unser neuer Herr!
Es lebe hoch, es lebe hoch,
Hoch lebe unser Herr!
Georg tritt durch die Mitte auf

[103]
4. Szene
Vierter Auftritt.
Die Vorigen. Georg.

GEORG
für sich.
Nun denn, mit Freuden nehm' ich
Die Huldigungen des neuen Standes an;
Heiter stets zeig' ich mich.

Zu seiner Umgebung, indem er sie begrüßt.

Den edlen Herrn, deren Gut ich besitze,
Dereinst zu gleichen, dies Freunde, wünsche ich.

Er sieht sich unter lebhaftestem Erstaunen um.

Gott! Ha, was sehe ich!
CHOR
unter sich.
Er scheint bewegt!
GEORG.
Dieser prachtvolle Ort, die Ritter dort,
Wie den Saal hier so herrlich jene Rüstungen schmücken!

Zweifelnd.

Nein, wie kann das sein?
Dennoch ja, ganz gewiß, ja ja,
Ich sah sie schon! ja, ja, ja, ich sah sie schon!
Was kann den Gedanken erwecken?
[104]
Meinen Sinnen trau' ich kaum!
Weiße Dame, willst du mich necken?
Geb' ich der süßen Täuschung Raum?
CHOR
unter sich.
Er bewundert den Reichtum hier,
Und des Schlosses köstliche Zier!
Georg tritt mit einigen Schritten gedankenvoll zu dem Stuhl rechts vorn und nimmt dort Platz.
Die drei Mädchen mit den Kissen treten während des folgenden Nationaltanzes und Gesangs mit einem Knix an Georg heran.
Georg nimmt die Grafenkrone und die Schlüssel entgegen und legt sie auf die Polster zurück; in derselben Weise prüft er den Inhalt der Pergamentrolle und spricht einige freundliche Worte mit den Mädchen.
Die drei Mädchen knicksen dann und nehmen nach vorn an seiner rechten Seite Aufstellung.
Nr. 16. Schottischer Nationalgesang und Tanz.
CHOR.
Stimmt an, ihr Sänger, stimmt an!
Jubelklang, Jubelklang,
Ertöne laut und hell!
Froher Sang, froher Sang
Soll Mut und Liebe erheben!
Seht hoch die Fahnen dort schweben
Der tapfern Schar Avenel.
GEORG
erstaunt über den Gesang.
Was ist das für Gesang? Was ist das für Gesang?

Er erhebt sich und tritt in die Mitte.
CHOR.
Der Gesang ist's der Tapfern vom Heldenstamm Avenel.
GEORG.
Ach, wiederholt, ich bitte drum,
Ach, wiederholt doch den Gesang.
CHOR.
Jubelklang, Jubelklang,
Ertöne laut und hell!
Froher Sang, froher Sang
Soll Mut und Liebe erheben!
Seht hoch die Fahnen dort schweben
Der tapfern Schar Avenel.
[105] Laut ertön' das Siegeslied,
Ja, laut und hell!
GEORG.
Haltet ein! Haltet ein! So wirds sein!
Das Ende fällt mir ein! –
La, la la la, la la;
La, la, la, la, la, la, la, la, la, la, la!
CHOR.
Freude belebt heut' seine Brust,
Ja, des Vaterlands Gesänge
Füllen ihn mit Sehnsucht und Lust!
GEORG.
In dieses Schloß tretet ein,
Meine Freunde, dies Gut gehört nicht mir allein,
Unser sei's im Verein!
Es werd' in grüner Laube
Nun die Tafel schnell geschmückt,
Dann beginnt Spiel und Tanz,
Bei Spiel und bei Tanz sei alles entzückt! –
Ihr Mädchen mögt dem Liebsten euch verbinden,
Ihr reicht noch heute dem Liebsten eure Hand!
CHOR.
Ei, wir danken! ei, wir danken!
Welch ein gütiger Herr! –
Auf, schmückt in grüner Laube nun die Tafel! –
Bei Spiel und Tanz und bei Tanz, ja, sei alles entzückt!
Die Mädchen soll'n dem Liebsten sich verbinden! –
GEORG
beiseite.
Wie bald seh' ich den Traum entschwinden,
Doch bevor ich erwache,
Will ich der Menschen Glück begründen,
Die ich so bieder fand. –
CHOR geht langsam durch die Mitte ab, dabei stets auf Georg blickend, um den in seine Träumereien Versunkenen nicht zu stören.
Jubelklang, Jubelklang,
Ertöne laut und hell!
Froher Sang, froher Sang
Soll Mut und Liebe erheben!
Seht hoch die Fahnen dort schweben
Der tapfern Schar Avenel.
[106]
GEORG.
Diesen Tag zu versüßen,
Laßt das Glück uns genießen!
Doch hört ich einst schon den Gesang!
Bekannt ist mir der Töne Klang,
Und willenlos muß ich Thränen vergießen!
Das Ballett, die Harfner und die Übrigen decken den abgehenden Chor und entfernen sich alsdann ebenfalls durch die Mitte, sodaß Georg am Schluß der Musik allein ist.
GEORG.
La, la, la, la, la, la, la, la –

Sich irrend.

Nein! La, la, la, la –
La, la, la, la, la, la, la, la, la, la –
La, la, la, la, la.
Ich hörte einst schon den Gesang!

Sehr sanft, wie träumend.

La, la, la, la, la, la, la, la, la, la –
5. Szene
Fünfter Auftritt.
Georg allein.

GEORG
spricht.

Alles ist mir unbegreiflich! Wie oft hat sich meine Phantasie ein Schloß wie dieses, eine Galerie wie diese vorgestellt. Je mehr ich darüber nachdenke, je rätselhafter scheint mir alles. Doch weg mit diesen Träumereien! Meine Unterthanen scheinen mir wackre Leute; sie haben mich schon liebgewonnen und ich will alles aufbieten, sie glücklich zu machen. Nur das Kapitel der Geschenke setzt mich einigermaßen in Verlegenheit; es ist traurig, ein großer Herr zu sein und als Unterlieutenant zu bezahlen. Wie es scheint, so hält die weiße Dame nicht viel auf gemünztes Geld, denn seit ich ihr Schützling bin, hat sie sich von der Seite nicht ausgezeichnet.

Gaveston nähert sich in gemessener Haltung von links.
6. Szene
Sechster Auftritt.
Georg, Gaveston zu seiner Linken.

GEORG
für sich.

Ah, da kommt Herr Gaveston, der wie ein geprellter Fuchs aussieht. Laut. Nun, mein lieber Herr [107] Wirt, was sagt ich Euch gestern? Nun ist die Reihe an mir, Euch gastfreundlich aufzunehmen und ich thue es mit Freuden.

GAVESTON.

Ihr könnt Euch wohl denken, was mich herführt. Ich komme mein Herr, mir Aufklärung Eures sonderbaren Benehmens zu erbitten.

GEORG.

Mein lieber Freund, verlangt von mir, was Ihr wollt – nur keine Aufklärungen und kein Geld, denn damit kann ich nicht dienen!

GAVESTON
finster.

Ich hätte nicht geglaubt, daß ein Offizier der Verheimlichung, der List sich bedienen würde, um seine versteckten Absichten zu erreichen.

GEORG.

Halt, mein Herr! Noch nie hinterging ich jemand. Ich erkläre Euch also, daß ich, wie so viele Leute, von einem Augenblick zum andern und ohne zu wissen wie, zum Besitz dieses Schlosses gelangt bin. Doch beteure ich auch, daß, als ich gestern Abend hier ankam, ich so wenig Absichten hatte als Geld. Darüber gebe ich Euch so gut mein Ehrenwort, als auch die Proben! Er kehrt die Taschen um. Seht her, da sind sie!

GAVESTON.
Was hör' ich! Ihr habt kein Geld? Wovon wollt Ihr denn aber das Schloß bezahlen?
GEORG.

Ich? Das geht mich nichts an! Dafür mag die weiße Dame sorgen. Es scheint, ich bin in dieser Sache nur ihr Geschäftsträger und Vertrauter, denn ich schloß den Kauf für ihre Rechnung.

GAVESTON.
Ihr scherzt wohl!
GEORG.

Nein, wahrlich nicht. Ich sehe wohl, daß wir ganz entgegengesetzter Meinung sind. Ich glaube alles – und Ihr glaubt nichts. Das ist ein Unglück. Der Weise wählt immer die Mittelstraße. Laßt uns beide nachgeben und eingestehen, daß hier etwas vorgeht, was wir nicht begreifen. Doch das ist ja nicht nötig, um glücklich zu sein.

GAVESTON.
Wie? Dies reiche Gut –
GEORG.

Aufrichtig gesprochen, mir liegt nicht viel daran, und ich erwarte von Minute zu Minute, daß es auf den Schlag einer Zauberrute verschwindet. Mein Verlangen ist die weiße Dame, oder meine schöne Unbekannte wiederzusehen und nur in dieser Hoffnung bitte ich Euch um die [108] Erlaubnis, nun meine neuen Besitzungen besehen zu dürfen. Er will gehen.

GAVESTON
ihn zurückhaltend.
Nur noch ein Wort! Wenn Ihr bis Mittag keine Bürgschaft leisten oder nicht bezahlen könnt –
GEORG.

Das Schloß bleibt da, ich trage es nicht fort. Ich kann es ja wieder verkaufen! Freilich, wenn ich nicht mehr dafür bekomme, als was ich gegeben habe, so werde ich nicht reich bei dem Handel.

GAVESTON.
Ihr habt doch gehört, daß der Friedensrichter Mac-Irton von Gefängnis sprach.
GEORG.

Gefängnis? Desto besser. Dann muß mich die weiße Dame daraus befreien und ich bekomme sie bei der Gelegenheit zu sehen!

Mac-Irton erscheint in der Mittelthür, die er offen läßt.
GEORG.

Doch seht, dort kommt Mac-Irton, der vermutlich mit Euch sprechen will. Ich gehe, um mir mein Schloß zu besehen und mich noch schnell als Herrn darin zu zeigen! Er geht, die zuletzt gehörte Melodie vor sich hinsummend, über die Treppe rechts auf die Galerie und verschwindet nach links.

Mac-Irton kommt vor.
7. Szene
Siebenter Auftritt.
Gaveston, Mac-Irton zu seiner Linken.

GAVESTON
für sich.

Ich begreife den Menschen nicht. Durch seinen Leichtsinn zerstört er alle meine Pläne! Laut. Ah, Ihr seid es, Mac-Irton?

MAC-IRTON geheimnisvoll. Seid Ihr allein?

GAVESTON.

Wie Ihr seht!

MAC-IRTON halblaut. Ich habe Wichtiges mit Euch zu reden! Doch laßt uns vorher die Thür schließen – zur Vorsicht, daß man uns nicht belauscht!Er wendet sich nach hinten und macht die Mittelthür zu.

Gaveston steigt auf die Treppe zur Rechten, um zu sehen, ob sich Georg entfernt habe.
Anna tritt inzwischen, dadurch ungesehen, in die geheime Thür rechts vorn.

[109]
8. Szene
Achter Auftritt.
Gaveston auf der Treppe. Mac-Irton an der Mittelthür. Anna in der geheimen Thür rechts vorn.

ANNA
halblaut für sich.

Das ist also der verborgene Ausgang, der in diesen Saal führt. Leider war mein Suchen fruchtlos! Sie tritt einen Schritt vor und bemerkt Gaveston und Mac-Irton. Was seh' ich? Gaveston und der Friedensrichter! Eine gute Gelegenheit, ihre Absichten zu erfahren. Ich will sie belauschen! Sie tritt wieder in die Füllung und verschwindet.

Gaveston und Mac-Irton kommen nach vorn.
9. Szene
Neunter Auftritt.
Gaveston, Mac-Irton zu seiner Linken.

GAVESTON
erwartungsvoll.

Nun, was habt Ihr mir zu sagen?

MAC-IRTON halblaut durch den ganzen Auftritt. Wichtige Neuigkeiten. Nehmt Euch in acht, sonst seid Ihr verloren. Was Ihr thun wollt, muß schnell geschehen. Der Sohn Eures ehemaligen Herrn, Julius Graf von Avenel ist wieder in England erschienen!

GAVESTON
ebenso.

Woher wißt Ihr das?

MAC-IRTON. Durch Briefe aus London, die unleugbare Beweise enthalten. Euch ist bekannt, daß vor vierzehn oder fünfzehn Jahren Julius von Avenel einem getreuen Diener seiner Eltern Namens Duncan anvertraut wurde.

GAVESTON.

Weiter, weiter!

MAC-IRTON. Es war ihm eine beträchtliche Summe zugestellt worden, um das Kind nach Frankreich zu bringen und es dort heimlich erziehen zu lassen. Duncan, weit entfernt, diesem Befehle Folge zu leisten, eignete sich diese Summe an und schiffte nach Amerika.

GAVESTON.

Nun?

MAC-IRTON. Nach England zurückgekehrt, hat die ser Duncan, ein Schotte von Geburt, vor vierzehn Tagen im Hospital, wo er starb, gerichtlich die Aussage zu Protokoll nehmen lassen, daß Julius von Avenel noch lebe und im fünfzehnten Linienregiment diene.

GAVESTON.
Was liegt daran!
[110]
MAC-IRTON. Was daran liegt? Er dient unter dem Namen »Georg Brown«.
GAVESTON
betroffen.

Was sagt Ihr?

MAC-IRTON. Begreift Ihr nun? Er war es, der Euch diesen Morgen überbot und Ihr könnt leicht erraten, in welcher Absicht!

GAVESTON.

Nicht doch! Zum Glück ist noch nicht alles verloren, denn wißt: ihm selbst ist sein Name und seine Herkunft noch unbekannt.

MAC-IRTON. Wär' es möglich!?

GAVESTON.

Auch wird er nicht bezahlen können, denn er selbst besitzt gar nichts und hat auch keine Aussicht, etwas zu erhalten. Er selbst hat es mir vertraut – und bin ich erst im Besitz des Schlosses und des Titels der Grafen von Avenel, was kümmert es mich dann, ob Georg Brown für einen Sprößling jener Familie erkannt wird. Ich selbst will es ihm dann sagen, wenn es sein muß. Kommt, laßt uns eilen, alles anordnen und die nötigen Vorsichtsmaßregeln treffen. Sie eilen nach der Mittelthür und gehen durch dieselbe ab.

Anna kommt in heftiger Bewegung von rechts vorn durch die geheime Thür.
10. Szene
Zehnter Auftritt.
Anna allein.

ANNA.
Was hab' ich gehört! – Doch Julius sei reich, glücklich und erfahre nie, wem er es zu sein verdankt!
Nr. 17. Recitativ und Duett.
ANNA.
Unglücksel'ge! Was hör' ich?
Den ich wagte zu lieben, ist Julius Avenel?
Ja, uns trennt das Geschick!
Nicht Raum darf diese Brust
Geben den süßen Trieben,
Da Reichtum und Rang heut ihm schenket das Glück!
Ihm nur, o Gott, wollt' ich weihen mein Leben,
Ach, warum willst du nun Stand und Schätze ihm geben?
Wär er noch unbekannt und arm, nennt ich ihn mein,
[111] Dann wär' Annette ihm gleich,
Liebe knüpfte das Band!
Margarethe kommt eilig und freudig von rechts.
11. Szene
Elfter Auftritt.
Margarethe, Anna zu ihrer Linken.

MARGARETHE.
Mein liebes Kind, mein liebes Kind!
Viel Neues hab' ich Euch zu sagen.
ANNA.
Nun, was ist's?
MARGARETHE.
Welch' ein Glück, welch' ein Glück!
Denkt, Julius kehrt heut' zurück!
ANNA.
Wer sagt es dir?
MARGARETHE.
Ei, niemand sagt es mir;
Doch bald enden Leid und Klagen,
Nein, dies Zeichen, es täuschet nicht!
Was kann noch mein Glück erhöhen?
Die weiße Dame hab' ich gesehen!
ANNA.
O Gott, ist es wahr? Wie, du hast sie gesehen?!
MARGARETHE.
Ja, ich sah sie dort stehen.
Ja, ja, ich sah sie stehen!
ANNA.
Und wo?
MARGARETHE.
Dort in verborgener Kapelle
Hörte Gott für Julius mein Fleh'n.
ANNA
nachdenkend.
Wohl hat der Graf in stiller Nacht,
Eh' das Schloß er verließ,
Das Bildnis der weißen Dame
Selbst dahin gebracht.
So ist mein Hoffen hin, ja, all mein Hoffen hin!
MARGARETHE.
Nun fliehet jeder Schmerz!
Ja, uns erwarten Freuden!
Ach, die Lust ist zu groß!
Mein Julius kehrt zurück,
Das glaubt mir auf mein Wort,
Ja, ich geb' Euch mein Wort!
[112]
ANNA.
Welch ein Schmerz, ach, welch Leiden!
O Gott, wäre Tod auch mein Los,
Verlassen muß ich diesen Ort,
Verlassen schnell diesen Ort!
MARGARETHE.
Ist Julius nur erst hier bekannt,
Dann legt er sicher Eure Hand
In die des braven Georg,
Des jungen Kriegers, der Euch liebet.

Erschrocken.

Doch was ist das? Ihr redet nicht,
Und Totenblässe deckt das Gesicht!
ANNA
entschlossen.
Im Augenblicke, Margarethe
Laß schnell zur Flucht uns vorbereiten.
MARGARETHE.
Was saget Ihr?
ANNA.
Ja, ja, wir kehren nie, nie zurücke!
Insgeheim laß uns beide schnell flieh'n!
MARGARETHE.
Wo denkt Ihr hin!
ANNA.
Dies heischt –
MARGARETHE.
Wo denkt Ihr hin!
O Gott!
ANNA.
Das Wohl –
Von Avenel!
MARGARETHE
gefühlvoll.
Was sagt Ihr?
Ach, nun folge ich gern, ja, gern und schnell!
Nun fliehet jeder Schmerz!
Ja, uns erwarten Freuden!
Ach, die Lust ist zu groß!
Mein Julius kehrt zurück,
Das glaubt mir auf mein Wort,
Ja, ich geb' Euch mein Wort!
ANNA.
Welch ein Schmerz, ach welch Leiden!
O Gott, wäre Tod auch mein Los,
Verlassen muß ich diesen Ort,
Verlassen schnell diesen Ort!
So geh'!
[113]
MARGARETHE.
Ich geh'!
ANNA.
Nur schnell!
MARGARETHE.
Ich geh'!
ANNA.
So geh'!
MARGARETHE.
Ich geh'!
Ach, die Lust ist zu groß.
ANNA.
Und wäre Tod –
Auch mein Los!
Ja, ja, wir müssen fliehn!
MARGARETHE.
Die Lust ist zu groß!
ANNA.
So geh'!
MARGARETHE.
Ich geh'!
ANNA.
Nur schnell!
MARGARETHE.
Ich geh'!
ANNA.
So geh'!
MARGARETHE.
Die Lust, ja die Lust ist zu groß!
Ich folge gern und schnell!
ANNA.
Dies heischt das Wohl von Avenel!
Komm, komm, wir fliehen schnell! Auf, schnell!
Auf, schnell! Auf, fliehn ja laß uns schnell!
Margarethe eilt nach rechts ab.
12. Szene
Zwölfter Auftritt.
Anna allein.

ANNA
spricht.

Nein, ich will den Schleier des Geheimnisses, der mich seinen Augen verbirgt, nicht heben. Er sei reich, glücklich und nie soll er ahnen, welche Hand ihm sein Erbe zurückgab; nie soll er das Mädchen, das ihn so zärtlich liebt und ihm sein ganzes Lebensglück opfert, kennen lernen. Mit einem Blick gen Himmel. Und Ihr, mein ewig teurer, unvergeßlicher Wohlthäter blickt mild und segnend auf mich hernieder, meine Schuld ist abgetragen.

Jenny eilt ängstlich von links herbei.

[114]
13. Szene
Dreizehnter Auftritt.
Anna, Jenny zu ihrer Linken.

JENNY.
Mein Gott, was hat das zu bedeuten?
ANNA.
Was giebt es?
JENNY.
Mac-Irton kommt mit Gerichtsdienern auf das Schloß zu!
ANNA.

So darf ich keinen Augenblick mehr säumen. Geschwind in die Kapelle! Sie eilt zum raschen Umzug nach rechts ab.

Georg erscheint links oben auf der Galerie und wendet sich über die Treppe rechts nach unten.
14. Szene
Vierzehnter Auftritt.
Georg, Jenny zu seiner Linken.

JENNY
für sich.

Wie? Sie geht fort, ohne mir zu antworten? Das ist eben nicht sehr artig! Abgewandt, mit einigen Schritten nach links vorn. Aber wo ist denn unser neuer Gutsherr? Man sieht ihn gar nicht mehr. Sollte ihn sein neuer Stand hochmütig gemacht haben? Sie steht sinnend links vorn.

GEORG
ist inzwischen am Fuß der Treppe angekommen; für sich.

Ich habe keine Seele angetroffen. Immer hoffte ich auf Erscheinungen, die sich nicht zeigen wollen. Bei jedem weiblichen Wesen, das ich erblicke, glaube ich, sie sei es. Sieh, hier ist ja wieder eins. Er schleicht an Jenny heran und umfaßt sie von rückwärts.

JENNY
aufschreiend.
Ah! Sie macht sich los und eilt an Georg vorüber nach rechts.
GEORG.
Nein, es ist meine hübsche kleine Pächterin!
JENNY
beiseite.
Seine hübsche kleine Pächterin? Ich habe mich geirrt, er ist doch nicht stolz geworden!
GEORG
sie betrachtend.

Oder vielleicht gar – wer kann der weißen Dame trauen – wieder eine andere Gestalt, die sie angenommen hat – denn sie erscheint mir immer nur als eine hübsche Frau.

JENNY.
Was seht Ihr mich denn so an? Warum betrachtet Ihr mich denn so genau?
GEORG
sie zärtlich anblickend.
Sage mir aufrichtig: bist du fest überzeugt, die Frau des Pächters Dikson zu sein?
JENNY.
Sonderbare Frage!
[115]
GEORG.
Du zauderst? Du bist betroffen? Du bist es also nicht!
Dikson kommt von links.
15. Szene
Fünfzehnter Auftritt.
Die Vorigen. Dikson nimmt die Mitte.

DIKSON
der die letzten Worte gehört hat.

Doch, doch, sie ist es – ganz gewiß – so viel ich weiß und es ist nicht schön, mir darüber Zweifel einzuflößen nach all dem Leid, was Ihr mir ohnehin schon zugefügt habt.

JENNY.
Leid? Er dir? Ei, wie denn das?
DIKSON.

Alle Leute sagen, diese Nacht sei ihm die weiße Dame erschienen und habe ihm dieses Schloß nebst mehreren Millionen Geld verschafft. Dies alles gebührt aber offenbar mir, denn an meiner Stelle ging er ja hierher.

JENNY.
Siehst du, das kommt davon, wenn man so furchtsam ist! Das sag' ich dir ja immer.
DIKSON.
Im Gegenteil! Du warst es allein, die mich abhielt, ins Schloß zu gehen!
JENNY.

Wer hieß dich denn mir nachgeben? Daß eine Frau sich fürchtet, das ist ganz in der Ordnung. Aber ein Mann, ja, das ist etwas anderes.

GEORG
zwischen sie tretend.

Ruhig, ruhig, Kinder, zankt euch nicht. Ich mache mir gar nicht so viel aus dem Schloß und wenn ihr so große Freude daran habt, so will ich es euch überlassen.

DIKSON
freudig erstaunt.
Wär es möglich?
Die Mittelthür öffnet sich, die Pächter und ihr Anhang werden sichtbar.
GEORG.

Warum nicht? Und ihr könnt euch gleich hier vor allen diesen Herren als Besitzer desselben erklären. Er wendet sich nach hinten.

Dikson tritt zu Jenny. Gaveston, Mac-Irton, zwei Beisitzer, ein Gerichtsschreiber, acht Gerichtsdiener mit langen weißen Stäben, Margarethe erscheinen durch die Mitte und treten vor.
16. Szene
Sechszehnter Auftritt.
Die Vorigen. Mac-Irton. Gaveston. Margarethe. Zwei Beisitzer. Ein Gerichtsschreiber. Acht Gerichtsdiener. Pächter, Pächterinnen, Bauern und Bäuerinnen.
[116] Nr. 18. Finale.

MAC-IRTON, DIE GERICHTSPERSONEN, GAVESTON zu Georg.

Wie ist's, mein Herr? Schon naht die zwölfte Stunde!

Bezahlt, bezahlt, oder gebt Bürgschaft uns.

MAC-IRTON, DIE GERICHTSPERSONEN.

So hört: im Namen uns'res Königs –

MAC-IRTON, DIE GERICHTSPERSONEN, GAVESTON.

Die Zahlung her, oder folget uns gleich.

GEORG.
Hier an Dikson wendet euch!
DIKSON.
An mich, ihr Herren, nein, wahrlich nein!
GEORG.
Nahmst du nicht meine Stelle ein?
DIKSON.
Nein, wahrlich nein! nein, wahrlich nein!
Euer Schloß, das ihr mir geschenket,
Nehmet es, ich bitte, schnell zurück.
GEORG.
Doch wozu diese Eile? Harrt einen Augenblick,
Denn die Stunde schlug noch nicht.
Ihr wißt, ich hege groß Vertrauen –
GAVESTON.
Worauf könnt Ihr wohl noch bauen?
GEORG.
Die weiße Dame steht mir bei,
Hört ihr, sie bleibt mir treu!

Man hört Harfentöne.
ALLE
außer Georg.
Gott!
Anna erscheint im Gewande der weißen Dame rechts oben auf der Galerie, unter dem Schleier ein Kästchen von Elfenbein tragend; sie wendet sich mit gemessenen Schritten über die Treppe rechts nach unten und nimmt, von den Anwesenden noch unbemerkt, die Stelle der Bildsäule auf dem leeren Postamente ein.

[117]
17. Szene
Siebzehnter Auftritt.
Die Vorigen. Anna noch ungesehen auf dem Postament.

ALLE außer Georg.
Welche Macht leiht verborgen
Diesem Fremdling heut' Schutz?
Wer ist's wohl, der so freundlich
Sein Leben hier bewacht?
GEORG.
Ja, dir werd' ich stets gehorchen,
Leih' der Liebe Schutz!
Dieses Herz schlägt dir entgegen,
Die du mein Leben gnädig bewacht.
ALLE
wenden sich nach hinten und geben furchtsam nach dem Postament hin die Mitte frei.
Sie ist es!
GEORG ebenso.
Was seh' ich!
Jenny und Dikson stehen auf der rechten Ecke.
Georg, Mac-Irton, Gaveston, Margarethe stehen auf der linken Seite.
ANNA.
In diesem Schloß ist der Sohn eures Herrn;
Seiner Ahnen wert blieb stets der edle Krieger,
Und der letzte vom Stamme der Grafen Avenel.
GEORG.
Wer ist es?
ANNA.
Du selbst!
ALLE
außer Anna.
Gott! Wie, er wär' Graf Avenel?
GEORG.
Ich wär' der Graf von Avenel?
ANNA.
Julius, nimm heut' zurück
Dies Schloß und deine Rechte!
Herr bist du hier allein.

Das Kästchen vorzeigend.

Und dies Gold – es ist dein.
Sie steigt langsam herab, stellt das Kästchen auf das Postament und nimmt zwischen Dikson und Georg zurückstehend die Mitte.
MARGARETHE
eilt an Gaveston und Mac-Irton vorüber zu Georg.
Julius ist's, teurer Sohn, den ich als Kind geliebet!
GEORG.
Was sagt Ihr?
MARGARETHE.
Sieh mich an!
GEORG.
Ist es wahr?
MARGARETHE.
Kennst du mich nicht mehr?
GEORG.
Mein Herz schlägt laut!
[118]
MARGARETHE.
Margarethe ist's, jaja, die die Arme ausbreitet!
JENNY, DIKSON, CHOR.
Wie, Julius ist's, den ich seh?
Julius ist's! Julius ist's!
ANNA
zu Georg.
Ich erscheine dir heute zum letztenmal,
Ja, zum letztenmal!

Zu den andern.

Sucht die Schritte nicht zu hemmen,
Zu folgen wag keiner im Saal!
Zu folgen wag keiner im Saal!

Sie wendet sich zum Gehen.

JENNY, DIKSON, MARGARETHE, CHOR.
Hütet euch, hemmt ihre Schritte nicht im Saal!
GAVESTON
hat sich hinten herum, Anna zur Linken geschlichen und faßt sie, als sie sich entfernen will, bei der Hand.
Nein, sollte sich die Erde auch öffnen,
Wer du auch seist, du gehest nicht von hier, nein!
JENNY, DIKSON, MARGARETHE, MAC-IRTON, CHOR zu Gaveston.
Erbebt, sie wird Euch schnell bestrafen!
GAVESTON.
Mutig sei's gewagt, den Betrug zu enthüllen,
GEORG
für sich.
Doch was mag dies ja wohl für ein Geheimnis sein?
GAVESTON
führt Anna vor.
Kennen will ich den Feind, wäre Tod auch mein Los!

Er reißt ihr den Schleier ab.
GEORG im höchsten Erstaunen.
Gott!
ALLE
Anna erkennend.
Anna!
ANNA.
Ja, ich bin's!

Sie will vor Georg niedersinken.

Georg hält sie und schließt sie in seine Arme.
Gaveston und Mac-Irton entfernen sich, sobald sie sehen, welche Wendung die Sache nimmt, mit den
Gerichtspersonen eilig durch die Mitte.
18. Szene
Achtzehnter Auftritt.
Jenny und Dikson rechts, Anna und Georg in der Mitte, Margarethe links. Die Pächter und ihr Anhang in freudiger Bewegung zurückstehend.
Vier Pächter treten nach hinten auf die Treppe rechts und ergreifen die dort aufgestellten Fahnen.
[119] Vier andere Pächter thun ebenso auf der Treppe links.

GEORG.
Du warst mein Schutz, nur du empfängst der Treue Schwur.
ANNA.
Früh verwaist, treu, doch arm, bleib' ich die Freundin nur.
GEORG.
Doch Gott hörte einst mein Versprechen,
Ich entsag' jedem Glück,
O nimm dein Gold zurück!
Was gelten Schätze mir,
Teil' ich sie nicht mit dir!
JENNY, MARGARETHE, DIKSON UND CHOR.
Erhört doch sein Fleh'n, lohnet heut' Treu' und Liebe.
ANNA.
Ich folg' dem Herzen!
GEORG.
Göttlich lohnest du die Triebe!
MARGARETHE.
Welch' ein Glück, meine Augen sehn ihr wieder, jeder Schmerz ist fern.
JENNY UND CHOR.
Und wir seh'n in ihm unsern gütigsten Herrn.
DIKSON
jubelnd.
Pate ist er meinem Sohn!
JENNY.
Wie gnädig und wie liebenswert ist unser neue Herr!
Die Pächter treten vor und schwenken die Fahnen.

JENNY, DIKSON, ANNA, GEORG, MARGARETHE, CHOR.
Stimmt an! Auf Sänger, stimmet nun an!
Laßt Mut und Liebe euch beleben!
Jubelklang ertöne laut und hell,
Froher Sang soll Mut und Lieb' erheben!
Seht hoch die Fahnen dort schweben,
Der tapfern Schar Avenel!
Ach, für uns ein Tag der Freude.
Hoch leb' unser Herr! Hoch leb' unser Herr!
Auf Berg und Thal umgiebt uns das Glück!
Hoch leb' er stets, unser gütiger Herr!
[120]

Notes
Komponiert von François-Adrien Boieldieu. Uraufführung: 10.12.1825, Opéra Comique, Salle Ventadour, Paris.
License
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TextGrid Repository (2012). Scribe, Eugène. La dame blanche. Digitale Bibliothek. https://hdl.handle.net/11858/00-1734-0000-0005-09E9-C